Remarques du Mouvement pour une Alternative Socialiste (MAS) sur le PV de l’Assemblée générale du 6 mai

Les membres du MAS présents à la dernière AG de “Une Autre Gauche” le 6 mai veulent faire noter quelques remarques à propos du PV qui a été fait de cette réunion. Le but de ces remarques n’est pas de commencer à polémiquer sur chaque sujet abordé à l’AG. Mais nous pensons que, lorsqu’il s’agit de réaliser le PV d’une AG :

– les conclusions clairement acceptées par tous (par vote ou par consensus clair) doivent être mises en évidence dans le PV.

– si le PV présente, même de manière rapide, les diverses prises de positions défendues à l’AG, cela doit se faire de manière suffisamment fidèle pour qu’on y retrouve l’essentiel de ce qui a vraiment été défendu par les intervenants. Sinon l’opinion du rapporteur devient de fait une « conclusion » par le biais du PV envoyé par e-mail.

Selon nous, il y a eu à l’AG du 6 mai une seule conclusion clairement affirmée : la déclaration acceptée unanimement par vote concernant le positionnement de UAG qui dit « Une Autre Gauche » est une force politique de gauche anticapitaliste constituée sur base de l’appel paru dans LLB du 22 février « Une autre gauche est nécessaire ». Elle se donne pour objectif d’unifier les combats, d’intervenir dans le débat politique et d’offrir à terme une alternative électorale, à gauche des partis socialistes et écologistes. Tout ceci dans l’unité sur le plan fédéral entre les trois régions du pays.

Nous avons deux points de désaccords avec la manière dont le PV rend compte du reste des discussions.

1. Gauche et anticapitalisme

A propos de la discussion sur le contenu du tract du 1er mai, le PV dit : La réalisation du tract avait, en effet, fait naître une discussion politique sur l’appel : faut-il ou non se proclamer de gauche et anticapitaliste ; ne risque-t-on pas ainsi de se couper de certaines franges de la population ? Cette discussion n’a pas seulement lieu dans la partie néerlandophone du pays, vu la pression de l’extrême droite, mais est une discussion politique de fond qu’il convient de mener en toute sérénité.

Nous sommes absolument d’accord sur la dernière phrase mais un débat « mené en toute sérénité » suppose aussi la présentation correcte des prises de positions, ce qui à notre avis n’est pas le cas dans le reste du paragraphe. Selon nous, la discussion n’a pas porté avant tout sur l’emploi des mots « gauche » et/ou « anti-capitaliste », ni sur la présence du VB en Flandre.

La proposition de tract présenté par le MAS à la réunion du groupe de travail du 17 avril disait clairement (en gras d’ailleurs) dans la troisième phrase : « C’est pourquoi nous commençons une initiative à gauche du PS et d’Ecolo afin de donner expression aux exigences de la population laborieuse ». Ce n’est que dans la version finale du tract issu de cette réunion que le mot « gauche » à sauté. Aucun de nos membres n’a défendu cela. C’est vrai que nous n’avions dans notre proposition pas choisi « Une Autre Gauche » comme titre car il s’agissait d’un tract en commun avec « Une autre politique ». Nous avions voulu contourner le problème en ne pas mettant un titre mais en ouvrant le tract avec « Nous voulons une autre politique… », suivi plus tard par « quel politique ? » suivi d’une série de revendications générales mais claires, du moins de notre avis. Enfin, le MAS a fait connaître très vite son accord avec l’amendement proposé par Didier d’insérer le mot « gauche » dans le tract du 17.04. Par contre, le mot « anti-capitalisme » n’apparaît dans aucun des trois tracts, ni celui proposé par le MAS, ni celui issu de la réunion du 17 avril,… ni d’ailleurs dans celui qui a finalement été distribué dans la partie francophone du pays.

Le fait de se proclamer « anti-capitaliste » n’est en rien une garantie car l’ « anticapitalisme » se démontre dans la pratique et par les revendications concrètes. Il y a en Europe plusieurs partis qui se disent anti-capitalistes, mais qui pratiquent parallèlement une politique néo-libérale. En Allemagne, le PDS participe aux gouvernements à Mecklenburg Vorpommern et à Berlin où il applique une politique néo-libérale désastreuse. C’est pourquoi le WASG de Berlin à décidé de se présenter indépendamment du PDS. Comme l’a dit Lucy Ridler, porte-parole élue au congrès du WASG Berlin : « Quelle est la crédibilité d’un parti qui parle du socialisme le dimanche et applique des assainissements le lundi ? ». Autre exemple : le PRC en Italie qui rejoint le gouvernement de Prodi et sera donc identifié à sa politique néo-libérale.

On n’est pas plus à gauche ou plus clairement anti-capitaliste en s’appropriant le titre mais à travers la politique qu’on applique. Nous pensons que l’initiative peut encore attirer des forces qui aujourd’hui ne croient pas qu’il est possible de sortir du cadre du capitalisme et qui ne viendront à cette conclusion que par une expérience commune de lutte. Nous ne voulons donc pas imposer l’anti-capitalisme comme exigence de départ mais gagner ces forces à travers une pratique commune. C’est une autre façon, à notre avis plus abordable, d’arriver au but : un parti clairement anti-capitaliste.

