Charleroi. Mobilisation contre les exclusions du chômage

Exclusions des allocations d’insertion : vers une obsolescence programmée des droits sociaux ?

Par les Jeunes FGTB Charleroi – Sud Hainaut. Photos : PSL-Charleroi

En ce 10 mars, des milliers de militants battent les pavés du pays pour exiger le retrait de la mesure limitant les allocations d’insertion à 3 ans. Pour rappel, le 1er janvier 2015, 50.000 jeunes (et moins jeunes) sans emplois seront exclus des allocations d’insertion. Ces allocations de chômage, basées sur les études et non sur le travail, permettent à de très nombreux foyers de subsister, sans plus.

Si cette mesure est non seulement purement revancharde et totalement injustifiée au niveau budgétaire, elle représente également, et surtout, la brèche la plus inquiétante qui se soit ouverte dans notre système d’assurances sociales.

En limitant les allocations d’insertion, c’est également toute une série d’autres droits que l’on vise et on ne mesure pas encore assez les dégâts collatéraux que la limitation des allocations d’insertion à 3 ans pourra engendrer

La FGTB a parlé des répercussions sur les familles, notamment les femmes et les enfants, qui souffrent déjà d’une pauvreté grandissante (près de 17% de risque de pauvreté jusqu’à 24 ans selon le SPF économie). Il s’agit ici des effets immédiats que nous pourrons constater dès les premiers mois de l’année 2015. Qu’en sera-t-il lors des mois, des années qui suivront ?

C’est simple, les emplois précaires, sous cotisations patronales réduites (plans en tout genre) vont continuer de se développer, réduisant encore les rentrées pour la Sécurité Sociale. Le droit au chômage sera inévitablement limité dans le temps faute de moyens injectés dans la Sécurité Sociale. La paupérisation des enfants et des jeunes les amènera à quitter l’école de plus en plus tôt ou à choisir des filières d’apprentissage en alternance dans l’espoir de trouver un job (sous-payé) pour aider la famille à subsister, ce qui aura comme conséquence de baisser le niveau de qualification des travailleurs. Les fédérations patronales pleureront encore après les subsides publics pour financer leurs emplois et formations professionnelles. Les périodes d’exclusion et de fin de droit ne compteront plus pour la pension et il sera bien difficile de se reconstituer un semblant de carrière ! C’est le serpent qui se mord la queue : la paupérisation pousse à l’emploi précaire qui lui-même pousse à l’assèchement de la Sécurité Sociale et donc à la fin d’un certain nombre de droits.

Tout comme pour les biens de consommation, nos droits – déjà conditionnés – auront dès lors une date de péremption.

A qui profite cette obsolescence programmée ? Certainement aux grosses entreprises, aux multinationales, mais également aux assurances privées, celles-là même qui proposeront aux jeunes une assurance complémentaire pour faire face aux soins de santé, une autre pour faire face à la perte d’emploi et une troisième pour compléter une pension légale toujours plus maigre. Des produits attractifs, à contracter individuellement, mais qui ne solutionneront pas le problème de la pauvreté induite par le manque d’emploi et la fin des droits collectifs.

Ne nous y trompons pas, tout cela est le résultat de choix, tout comme un fabricant de GSM peut décider que son produit vivra trois ans, ce sont des choix politiques qui sont à l’œuvre dans la limitation des allocations d’insertion.

Ainsi, il y a fort à parier que, lors des négociations post-électorales, les partis de droite reviendront avec l’exigence d’une date de péremption pour un autre acquis.

Nous sommes à la croisée des chemins, c’est un modèle de civilisation contre un autre. Celui du profit et du chacun pour soi, contre celui de la solidarité et de la lutte pour la justice sociale. Ceux qui ne se battent pas corps et âme pour interdire toute régression dans notre Sécurité Sociale iront rejoindre, à reculons, ceux qui veulent accélérer son démantèlement.

Céder sur la limitation dans le temps des allocations d’insertion, c’est céder, plus ou moins consciemment, sur tout ce qui détricotera notre Sécurité Sociale par la suite.

Les Jeunes FGTB exigent des politiques de revenir sur leur choix et de retirer cette mesure inepte, injuste et irresponsable.

Une fois que cette funeste décision aura été abrogée, il sera utile de mettre en œuvre LA solution au chômage de masse : la réduction collective du temps de travail, avec embauche compensatoire et maintien des salaires.

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