Hier, une interpellation communale avait été organisée par le collectif Liégeois de Vigilance en Travail Social (CLVTS) au sujet de la gestion de la mendicité et du sans-abrisme à Liège. Le collectif a dénoncé une situation où le travail social est de plus en plus mis à mal par une logique de contrôle social impulsée par les pouvoirs subsidiants et politiques et a mis en avant les slogans « Question sociale = Réponse sociale et non répressive » ainsi que « L’ambition pour Liège : un logement décent pour toutes et tous! »
C’est Robin Blondiaux qui a interpelé le conseil communal au nom du CLVTS. « Nous assistons à une implantation de tentes, de cabanons de fortune. La périphérie liégeoise voit fleurir de plus en plus de tentes, quelles que soient les conditions météo », a-t-il déclaré. « La mise en place d’un règlement organisant la mendicité et le « plan grand froid » apportent-ils des solutions (…) sociales, réalistes et humaines aux personnes en grande détresse ? (…) Le règlement mendicité semble plutôt apporter une solution économique et sécuritaire à la réalité des sans-abris ; n’a-t-il pas tendance à renforcer une stigmatisation déjà existante des mendiants? L’organisation de la circulation des habitants de la rue par quartier et en dehors du centre ville n’est-elle pas une forme de privatisation de l’espace public ? Cette organisation de la mendicité et des sanctions prévues en cas de récidive apportent-elles des réponses structurelles au problème qu’est celui du sans-abrisme ? Il nous semblent que ces mesures s’assimilent plutôt à des « cache-misère »(…) »
« Tout qui se présente dans un abri de nuit n’aura pas une place. Réalité quotidienne et violente que doivent gérer bon nombre de travailleurs sociaux. La création d’une maison d’accueil ou d’un hôtel social ne serait-elle pas une solution judicieuse et durable ? (…) Cette proposition pourrait régler la question des migrants (qui sont peu tolérés au sein des centres d’hébergement) et des familles (qui sont généralement refusées des centres d’hébergement d’urgence adaptés aux enfants). Par ailleurs, quelles sont les politiques communales d’accompagnement pour trouver un logement décent ? Pourquoi ne pas réhabiliter des logements inoccupés ? Jamais on ne nous fera croire que la rue est un choix. Il s’agit aussi de ne pas oublier les nombreux liégeois et liégeoises qui vivent dans des logements indécents avec des enfants. La seule chose qui les sépare de la rue, c’est un toit sur la tête mais sans chauffage, sans eau et sans électricité… »
L’interpellation s’est terminée par ces mots : « jamais nous n’accepterons une citoyenneté de second ordre où la répression prend le pas sur les politiques d’intégration sociale. » Des termes qui auraient très bien pu être prononcés par les travailleurs du Service d’Aide à la jeunesse (SAJ) et du Service de Protection judiciaire (SPJ), partis en grève fin janvier dernier suite à une perquisition policière menée dans les locaux du SAJ-Charleroi. Ou encore par les participants aux nombreuses actions et manifestations qui ont eu lieu ces derniers mois contre les Sanctions Administratives Communales (SAC), des amendes arbitraires et répressives sensées s’en prendre aux incivilités.
La logique sécuritaire tend à devenir la norme, les problèmes sociaux tendent à être considérés par les autorités comme des problèmes essentiellement individuels.
Hasard du calendrier communal, ce n’est pas le seul moment où une approche sociale de la problématique du logement a été soulevée au conseil communal. En effet, c’était justement le jour où François Ferrara, conseiller CPAS pour le PTB, est intervenu en dénonçant le manque de facilités de relogement pour les locataires qui veulent dénoncer le logement insalubre dans lequel ils vivent : « Comment (…) lutter efficacement contre les marchands de sommeil et autres propriétaires véreux si les occupants hésitent à faire constater les diverses infractions de peur de ne pouvoir se reloger [faute de moyens] ? »
Pour un front de résistance contre la casse sociale !
Autant de situation pénibles qui ne vont faire que s’aggraver dans la période à venir, car l’avenir ne se présente pas de la meilleure manière après les élections… Il est certain que la politique d’austérité se poursuivra, très certainement dans un contexte où quatre années devraient se suivre sans élection, de même que les conséquences de cette approche antisociale en termes de pauvreté et d’exclusion. Préparons-nous y déjà, et discutons de la construction d’un large front de la résistance sociale après les élections ! Les élections de ce 25 mai verront très certainement des élus issus de la gauche du PS et d’Ecolo arriver aux parlements, ils constitueront une excellente base pour contribution à l’élaboration de ce front dont nous avons besoin pour résister à la casse sociale. C’est à la pauvreté qu’il faut s’en prendre, pas aux pauvres !