Pour contrer l’extrême-droite, il faut lutter contre la politique anti-sociale!

Pas de capitalisme sans racisme

Quinze années après la fondation de la campagne Blokbuster en Flandre, Résistance Internationale lance aujourd’hui une campagne similaire du côté francophone. Car l’extrême-droite n’est pas un phénomène “flamand” : à Bruxelles et en Wallonie pointe la menace d’une nouvelle percée du FN. Des milliers de jeunes se posent la question: que peut-on faire contre cette montée de l’extrême-droite?

Geert Cool

Supprimer les dotations? Aller en justice?

Avec l’expérience de ces 15 dernières années du côté flamand, nous avons une vision très claire de ce qu’il ne faut pas faire dans la lutte contre l’extrême-droite. Les partis, les intellectuels, les journalistes ont d’abord dit qu’il fallait ignorer celle-ci, pour ensuite déclarer que le cordon sanitaire, puis la condamnation en justice du VB pour racisme allaient résoudre le problème. Rien de tout cela n’a marché. Aujourd’hui, nous nous trouvons en face de deux nouvelles propositions: supprimer le financement public du VB ou le « brûler au pouvoir ».

Comme le cordon sanitaire ou les procès contre le VB l’ont démontré, nous ne devons pas attendre de réussites provenant de tactiques qui ignorent le terreau social sur lequel se développe l’extrême-droite. Tous les politiciens traditionnels défendant une politique néolibérale, il est logique qu’une partie grandissante de la population se sente larguée et cherche des alternatives ailleurs. Condamner le président du FN pour racisme n’a rien changé à cela, pas plus que le Vlaams Belang n’a perdu de votes après sa condamnation pour racisme.

Supprimer les dotations publiques serait en soi positif. Pourquoi nos impôts devraient-ils servir à construire un parti comme le FN? Mais si le FN pourrait connaître des problèmes financiers avec la perte de sa dotation, il ne faut pas nécessairement de grands moyens pour se développer électoralement. La meilleure preuve, c’est qu’une grande partie des subsides actuels du FN n’est pas dépensée pour de la propagnade politique parce qu’elle disparaît dans les poches des dirigeants du parti mais que cela n’empêche pas son électorat de grandir.

Pour nous, faire participer le FN ou le VB au pouvoir, au niveau national, régional ou communal, n’est pas non plus une option valable. En France, l’exemple de la ville d’Orange est édifiant. Le Front National y a obtenu une majorité en 1995. De fortes coupes budgétaires ont été appliquées dans les services communaux. Des cinq centres sociaux, trois ont été fermés. Les militants syndicaux ont dû encaisser tellement d’injures que le secrétaire du syndicat Force Ouvrière à Orange, Pierre Nouveau, s’est suicidé parce qu’il ne pouvait plus supporter la pression… Le responsable de la bibliothéque de la ville a été licencié et tous les ouvrages contre le racisme – et même des contes africains – ont été bannis pour “manque de respect pour les normes morales”. La bibliothèque a été truffée de livres offerts par des membres du FN.

Notre réponse

Nous ne pouvons pas attendre sans rien faire en imaginant que le FN va se détruire de lui-même, à force de dissensions internes et de scissions. Nous ne comptons pas non plus sur les politiciens traditionnels qui se présentent comme les « défenseurs de la démocratie » mais qui sont responsables de la politique qui nourrit la croissance du FN.

La progression électorale du FN peut mener des militants d’extrême-droite organisés au FN ou dans des groupuscules comme NATION à avoir plus confiance en eux. C’est un danger sérieux et il est important d’essayer d’éviter que de tels groupes commencent à s’organiser de façon plus ouverte pour propager leur haine. Les manifestations et les autres actions de protestation contre les meetings de ces groupes ont donc leur utilité.

Mais ce n’est pas suffisant. Pour dépasser le mécontentement passif qui s’exprime dans les victoires électorales du FN, il faut une opposition active qui organise la résistance contre la politique néolibérale et se batte pour que chacun ait droit à un emploi avec un salaire décent, un logement à loyer abordable, un accès gratuit à l’enseignement de qualité,… Cela ne peut s’obtenir que par une lutte décidée. Et, dans celle-ci, les participants comprennent souvent mieux l’importance de l’unité et les préjugés racistes reculent. Mais cet effet positif risque de n’être que temporaire. Pour qu’il devienne durable, il est important que se développe un vrai parti de gauche qui fasse le lien entre ces luttes, les aide à se développer, donne une alternative au système actuel et mène une campagne décidée contre le racisme.

En construisant un tel parti, on peut à terme regagner des votes qui échouent actuellement au FN. Cet effet a été obtenu récemment en Allemagne : la récente percée nationale du Parti de gauche (Linkspartei) s’est aussi traduite par une défaite électorale pour l’extrême-droite. Le potentiel pour une nouvelle formation de gauche est présent chez nous aussi. En construisant un instrument politique qui relaie les luttes de la population, on pourra en même temps faire reculer le FN.

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