Pour lutter contre la pauvreté, il faut construire un nouveau parti!

Une étude de Meryll Lynch/Capgemini montre que les riches vont bien : notre pays comptait, fin 2005, 63.800 millionnaires, 3,4% de plus que l’année précédente. Ils ont à peu près 180 à 200 milliards de dollars à leur disposition. Au niveau mondial, les 8,7 millions de millionnaires ont 33.300 milliards de dollars en mains, presque un quart de la richesse mondiale. (De Tijd, 21/06/06)

Anja Deschoemacker

Quel contraste saisissant avec la situation dans le quartier Saint-Léonard à Liège, où Stacy et Nathalie ont étés kidnappées. De Morgen (17/06/06) a révélé des chiffres accablants : en dix ans, le chômage dans le quartier est passé de 19% à près de 36% (donnée déjà ancienne); seulement 25% de ceux qui ont un boulot possèdent un diplôme du secondaire supérieur ; 33% des habitants n’ont pas de diplôme, ou seulement un diplôme de l’enseignement primaire; et à peu près 63% des habitants sont des célibataires ou des familles monoparentales.

La famille d’où viennent les filles est pauvre comme Job et s’entasse dans un logement beaucoup trop petit. Accuser les parents de « négligence » est une conclusion un peu hâtive. Un milieu avec si peu d’avenir, où la pauvreté se transmet de génération en génération sans presque aucun espoir d’y échapper, engendre fréquemment l’alcoolisme et les drames familiaux.

Bien que beaucoup de choses aient changé durant le 20e siècle – à travers la lutte de nos grands-parents et de nos parents pour la Sécurité sociale, pour des salaires et conditions de travail corrects, pour un enseignement accessible,… – nous avons vu (en tant que victimes) ces 20 dernières années comment les masses doivent toujours plus se serrer la ceinture pendant que les profits explosent. Le patronat ne ménage pas ses efforts pour abolir tous ce qui ressemble, de près ou de loin, à une répartition plus équitable des richesses.

C’est surtout en Wallonie et à Bruxelles que cette politique anti-sociale a conduit à des situations extrêmement pénibles. Le chômage de longue durée et la pauvreté sévissent dans beaucoup d’endroits, l’absence de perspectives est plus la règle que l’exception. Mais la Flandre n’a pas non plus de quoi pavoiser bien qu’elle soit une des régions les plus riches au monde (ce qui signifie surtout que beaucoup des millionnaires ci-dessus y vivent – ça fait bien monter la moyenne !). Le verdict livré par les chiffres de la pauvreté issus d’un site officiel de la Communauté flamande est sans appel: quelque 13% des Flamands risquent de venir grossir les chiffres de la pauvreté d’ici 5 ans, 1 Flamand sur 5 est dans une situation de pauvreté relative (un revenu trop bas durant 3 ans) et quelque 7% des Flamands se débattent dans une situation de pauvreté de longue durée.

Malgré cette situation à laquelle sont confrontées de plus en plus de familles, aucun parti, pas plus d’un côté de la frontière linguistique que de l’autre, ne fait de la lutte contre la pauvreté sa priorité n°1. Les travailleurs et leurs familles, les gens qui vivent de toutes sortes d’allocations, les jeunes qui sont condamnés à une « carrière d’intérim »,… n’ont aucun parti pour les défendre. Et ils vont devoir tirer les leçons amères de l’Histoire: un tel parti ne peut émerger que s’ils le construisent eux-mêmes ! Une Autre Politique et la conférence du 21 octobre offrent pour la première fois depuis longtemps une opportunité sérieuse pour entamer cette tâche. Saisissons-la dès à présent !

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