L’empereur contre les barons au sein du PS

L’empereur contre les barons au sein du PS

“Erreurs inqualifiables”, “dérapages”… Pour Elio Di Rupo et ses disciples, les scandales de Charleroi et d’ailleurs dénaturent le PS et ses valeurs. Bien d’accord ! Mais plutôt que de remettre ces valeurs en avant, la solution proposée est d’augmenter les pouvoirs du président…

Nicolas Croes

Les ancêtres de Van Cau et Di Rupo au Parti Ouvrier Belge avaient déjà placé le ver dans le fruit en se prononçant pour un passage graduel du capitalisme au socialisme, terminologie utilisée afin de reporter la lutte pour le socialisme à un avenir indéfini, pour ne plus avoir finalement à en parler, pour accepter le système d’exploitation capitaliste en réalité.

C’est cette logique interne imposée par la direction du parti qui est à l’origine des faits qui alimentent l’actualité. Il n’existe à l’intérieur d’un tel système aucune solution collective aux problèmes des travailleurs. Dès lors que l’on accepte la logique patronale, on ne peut qu’essayer de limiter la casse, et c’est sur cela que les fameux „ barons „ se sont appuyés. Faute de pouvoir préserver l’emploi, faute de pouvoir appliquer un véritable programme de logements sociaux (la moyenne belge des logements sociaux dans l’immobilier est d’un peu plus de 6%, ce qui fait pâle figure aux côtés de nos voisins hollandais qui sont eux à 40% !), les dignitaires “socialistes” ont alloué les moyens restés disponibles aux “amis”, “amis d’amis”, etc… C’est ainsi qu’on été institutionnalisées les baronnies, en utilisant les services publics et sociaux comme moyen pour se créer une base impossible à avoir par l’intermédiaire de luttes dont ils ne voulaient pas entendre parler.

Ce n’est pas un phénomène typiquement francophone, la Flandre a vécu la même situation. Mais la lutte pour la centralisation autour du président y a été menée plus tôt, dans les années 90. Là aussi, ce sont des scandales qui servirent de prétexte, c’était l’époque d’Agusta. Louis Tobback, qui avait à l’époque joué le rôle qu’essaye aujourd’hui d’avoir Elio, a expliqué sa méthode : le choix est entre “l’absolutisme et le féodalisme”. “Plus de pouvoir au président n’est pas le meilleur des mondes” reconnaît-il, mais il n’y a pour lui d’autre choix. Cette analyse est partagée par tous, les proches du président du PS (et ministre-président de la région wallonne, et bourgmestre de Mons,… ) naturellement, comme Laurette Onkelinx, mais aussi l’ensemble de la presse.

Faire descendre le pouvoir à la base du parti est-il tellement inimaginable pour que personne n’en parle? A-t-on tellement peur au PS du débat que cela peut entraîner pour que la seule solution qui apparaisse soit de concentrer tout le pouvoir de décision entre les mains d’une seule personne? Le siège du PS, sis au Boulevard de l’Empereur, n’a jamais aussi bien assumé son adresse…

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