Par Coralie (Liège)
Le 20 mars dernier s’est tenu à Namur un débat organisé par la FGTB dévoilant sa 7ème campagne en faveur de l’égalité salariale entre hommes et femmes. 9 partis étaient présents pour répondre aux questions posées par l’organisation syndicale : le MG, la LCR, VEGA, le PTB, le PSL, le MR, le PS, le CDH et Ecolo. Les questions abordaient la qualité du service public, l’accueil de la petite enfance et des personnes dépendantes, ainsi que la réforme du chômage.
Marisa, oratrice pour le PSL, a souligné que les personnes les plus touchées par la précarité de l’emploi sont essentiellement les femmes. Ces dernières sont effectivement les plus affaiblies par les conséquences du système capitaliste, non seulement par la fragilité de leur statut social, mais aussi de leurs contrats, majoritairement partiels et contraints par la charge endossée du ménage. À cela, nous répondons notamment par la nécessité d’une réduction collective du temps de travail, sans perte de salaire et avec embauche compensatoire. Cette mesure, quoi qu’insuffisante si elle est isolée, permettrait toutefois une réduction drastique du chômage ainsi qu’une meilleure répartition des tâches au sein du ménage. Il est, de plus, nécessaire de concevoir et d’appliquer une individualisation complète des droits, faisant de ces derniers un acquis fondamental pour tous et non tributaire de la question du genre. Sur la question des services publics, il est clair que nous sommes pour leur extension et pour un refinancement massif de ceux-ci. Nous pensons également que ces services publics doivent fonctionner sous le contrôle démocratique des travailleurs et des usagers, nous valorisons d’ailleurs de manière générale la nationalisation sous contrôle et gestion démocratiques des secteurs clés de l’économie.
Si ces points de programme nous apparaissent comme évident pour permettre une meilleure équité entre les travailleurs, il en va manifestement tout autrement pour certains partis. Sans surprise, le MR estime à cet égard que l’inégalité est une donnée factuelle. Lors du débat, Florence Reuter a répondu à la question de la répartition des tâches et du travail par la présence probable d’une, je cite, « sensibilité naturelle » des femmes travaillant dans des secteurs ménagers ou éducatifs, cette dernière s’appuyant majoritairement sur des chiffres afin d’expliquer ce « constat ». Son argument de tête est celui de la liberté de « choix » des femmes, expliquant que si ces dernières veulent travailler dans des secteurs liés a la petite enfance ou encore les soins de santé, c’est leur droit. Elle ne croit de ce fait pas que les écoles pourraient pousser les femmes dans ces secteurs et les hommes dans d’autres. Drôle de choix que de vouloir travailler dans des secteurs reproduisant l’exploitation domestique, secteurs qui par ailleurs sont parmi les moins bien rémunérés… C’est dès lors toute la question du « pourquoi » qu’elle décide ainsi de nier, préférant sans doute se cacher derrière une sorte de déterminisme biologique ; pourtant réfuté depuis près de 30 par les autorités scientifiques du corpus social.
Concernant les partis de gauche tels que la LCR, le MG, Vega et le PTB, ces questions ont été traitées avec un même enthousiasme. De nombreuses approches étant similaires, il serait dès lors intéressant de travailler ensemble sur ces questions dans un futur proche. Une fois les élections passées, la construction d’un large front de la résistance sociale contre l’austérité qui s’abattra sur nous – et qui frappera les femmes plus durement encore – sera une nécessité cruciale. A contrario, il a de nouveau été constaté une belle hypocrisie de la part des partis se disant de gauche, à savoir le PS et Ecolo. Ces derniers, bien que prônant « évidemment » l’égalité, se retrouvent à voter tantôt pour l’exclusion de 50.000 chômeurs (PS) ou encore pour le Traité d’austérité européen (le TSCG) au niveau de la région wallonne (PS et Ecolo), ceci ne manquera pas d’alourdir davantage le poids des inégalités, en particulier pour les femmes.
Nous assistons avec cette question de l’égalité salariale à un effet boule de neige des mesures d’austérité prises au niveau national – mais aussi européen – rendant la femme d’autant plus dépendante des services sociaux établis. Alors que jamais autant de richesses n’ont été présentes dans la société, comment explique-t-on la régression systématique du budget fédéral alloué au service public? Comment explique-t-on que le fossé entre détenteurs de capitaux et travailleurs s’agrandisse à vitesse grand V? Ces réponses trouvent toutes une base commune au sein de la logique de la compétitivité, mettant dès lors sur la sellette une politique réellement sociale.
Il est indispensable de répondre aux questions quotidiennes qui se posent aux travailleurs dans le cadre du système capitaliste, mais ces réponses doivent être orientées vers un changement radical de système, seule manière d’éviter les effets pervers des réformes politiques actuelles. En ce sens, nous nous devons d’attaquer les causes du problème et éviter d’entretenir une machine politique qui colmate les brèches et qui par là-même reporte toute réelle solution en faveur d’une équité sociale.
Ce 30 mars, participons tous ensemble à la MANIFESTATION PRO CHOIX et en défense des droits des femmes ! 14h, place Poelaert à Bruxelles.