Le patronat à l’attaque contre les prépensions dans l’industrie

Par Geert Cool

Lors des négociations pour les conventions collectives de travail (CCT) dans les entreprises, le mécontentement est important face à l’absence d’augmentation salariale. Maintenant, le patronat va encore plus loin avec une offensive sur les prépensions, avec à la clé des grèves remarquables, notamment à Agfa Gevaert à Mortsel et à ArcelorMittal à Gand.

Agfa

Agfa Gevaert a réalisé un profit net de 49 millions d’euros en 2013, après des années de pertes. Pour la presse spécialisée, cela est dû à l’abandon du plan d’assurance médicale pour les pensionnés aux Etats-Unis et à d’autres mesures d’austérité. Le manager Reinaudo (qui reçoit lui-même un salaire annuel de 1,8 millions d’euros), veut maintenant aussi sabrer dans les pensions en Europe, et plus spécifiquement au niveau des prépensions.

Au cours des négociations sur la convention collective, les syndicats avaient proposé une convention zéro, c’est-à-dire une convention avec maintien des acquis sociaux, sans y ajouter de nouveaux. Mais la direction exigeait des concessions de la part des travailleurs concernant l’actuel régime des retraites anticipées. Il était encore possible auparavant de partir en retraite à 56 ans avec un bon supplément à l’allocation payé par Agfa Gevaert. Les exigences patronales portaient sur une réduction sérieuse de ce supplément, une perte d’environ 600 euros par mois pour un pensionné.

Un ouvrier d’Agfa de 56 ans déclarait dans une interview avec le quotidien De Tijd : ‘‘Nous sommes bien payés, mais cela n’est pas pour ne rien faire. Nous travaillons dans l’obscurité, dans du poison. Je suis payé parce que je peux devenir aveugle à chaque instant. Je travaille depuis mes 19 ans en équipes, j’ai fait ma part pour la société.’’

Les ouvriers sont partis en grève et ont ensuite rejeté une proposition du médiateur social, à une large majorité. Après deux semaines de grève, une nouvelle proposition est arrivée avec des concessions très limitées de la direction. 56,34% des ouvriers ont voté contre. Le travail a cependant dû reprendre puisqu’il n’y avait pas une majorité des deux tiers. Ces résultats ainsi que la combativité démontrée durant la grève illustrent toutefois que les ouvriers en ont marre. Ils ont dû, des années durant, avaler des augmentations de productivité tout en voyant leurs conquêtes sociales se réduire. Ils refusent de continuer à accepter cette logique.

ArcelorMittal

Chez ArcelorMittal à Gand, l’ancien Sidmar, la direction est également arrivée à la table de négociation avec des exigences offensives : une augmentation de 6 mois concernant l’âge de départ en prépension et une réduction du supplément à l’allocation de chômage et à la retraite. De plus, la direction voulait encore limiter les primes à la productivité. Plus de 80% des ouvriers ont voté contre cette proposition à deux reprises.

Dans les deux cas, la vieille propagande contre la prépension a joué à plein régime : ce ne serait plus acceptable de partir à 56 ou 56,5 ans à un moment où la retraite anticipée est de plus en plus éliminée et puisque nous vivons plus longtemps. Mais en pratique, des travailleurs qui ont bossé en équipe avec parfois des substances dangereuses et un travail physique lourd ne peuvent pas travailler jusqu’à 65 ans ! Doivent-ils travailler jusqu’à tomber raides morts ? Les patrons viendront encore se plaindre de l’augmentation de l’absentéisme pour cause de maladie…

Il faut instaurer une réduction collective du temps de travail jusqu’à 32 heures par semaine, avec baisse des cadences de travail. Nous défendons aussi le droit à la prépension et l’humanisation du travail en équipe. Les attaques patronales conduisent à des situations intenables, organisons la riposte !

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