Par contre, beaucoup de ces travailleurs ou autres peuvent déjà être gagnés au principe de ne pas se présenter sur des listes ou de ne conclure des accords avec des forces politiques telle que le PS et Ecolo qui risquent d’appliquer des « assainissements » dans des coalitions nationales, régionales où communales. Nous serons d’ailleurs très vite confrontés à la contradiction entre, d’une part, des travailleurs et des gens qui ne se disent pas anti-capitalistes mais qui refusent clairement de s’identifier et de soutenir des forces politiques qui pratiquent le néo-libéralisme et, d’autre part, des forces qui insistent sur leur « anti-capitalisme » mais qui se présentent parallèlement sur des listes du PS où d’Ecolo. Nous pensons que nous devons avoir une attitude ouverte envers tous et essayer de les convaincre les uns de l’anti-capitalisme, les autres de ne pas s’allier avec des forces qui appliquent la politique néo-libérale, même si c’est avec une sauce de « progressisme ».

La véritable clarification que nous avons essayé d’apporter dans nos interventions porte sur l’orientation d’Une Autre Gauche. Selon nous, la question cruciale est comment atteindre les centaines, voire même les quelques milliers, de travailleurs (et d’autres gens) qui se sentent délaissés par ces partis qui prétendent les défendre. Quel est le langage à utiliser ? Est-ce que nous utilisons un langage et un style abordables qui partent de leurs expériences et leurs exigences ? Ou partons-nous plutôt de l’idée que la gauche est en crise et qu’elle doit donc se réunir pour construire une vraie gauche ? Ce sont deux points de départs différents qui aboutissent à des pratiques différents, ce qu’on peut déjà remarquer dans la différence d’approche entre les initiatives « Une Autre Politique » en Flandre et « Une Autre Gauche ». Nous pensons donc qu’il y a donc une nette différence entre ce qui a été dit à l’AG – notamment par nous et d’autres participants – et le résumé qui en est donné dans le PV.

2. Le rôle du sécretariat

Il est clair qu’aujourd’hui le secrétariat, constitué de douze personnes dont la liste est reprise dans le PV, est composé de volontaires qui veulent construire ce mouvement. Nous pensons que la manière de fonctionner et de prendre des décisions est une discussion fondamentale qui n’a pas encore été suffisamment débattue. Nous pensons donc qu’à ce stade-ci il vaut mieux utiliser le principe de consensus pour la prise de décision. Beaucoup de gens considèrent aujourd’hui que la politique, ce sont des appareils lourds et non-démocratiques, des machines à élections, la chasse aux postes… Il est donc absolument nécessaire d’éliminer tout doute possible sur la manière démocratique de fonctionner. Le consensus exige du temps de discussion et la volonté d’écouter les argumentations des autres, car c’est la seule possibilité de créer la confiance.

Nous ne sommes donc pas d’accord avec la phrase dans le PV qui dit : La réalisation du tract a par ailleurs posé la question de savoir qui peut prendre des décisions en cas de divergences. Le secrétariat fédéral est désigné pour le faire. Nous pensons que ceci est erroné dans le stade actuel de l’initiative et surtout que cela n’a jamais été posé devant l’AG et accepté par celle-ci sous cette forme. Heureusement, la phrase suivante corrige partiellement cette erreur en disant clairement : Il sera reconduit d’assemblée générale en assemblée générale. Mais un danger nous semble subsister quant aux pouvoirs réels attribués au secrétariat.

Nous pensons que le secrétariat doit jouer un rôle fondamental : la coordination des activités d’UAG et de ses groupes locaux (celui de Liège et bientôt ceux de Bruxelles et du Hainaut Occidental en attendant d’autres) et thématiques, la préparation des AG et l’approfondissement de la discussion avec l’initiative « Une Autre Politique ». Nous ne pensons pas que le secrétariat est aujourd’hui en position de trancher des discussions contradictoires sur des points essentiels. Le secrétariat peut élaborer des propositions, organiser une première consultation et puis présenter ses propositions à l’AG qui est la seule à pouvoir trancher sur des questions de fond. La composition du secrétariat devra changer entre les AG afin de refléter clairement la construction d’UAG et en particulier le développement de groupes locaux. Sans vouloir s’avancer trop en ce stade-ci sur la discussion à mener dans le groupe sur les structures, nous pensons qu’à un certain moment il faudra un secrétariat formé de délégués élus. Ceci n’est pas encore possible aujourd’hui et, par conséquent, nous pensons que le secrétariat actuel n’est pas apte à jouer le rôle d’un organe dirigeant élu démocratiquement.

Nous ne voulons pas lancer la discussion sur tous ces points sur la liste e-mail, nous voulons seulement clarifier que, selon nous, le PV, tel qu’il a été envoyé, n’est pas le reflet exact des positions défendues à l’AG et pourrait donner l’impression que tout ce qui figure dans le PV a la valeur de conclusions acceptées lors de l’AG, ce qui n’est pas le cas. Nous ne pensons pas que cela pose aujourd’hui des problèmes fondamentaux pour le fonctionnement d’UAG mais nous estimons nécessaire de faire prendre acte de nos remarques. Nos membres s’abstiendront lors du vote de ce PV, s’il est présenté tel quel à la prochaine AG.

Eric Byl – Nicolas Croes – Xavier Dupret – Cédric Gérome – Boris Malarme – Martin Ndahigwa – Jean Peltier – Bart Vandersteene

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