50.000 personnes vont perdre leur droit au chômage!

Par Eric Byl

Contrôle et exclusion pour les ‘‘profiteurs’’ d’allocations inférieures au seuil de pauvreté

Accords à l’amiable pour les ‘‘citoyens respectables’’ qui planquent des millions dans des paradis fiscaux

“Celui qui veut vraiment du boulot, il en trouve.”
“Il y a quand même pas mal de pommes pourries.”
”Les profiteurs doivent être rayés.”

Non, ces déclarations ne concernent pas les riches pour qui ‘‘travailler’’ signifie de voyager, discuter au restaurant et aller dans de luxueux centres de bien-être. Que ces ‘‘accros du boulot’’ puissent s’accrocher à leurs fauteuils dans les conseils d’administration jusqu’à 80 ans ne dit rien quant à leur ardeur au travail, mais bien tout quant à la nature-même de ce travail. Les déclarations ci-dessus ne portent pas non plus sur les nombreuses pommes pourries qui font un doigt d’honneur dès qu’il s’agit d’honnêtement contribuer aux caisses de la collectivité en exigeant de cette même collectivité des infrastructures et une force de travail bien formée et bon marché. Non, ces déclarations nous concernent nous et nos enfants. Elles concernent les 22,8% de moins de 25 ans qui n’ont pas de travail dans notre pays, et ceux de leur génération encore plus nombreux qui doivent se contenter d’un job intérim, de contrats temporaires, de temps partiels ou qui sont tombés dans l’un ou l’autre des plans pour l’emploi. On déprimerait à moins.

Pourtant, jamais autant de richesses n’ont été créées en Belgique. Les machines sont plus performantes et les pics et creux de production sont compensés par la flexibilité quasiment sans frais. Les moments de pause du passé n’existent plus. Jusqu’en 1973, l’augmentation de la productivité était encore partiellement compensée par une diminution du temps de travail, sans perte de salaire. Entre ’53 en ’73, le temps de travail a diminué de 20% et le chômage était quasiment inexistant. Aujourd’hui, on bosse encore en moyenne 31 heures par semaine, mais dorénavant ce sont les travailleurs eux-mêmes qui font les frais de cette croissance de la productivité sous la forme de travail temporaire et de temps partiels. Les patrons se sont envolés avec les profits.

Ce diagnostic n’est pas partagé par les partis établis. Pour eux, ce n’est aucunement la faute de la soif de profit des patrons : ce sont les travailleurs qui n’ont plus envie de bosser, qui sont devenus trop chers et qui sont insuffisamment ou mal formés. Cette ‘‘envie’’, la droite voudrait bien nous l’enfoncer dans le crâne à coups de marteau, en limitant le droit au chômage à deux ans maximum, par exemple. Après, il faudrait accepter n’importe quel emploi à n’importe quel salaire. Le grand rêve des patrons les plus extrémistes.

La solution de la ‘‘gauche’’ gouvernementale est une avalanche de plans pour l’emploi. La ministre de l’Emploi Monica De Coninck veut des chèques-emploi à 10 euros de l’heure. Le président du PS Paul Magnette veut offrir à chaque jeune qui n’a pas encore d’emploi 18 mois après ses études un contrat à temps plein d’un an pour un salaire minimum. Le nombre de plans pour l’emploi pour les jeunes grimperait à plus d’une vingtaine ! C’est une véritable jungle où se perdent les petites entreprises et que les grandes entreprises instrumentalisent. Résultat : aucune baisse du chômage des jeunes, tout au plus le remplacement de travailleurs normaux par des travailleurs subsidiés par l’Etat et, surtout, une diminution des coûts salariaux pour les patrons.

Au plus est grande la demande d’emplois au moins les patrons doivent payer un salaire. Voilà le raisonnement derrière toutes les attaques contre les chômeurs, la baisse accélérée des allocations, les contrôles sur la disponibilité des chômeurs et, maintenant, la limitation à 3 ans des allocations d’attente renommées allocations d’insertion. C’est une bombe à retardement aux dires des syndicats. La FGTB a calculé que 50.000 chômeurs perdront ainsi leurs allocations à partir du premier janvier prochain, dont 32.000 en Wallonie, 5.500 à Bruxelles et 12.500 en Flandre. La FGTB wallonne a été regarder qui exactement sont ces 32.000 personnes. 64% d’entre elles sont des femmes, souvent des femmes célibataires ! Il s’agit à 80% d’habitants de vieilles régions industrielles de Liège et du Hainaut. Presque 17.500 ménages perdront 425 euros par mois et, dans 13.000 cas, il s’agit d’isolés et de chefs de ménage. Si ces derniers s’orientent tous vers les CPAS, cela représenterait une augmentation de bénéficiaires du revenu d’intégration de 30% et donc un coût supplémentaire pour les CPAS de 203 millions d’euros, dont 120 millions d’euros à la charge des autorités fédérales. Une allocation d’intégration représente un minimum de 267 euros pour un cohabitant de plus de 18 ans et un maximum de 1.106 euros pour un chef de ménage.

Le 10 mars les syndicats annoncent des actions dans tout le pays à propos de la problématique des allocations d’insertion. Un préavis de grève a été déposé pour couvrir ces actions.

=> Informations pratiques pour le 10 mars

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