Le 20 mars prochain, l’extrême-droite se réunira pour défiler dans les rues d’Anvers, à l’occasion de la marche de la haine annuelle organisée par le cercle des étudiants nationalistes NSV (Nationalistische Studenten Vereniging). Le thème de ce rassemblement n’est pas le plus important, mais pour information, ce sera cette année ‘‘qu’aucun trône ne reste debout’’.
Un contexte spécifique
En raison du moment et du lieu, la manifestation anti-NSV a cette année une valeur symbolique supplémentaire : la contre-manifestation passera dans les quartiers populaires de l’antre de la bête tout juste deux mois avant la ‘‘mère de toutes les élections’’. Les slogans centraux (voir ci-dessous) dépassent le cadre purement antiraciste ou antifasciste pour mettre en avant une alternative sociale conséquente contre la droite et l’extrême-droite. Une campagne de porte-à-porte sera menée dans les quartiers où passera la contre-manifestation pour y défendre un programme social.
N-VA et Vlaams Belang : des vases communicants, et pas uniquement sur le terrain électoral
Selon ses propres dires, la N-VA s’occupe de problèmes dénoncés par le Vlaams Belang. Pour certains, cela fait de la N-VA une sorte de ‘‘Vlaams-Belang Light’’. Les transfuges ont été nombreux entre le Vlaams Belang et la N-VA et, dans les groupes traditionnels de ‘‘radicaux-nationalistes’’ comme le NSV et le KVHV (Katholiek Vlaams Hoogstudentenverbond, Union estudiantine catholique flamande), le Vlaams Belang n’est pas le seul à être bien représenté, la N-VA y figure également en nombre.
Anvers, Alost, etc. Des laboratoires pour l’avenir réservé à la Flandre par la droite
Tout comme Alost, Anvers est un laboratoire où est élaboré le projet d’une Flandre future puissamment ancrée à droite selon les désirs de la N-VA, de l’organisation patronale flamande VOKA et des groupes radicaux tels que le Vlaams Belang et ses organisations satellites (comme le NSV et le Voorpost). A Alost, le groupe ‘‘Noig Verontruste Aalstenaarsdes’’ (les ‘‘Alostois très inquiets’’) a pu constater que depuis les élections communales, la coalition au pouvoir emmenée par la N-VA a appliqué une politique d’intimidation délibérée contre divers groupes de la population, ce à quoi les ‘‘Alostois très inquiets’’ ont réagi via communiqués de presse et actions destiné à mettre en garde la presse, y compris nationale.
Cette politique a commencé par des taxes supplémentaires pour les night-shops et s’est poursuivie par une chasse à la ‘‘fraude sociale’’ avec un véritable cellule anti-fraude alors que les entreprises locales ont reçu en cadeau une réduction d’impôt de 680.000 €, par des diminutions de subventions pour les organismes sociaux, la réduction des effectifs du personnel communal, par l’implantation d’un nouveau poste de police sur la rive droite ‘‘colorée’’ alors que divers rapports officiels dévoilent des statistiques de criminalités quasi nulles (aucun cas n’a été recensé par surveillance caméra par exemple) et, plus récemment, par une véritable traque aux antennes paraboliques. Prises chacune isolément, ces mesures semblent être conformes à une politique ‘‘sévère mais juste’’. Mais cette combinaison particulière laisse supposer quelque chose de bien différent, qui s’apparente à une politique délibérément basée sur le principe du “Notre peuple d’abord’’ (‘‘Eigen Volk Eerst”) cher au Vlaams Belang. Des exemples similaires peuvent être trouvés à Anvers.
Dans la cohérence de notre combat syndical, se résigner à regarder sans rien faire ou se croiser les bras en attendant que ‘‘ça passe’’ ne sont pas des options. Il est de notre devoir d’aller à contre-courant pour éviter le pire.
L’extrême-droite serait-elle devenue négligeable ?
