En regardant la législation concernant les droits des LGBT aujourd’hui dans différents pays d’Europe, on pourrait dire que beaucoup d’avancées ont été réalisées. Nulle part en Europe vous ne trouvez encore des lois qui interdisent en soi formellement les rapports sexuels entre personnes de même sexe. Mais si on observe moins superficiellement les causes fondamentales de l’oppression des LGBT on en arrive à d’autres conclusions.
Les mesures déjà prises sont présentées comme la cerise sur le gâteau de l’émancipation des LGBT, alors qu’en fait elles n’en sont que les premiers pas. Beaucoup de discriminations et leurs conséquences passent inaperçues ou sont difficiles à prouver, parce que les raisons profondes en sont dissimulées. 70 % des holebi belges ont déjà souffert de discriminations.
“Des écoles de danse refusent la leçon d’essai aux couples de lesbiennes; des travailleurs à temps partiel sont licenciés à cause de leur homosexualité, les bureaux d’intérim ne leur donnant depuis lors plus d’offre ; les enseignants de l’enseignement catholique ne reçoivent un emploi que s’ils promettent de cacher leur homosexualité aux élèves; les compagnons ne peuvent se recueillir au chevet de leur partenaire décédé dans les hôpitaux …” Et tout cela alors qu’on sait que 33 % à 45 % des homos, lesbiennes et bis ont eu pendant leur jeunesse des pensées suicidaires. 12.4 % des jeunes homos passent à l’acte et tentent effectivement de se suicider. En comparaison avec les 5.9 % de jeunes hétéros, cela fait plus du double ! Ce taux est encore plus élevé concernant les jeunes filles lesbiennes; cinq fois plus élevé : 25% tentent de se suicider contre 5.4 % des jeunes filles hétéros.
La discrimination persiste!
Nous ne voulons pas d’un semblant d’émancipation! De celle qui n’est rien de plus qu’une individualisation des problèmes de société, une commercialisation dans laquelle les forces du Capital utilisent les LGBT pour leurs intérêts économiques en créant une «façon d’être» que l’homme ou la femme ordinaire ne peut atteindre financièrement. La création d’une « façon d’être » et de l’individualisation des problèmes de société sont la cause de l’isolement d’une large couche des holebi qui sont incompris et se sentent rejetés. Avec pour conséquences des problèmes psychiques (mauvaise image de soi, dépressions, etc.) et des catastrophes financières (dettes, emprunts,…).
Nous avons besoin d’une stratégie radicale qui se focalise sur la relation entre les associations LGBT et qui prend en même temps le parti de la majorité des LGBT qui ne sont pas riches, qui n’ont pas d’emploi, en ayant conscience qu’ils sont souvent marginalisés.
La majorité des associations holebi existantes n’y font pas volontiers attention. Mais leur politique de lobby avec les partis traditionnels ne semble pas fonctionner, pire encore, ce sont ces partis traditionnels qui sont responsables de la discrimination envers les groupes minoritaires comme les immigrés et les holebi. Aussi longtemps que quelques LGBT pourront perdre un emploi ou un logement en raison de leurs préférences sexuelles, tous les holebi seront menacés. Une association LGBT indépendante doit lutter pour l’unité des holebi , dans le sens d’une unité globale et mobilisatrice. Le mouvement LGBT doit renoncer et dépasser le lobbying en vue de mobilisations en commun avec des alliés (syndicats, comités anti-guerre, comités de quartiers,…) C’est seulement de cette manière qu’un rapport de force peut se construire et qu’il sera possible d’obtenir des changements. En plus avec une telle alliance, le mouvement LGBT peut développer une vision plus large sur la libération sexuelle, la famille, la culture et la société.
La lutte pour la diversité.
Une interprétation positive de la diversité et de la solidarité chez les LGBT et dans la société dans sa globalité est nécessaire: Queer, travestis, transgendérisme, transsexualité, intersexualité,… Pour beaucoup d’associations holebi, ce sont des aspects moins populaires du petit monde LGBT qu’elles préfèrent avec angoisse “balayer sous les tapis” par peur des stéréotypes par les masses. Mais une politique indépendante donne une attention correcte d’un traitement égal à l’expérience sexuelle pour tous. La soi-disant libération sexuelle n’est rien de plus qu’un rideau de fumée; inhibée par la discrimination qui est ressentie tous les jours par les transgenres qui doivent se cacher.
Il est nécessaire de briser le schéma classique actuel des comportements sociaux et cela non seulement à l’intérieur du mouvement LGBT mais à l’intérieur de toute la société. Cela ne peut se faire qu’en travaillant activement à « l’abolition des frontières » ainsi qu’à une perception positive et une visibilité de la diversité, non pas ressentie comme une concurrence entre les groupes et associations des minorités existants mais comme un groupe global, complémentaire, porté par un mouvement uni.
Nous savons que les problèmes des holebi contre lesquels nous luttons ne sont pas détachés des problèmes de n’importe quel autre groupe discriminé à l’intérieur de la société. Le bouillon de culture des discriminations -homophobie, xénophobie, comportements sexistes et racistes- est pour tous pareil. Une société qui par définition concentre ses richesses dans les mains d’une minorité et, par la même crée des privations pour la majorité de la population donne automatiquement naissance à de tels phénomènes.
La lutte pour des droits égaux est donc intrinsèquement liée avec la lutte pour une société socialiste où les besoins de la majorité sont centraux