Liverpool 1983-1987. La ville qui a défié Thatcher

En 1983, la ville de Liverpool a élu un conseil communal travailliste à une époque où le pays était dirigé par Margaret Thatcher, surnomée «la dame de fer» en référence à sa politique ultra libérale. La section travailliste de Liverpool était dirigée par les membres marxistes de la tendance Militant (qui ont créé par la suite le Socialist Party, notre section soeur en Anglerre et Pays de Galles).

Virginy Pregny

Les dirigeants travaillistes s’opposaient à Thatcher dans les mots mais disaient à ses élus de rester dans le cadre de la loi. Au lieu d’effectuer les coupes budgétaires, décidées par Tatcher ils augmentaient les impôts locaux, qui touchaient gravement les familles populaires. Nos camarades ont donc refusé d’appliquer la politique décidée par le Labour Party. D’autant plus que la municipalité était soutenue par 60% de la population qui était en faveur d’une augmentation des budgets nationaux et 74% qui étaient prêts à se mobiliser pour faire plier Thatcher.

Une fois élus, nos camarades ont tenu leurs promesses. Réembauche des 2000 agents municipaux licenciés par la précédente municipalité, lancement d’un programme de construction de 5000 logements sociaux (ce qui a créé 12000 emplois!), augmentation du salaire minimum des agents municipaux (ce qui touchait 4000 travailleurs), diminution du temps de travail de 39 à 35 heures sans perte de salaire.

La lutte fut difficile car les 47 élus municipaux avaient à faire face aux menaces de Thatcher d’envoyer l’armée et de démettre le conseil municipal, mais aussi à la gauche traditionnelle qui refusait de soutenir clairement la mairie et lui mettait même des batons dans les roues (refusant par exemple de soutenir l’appel à la grève générale contre le gouvernement !). Pourtant le 29 Mars 1984, jour du vote du budget, 50 000 travailleurs ont défilé dans la rue pour soutenir le conseil communal de Liverpool.

Parallèlement nos camarades ont aussi développé une campagne de soutien nationale et internationale, avec en particulier la grande grève des mineurs, ce qui permit d’obtenir certaines concessions car Thatcher préférait se concentrer sur les mineurs et ne pouvait se permettre de faire face à deux fronts à la fois.

Le tournant décisif de la lutte a été le refus des staliniens à la tête de certains syndicats de mobiliser pour une grève générale en faveur de la mairie en 1985. A la même période les mineurs étaient trahis par les directions syndicales. Nos camarades se sont donc retrouvés seuls à faire face au gouvernement. La direction du Labour profita de cette position de faiblesse pour assener le coup de grâce et exclure les 47 conseillers municipaux ainsi que des sympathisants de la tendance Militant.

Cette expérience montre que les travailleurs peuvent défier et faire reculer les classes dirigeantes, avec des tactiques et un programme combatifs.

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