En Flandre, le vent souffle pour l’instant dans les voiles de la N-VA, mais cela n’est pas destiné à durer éternellement. Une fois qu’éclatera la bulle du ‘‘nationalisme flamand démocratique’’ (c’est-à-dire du néolibéralisme peint en noir et jaune), une variante radicale sera prête à prendre la relève. Nous avons bien pris note de certains sondages qui laissent entendre que le Vlaams Belang flirterait avec le seuil électoral dans certaines provinces. Mais s’il y a bien une chose à apprendre des autres pays européens, c’est que l’extrême droite a les neuf vies d’un chat. En France ou en Autriche, l’extrême-droite a déjà été politiquement enterrée à plusieurs reprises mais, entretemps, le Front National est devenu le plus grand parti dans les sondages d’opinion et le FPÖ autrichien est lui aussi de retour. Il est par ailleurs remarquable de constater que si ces deux partis ont été confrontés à des scissions de groupes qui se disaient plus modérés (le Mouvement National Républicain (MRN) de Bruno Megret en France et le BZÖ de Haider en Autriche), les nouveaux partis plus ‘‘socialement acceptables’’ ont aujourd’hui disparu de la carte, dans l’ombre de leur ancien parti…
Les groupes fascistes marginaux sont-ils inoffensifs ?
L’exemple d’Aube Dorée en Grèce constitue un avertissement pour la gauche internationale. Dans le contexte d’une crise profonde, un groupe politique marginal de quelque 200 néonazis est devenu un adversaire redoutable en quelques années à peine, avec notamment une aile paramilitaire fortement armée de 3000 personnes et comprenant 72 bureaux dans divers villes et villages. Son soutien électoral a augmenté dans les mêmes proportions : de 19.636 voix (0,29%) lors des élections nationales de 2009 pour atteindre 440.966 voix (6,97%) en mai 2012, obtenant ainsi 21 parlementaires. Les nouvelles élections survenues un mois plus tard ne leur ont fait perdre que trois sièges. En dépit d’assassinats politiques ainsi que d’autres formes de terreur de rue commis par ses membres et malgré les poursuites engagées contre Aube Dorée sous le chef d’accusation d’organisation criminelle (ce qui pourrait conduire à son interdiction légale), ce parti continue de bénéficier d’un soutien électoral de 10 à 11% dans les sondages. Le parti est déjà préparé pour une éventuelle interdiction; une nouvelle structure a déjà été constituée pour assurer sa participation électorale: ‘‘Nouvelle Aube’’.
Et chez nous ?
En Belgique, les terroristes de BBET (Bloed, Bodem Eer en Trouw, Sang-Terre-Honneur et Fidélité, branche flamande du réseau néonazi international Blood and Honour) n’ont été condamné qu’à des peines légères. En octobre 2013, les ‘‘Syndicalistes contre le fascisme’’ avaient encore mené une action lors de la reprise de leur procès, à Termonde. Leur présence discrète était devenue incontournable à la manifestation annuelle du NSV. Cette année, ils seront forcés de s’abstenir…
Notre appel
Cet appel est à l’initiative de membres fondateurs des ‘‘Alostois très inquiets’’ ainsi que de membres du SETCa.
Nous appelons les syndicalistes d’Anvers et d’ailleurs à activement soutenir cette contre-manifestation. Traditionnellement, une large délégation francophone est également présente pour souligner la solidarité entre travailleurs des deux côtés de la frontière linguistique.
L’appel des ‘‘Syndicalistes contre le fascisme’’ de l’an dernier avait pu compter sur une réponse très positive. Lors de l’édition 2013 de la contre-manifestation, à Louvain, on pouvait voir une délégation officielle du BBTK – Louvain, renforcée par la présence de militants du BBTK – BHV Social Profit, ABVV Brussel, ABVV Metaal, CGSP et quelques membres de la CSC. Nous voulons poursuivre cet effort à Anvers.
En tant que syndicalistes, nous nous retrouvons pleinement derrière les slogans centraux de la contre-manifestation:
– Pas de reconnaissance du cercle étudiant fasciste NSV à l’Université d’Anvers !
– Non aux Sanctions Administratives Communales et à la criminalisation de la jeunesse !
– Organisons l’opposition aux politiques antisociales !
– Des emplois, pas de racisme ! Pour des emplois décents, des logements abordables et un enseignement gratuit pour tous !
