Une illustration de la manière dont paye la lutte
Par Jarmo (Anvers)
Le 5 février dernier, le parlement écossais a voté une nouvelle loi assurant qu’aucun locataire en Ecosse ne devra encore payer la Bedroom Tax après le 1er avril. Cet impôt détesté et antisocial a dû être rejeté sous la pression d’un mouvement de masse. Le gouvernement écossais a aussi dû promettre de libérer 15 millions de livres sterling pour assurer qu’aucune des 85.000 familles écossaises n’aient à payer l’impôt elles-mêmes.
La ‘Bedroom Tax’ a été introduite il y a un an environ et est basée sur le principe que les locataires d’une habitation sociale payent un impôt supplémentaire dans le cas où ils disposent d’une chambre “en surplus” (c’était le cas de deux chambres pour deux enfants par exemple). Bref, il s’agissait d’une mesure particulièrement antisociale frappant les plus fragiles dans la société.
Le Socialist Party Scotland (parti-frère écossais du PSL) a de suite organisé des meetings dans plusieurs villes écossaises et, très vite, il était clair que le potentiel était présent pour construire un mouvement large et généralisé. Différents groupes locaux de campagne se sont unis au sein d’une fédération vers laquelle des milliers de locataires sociaux ont pu se tourner. Cette fédération a été créée en avril dernier avec une assemblée de plus de 250 délégués issus de différentes parties du pays et de différents syndicats. Le 30 mars 2013, des premières manifestations avaient déjà eu lieu avec 5.000 participants à Edinbourg et plus de 8.000 manifestants à Glasgow. Parallèlement à ces manifestations, la fédération a aussi promis que toute expulsion pour cause de non-paiement de cet impôt aurait à faire face à un piquet destiné à physiquement empêcher l’expulsion de qui que ce soit. Tous les groupes de campagne se sont prononcés en faveur d’une telle campagne de désobéissance civile.
La fédération est partie de trois revendications centrales : que les autorités écossaises débloquent les fonds nécessaire à payer l’impôt, qu’une loi interdise les expulsions liées au refus de payer l’impôt et que les sociétés de logement social refusent par principe d’expulser des locataires de leur maison. Ces trois revendications forment, aujourd’hui, la base de la loi appliquée par le SNP (Scottish National Party), le parti au pouvoir.
Le SNP se fait volontiers passer pour le protecteur de la classe des travailleurs. Il ne faut, cependant, pas perdre de vue qu’ils ont, au départ, défendu que de telles mesures ne seraient possibles qu’après l’éventuelle indépendance de l’Ecosse. Comme le secrétaire de la fédération, Gail Morrow, l’a déclaré: ‘‘Sans participation gigantesque aux protestations et sans la naissance de la fédération, le SNP n’aurait jamais levé le petit doigt pour protéger les locataires. Ils se seraient contentés de rejeter la faute sur les Tories [les conservateurs au pouvoir au Royaume Uni, NDLR] sans entreprendre quoi que ce soit eux-mêmes pour supprimer cet impôt.’’
Les politiciens écossais n’ont bougé – un an après l’instauration de cet impôt – que grâce à l’inlassable travail de campagne de nombreuses associations et groupes d’action. Cette victoire écossaise peut avoir un impact énorme sur les luttes en Angleterre et au Pays de Galles pour là aussi obtenir des victoires. La fédération de lutte contre la Bedroom Tax restera vigilante afin d’efficacement riposter à toute tentative de la réintroduire.
Il ne faut pas se contenter de se bercer d’illusions quant aux partis traditionnels. Des victoires sont possibles même en temps de crise, mais uniquement sur base de la lutte des masses.