Les structures syndicales face au statut unique : Priorité à la solidarité !

Par un délégué FGTB, membre du PSL

Les médias nous ont beaucoup parlé ces dernières semaines des 200 licenciements prévus à la CSC en conséquence des pertes liées à la faillite de Dexia. Le Mouvement Ouvrier Chrétien fait aujourd’hui l’expérience de ce qu’a connu le syndicat socialiste dans les années ‘30 avec les pertes liées à la “Banque du Travail”. Celui qui veut jouer le jeu du capitalisme doit tôt ou tard en payer les conséquences.

Au-delà des difficultés financières, les syndicats sont aujourd’hui également confrontés aux conséquences du passage au “statut unique” pour leur personnel. Maintenant que la division entre ‘‘ouvriers’’ et ‘‘employés’’ est abolie, du moins en ce qui concerne le délai de préavis, certains sont décidément très rapides pour aller à la curée…

Quelles structures syndicales ?

Le SETCa, syndicat des employés de la FGTB, a réagi en appelant à scinder la FGTB en trois structures : industrie, services et fonction publique. Si ça peut sembler logique, cela risque surtout de créer encore plus de tensions. Aujourd’hui, la Centrale Générale, la centrale ouvrière traditionnelle, a la charge des secteurs du nettoyage et du gardiennage. Mais ce sont pourtant des services ? Quant à l’industrie, qu’est ce que ça veut dire ? Le centre de distribution d’une usine automobile, c’est de l’industrie ou des services ? Toutes ces personnes sont aujourd’hui représentées par la même centrale, celle du métal. Et les services publics qui ont été privatisés, doivent-ils rester à la CGSP ou passer aux services et au SETCa ? Toutes sortes de propositions, toutes plus “logiques” les unes que les autres, peuvent bien être lancées, il y aura toujours des conflits de compétences. Seulement, la manière dont ces derniers sont traditionnellement résolus au sein du mouvement ouvrier ne témoigne guère de beaucoup de solidarité, cela se résume essentiellement à la “loi du plus fort”.

Pour le PSL, la force des travailleurs réside dans leur unité et dans leur capacité à arrêter le travail tous ensemble pour forcer les patrons à se mettre à genoux. La division ne profite qu’aux patrons, raison pour laquelle ils font tout leur possible pour jouer sur celles-ci, avec par exemple les 101 fonctions de référence reprises dans la classification de fonctions professionnelles, dont le but est principalement de donner l’impression que nous ne sommes pas tous pareils.

Tout ce qui nous divise, nous affaiblit

Nous sommes donc, en théorie, pour unir les travailleurs sur base de l’employeur, pour par exemple réunir tous les travailleurs œuvrant au sein d’une même usine chimique dans la même structure syndicale.

Mais cela ne règle pas encore tous les problèmes. On retrouve au sein d’une entreprise de plus en plus de sous-traitants (pour le nettoyage, la comptabilité, la maintenance informatique,…). Sans ces sous-traitants, l’entreprise ne pourrait pas fonctionner. Toutefois, les structures syndicales n’y sont pas adaptées, et contribuent de cette manière – bien qu’inconsciemment – à la politique de division menée par les patrons. Une seule structure syndicale par site d’entreprise serait donc l’idéal. Et ça ne ferait pas de mal si tous les travailleurs qui travaillent pour ces différents patrons devenaient tous membres du même syndicat.

Des syndicats combatifs et solidaires

Pour le PSL, le fonctionnement du syndicat doit être basé sur deux piliers. Premièrement, il faut un aspect inclusif, c’est-à-dire un programme qui tienne compte des véritables besoins et attentes de l’ensemble des travailleurs occupés sur un même site, quelque puisse être leur métier ou leur catégorie. S’il s’agit d’une entreprise avec plusieurs sites, alors tous les travailleurs de l’ensemble de ces sites doivent être pris en compte dans ce programme.
Deuxièmement, le fonctionnement du syndicat doit être basé sur la démocratie, en prenant notamment en compte les droits des courants minoritaires et des avis divergents. L’avis de la majorité simple n’est pas dans tous les cas la meilleure solution. Supposons que, dans un bureau de 100 employés, seulement 10 soient techniciens – selon nous, la majorité des travailleurs – les employés administratifs ne devraient pas pouvoir purement et simplement virer de la table les revendications de ces techniciens.

Pour le PSL, les syndicats doivent être réorganisés afin de protéger au mieux les intérêts des travailleurs, ce qui signifie prendre en compte les points suivants :

– Toute réorganisation des structures doit se baser sur un véritable projet inclusif, et non pas sur un partage du gâteau entre dirigeants syndicaux.

– Toute réforme des structures doit mener à un renforcement du fonctionnement démocratique, ce qui permettrait de chercher à prendre les décisions sur base d’une discussion à laquelle participeraient autant de travailleurs que possible, et dans laquelle on accorderait leurs droits aux groupes minoritaires.

– Lors de cette réorganisation, il faut réfléchir aux conséquences pour le personnel en ce moment employé par le syndicat. Il serait impensable qu’une reprise inamicale des membres d’un syndicat par une autre centrale puisse conduire à des licenciements auprès de la centrale “perdante”.

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