Manifestation anti-NSV 20 mars 2014, 19h, gare d’Anvers-Berchem
Ci-dessous, vous pouvez trouver une petite sélection de signataires de l’appel de l’an dernier : faites-nous savoir le plus vite possible si vous comptez soutenir l’appel de 2014. Si vous le souhaitez, vous pouvez signer cet appel en votre nom propre, ou en celui de votre délégation syndicale, de votre structure syndicale ou de votre organisation d’inspiration syndicale. Veuillez mentionnez le nom de l’entreprise, de la centrale ou de la section syndicale ainsi que vos mandats syndicaux et envoyez tout cela à l’adresse suivante : bartvanderbiest@hotmail.com
– Bart Van der Biest: Membre du Comité Exécutif du SETCa-BBTK BHV, secteur social profit, coordinateur SETCa hôpital St.-Maria, membre fondateur de la plateforme antifasciste alostoise “NOIG Verontruste Aalstenaars”
– Eric Vandepoele: secrétaire social profit SETCa Alost-Termonde-Renaix-Oudenaarde
– Heidi Joos: membre du comité régional du SETCa Alost-Termonde-Renaix-Oudenaarde, secteur social profit
– Johan Dumortier: secrétaire Industrie et Finances SECa Alost-Termonde-Renaix-Oudenaarde
– Sven Robbrecht: secrtaire SETCa-Waasland
– Evert Persoon: secrétaire SETCa Gand, social profit
– Stijn Heuvelmans: secrétaire social profit SETCa Louvain
– Monique Broudehoux: SETCa social profit
– Jo Janssens: délégué syndical SETCa Sint Kamillus, Bierbeek
– Stefanie Deberdt: militante SETCa UC Sint-Jozef
– Sven De Deken: membre du conseil d’entreprise et de la délégation syndicale de l’hôpital Sint Kamillus, Bierbeek
– Luc Coekaerts: délégué SETCa AB-Inbev Louvain, E OR – OR – CPBW – SD, membre du Comité Exécutif du SETCa-Louvain
– Karel Meganck: Membre du Comité Exécutif BBTK-SETCa BHV
– Rob Reynders: secrétaire SETCa BHV social profit
– Johan Nelissen: membre du Comité exécutif SETCa BHV
– Wouter Wanzeele: délégué syndical BHV social profit, CAW Archipel
– Michel Doyen: délégué syndical SETCa BHV, UCL St.Luc
– Marc Brichaux: secrétaire SETCa Mons-Borinage
– Stefanie Lagae: militant SETCa-SEL Mons
– Amarouch Isarti: délégué syndical Z-Safety Services NV, Anvers
– Tom Claessens: délégué syndical De VoorZorg Anvers et membre du Bureau Exécutif du SETCa Anvers
– Wouter Gysen: membre du Bureau Exécutif de la CGSP-Cheminot à Anvers, membre du Comité pour la Prévention et la Protection au Travail (Nord-Ouest)
– Christophe De Brabanter: membre du Bureau Exécutif CGSP-Cheminots Bruxelles
– Stephan Cautaerts: membre du Bureau Exécutif CGSP-Cheminots Bruxelles
– Raph Parthoens: militant CGSP-Cheminot, Lier
– Willy Verbeek: CGSP-Cheminot Anvers, membre du Comité pour la Prévention et la Protection au Travail, président du groupe de travail des machinistes
– Benjamin Vervondel: délégué CGSP transports publics à Hoboken, membre du Comité pour la Prévention et la Protection au Travail De Lijn à Anvers
– Luc Wendelen: délégué CGSP transports publics De Lijn à Anvers
– Peter Van der Biest: délégué CGSP Bruxelles
– Laurent Grandgaignage: délégué CGSP ALR/LRB Stabroek
– Stephen Bouquin: professeur de sociologie et d’économie du travail
– Liesje Ulburghs: déléguée CGSP-enseignement haute école Artevelde, Gand
– Kristof Bruyland: membre du Bureau Exécutif CGSP-enseignement – Communauté flamande
– Tim Joosen: délégué syndical CGSP à l’université de Gand
– Jon Sneyers: délégué CNE/LBC à l’université catholique de Louvain, membre du Comité pour la Prévention et la Protection au Travail à la KU Leuven membre du conseil de direction de la CNE/LBC
– Jef Maes: membre du Comité pour la Prévention et la Protection au Travail et de la délégation syndicale, CSC alimentation et services, Termonde
– Tina De Greef: secrétaire syndicale CNE/LBC-NVK BHV, membre du Comité pour la Prévention et la Protection au Travail et du Bureau de direction de la CNE/LBC-NVK
– Sven Naessens: Centrale Générale Anvers-Waasland