Réformer la réforme du chômage!

Le patronat et ses laquais politiques essayent de nous faire avaler que les chômeurs sont responsables de leur sort, qu’ils ne veulent pas travailler, qu’ils ne cherchent pas de boulot, que ce sont des profiteurs. La réalité, c’est qu’il y a 600.000 demandeurs d’emploi pour environ 40.000 offres, en comptant large. Et puis un profiteur, c’est quelqu’un qui fait du profit, et ce n’est pas avec quelques centaines d’euros par mois pour vivre qu’on peut faire du profit ! Au premier janvier 2015, 55.000 de ces soi-disant ‘‘profiteurs’’ vont être exclus de leurs allocations d’insertion : ce nombre est plus élevé que celui des emplois disponibles !

Par Ben (Charleroi)

Les travailleurs sans emploi n’ont plus d’autres choix que de s’organiser et de lutter contre les attaques qu’ils subissent. Mais comme l’ont fait remarquer certains délégués lors des actions syndicales du 10 mars contre l’exclusion des chômeurs, ce ne sera pas facile de mobiliser les sans emploi. Déjà parce que beaucoup d’entre eux ont perdu l’espoir de voir leur situation s’améliorer et sont enfermés dans la difficulté de leur situation. Beaucoup ont subi tellement de brimades – parfois même de la part de leurs proches, familles, ancien collègues ou voisin – qu’ils se sentent exclus et ne prendront le train de la lutte collective que lorsque celui-ci sera déjà lancé.

Et à ce niveau-là, c’est pas encore gagné. Depuis deux ans que cette attaque contre les chômeurs a été votée par les autorités, rien de bien sérieux n’a été organisé pour mobiliser les travailleurs, avec ou sans emploi. Suite au manque d’attention de la part des centrales syndicales vis-à-vis des travailleurs sans emploi, de nombreux chômeurs sont devenus méfiants à leur égard, sans parler de la confusion qui existe parfois entre l’ONEM et les caisses de payement d’allocations
que sont les syndicats. Certains chômeurs confondent les deux puisque c’est par une lettre avec un logo du syndicat qu’ils apprennent qu’ils vont voir leur allocation diminuer ou être supprimée.

Des comités de chômeurs et des organisations qui les défendent commencent à reprendre vie un peu partout ; des groupes limités, certes, mais le processus est bien en marche. Une plateforme pour l’abrogation de l’article 63§2 a été lancée à Liège, une marche contre la chasse aux chômeurs est organisée le 11 mai à l’initiative du réseau bruxellois de collectifs de chômeurs/ses, etc. Mais une chose doit être claire : vaincre les mesures du gouvernement Di Rupo nécessite une lutte d’ampleur de l’ensemble des travailleurs, avec ou sans emploi. Les différentes actions syndicales qui ont rassemblé des milliers de militants dans de nombreuses villes de Belgique le 10 mars étaient un bon premier pas. Ce qui nous manque, c’est un plan d’action clair, établi suffisamment à l’avance pour que chacun puisse s’y raccrocher. L’idée de la régionale FGTB de Verviers de tenir un rassemblement militant chaque mercredi jusqu’au 31 décembre 2014 est intéressante, car ce pourrait être le lieu de réunion de tous ceux qui veulent rejoindre le combat afin de discuter de la manière de pousser la lutte en avant. Espérons que d’autres régionales fassent de même et – plus encore – que de tels rassemblements se construisent en front commun syndical.

Seuls, des comités de chômeurs n’auraient jamais pu mobiliser autant de personnes un même jour dans différentes villes. Les travailleurs sans emploi doivent renforcer les comités de TSE des syndicats et y construire une aile gauche combative faisant pression pour que les syndicats renouent avec leurs traditions de lutte. A cette fin, il faut s’armer de revendications capables d’unifier les travailleurs avec et sans emploi, comme la réduction collective du temps de travail sans perte de salaire et avec embauches compensatoires.

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