Mercredi 24 mai, un débat a eu lieu au HIFT à Anvers sous le titre "Une autre politique est nécessaire et possible". Un comité de délégués syndicaux (essentiellement FGTB) travaillant dans divers secteurs du privé et du public, a organisé le débat. Parmi les orateurs: Jef Sleeckx, ex-parlementaire SP.a, Bruno Verlaeckt, président de la Centrale Générale (FGTB) d’Anvers/Pays de Waas, Gert Wenselaers, permanent du SETCa (FGTB) d’Anvers et membre de SP.a Rood, un petit courant de gauche dans le SP.a, et enfin Ferre Wyckmans, président de la Centrale Nationale des Employés (CSC) pour la Flandre. Il y avait une centaine de présents au débat.
Par un militant de la CGSP-Enseignement
Différents orateurs, différents points de vue
Il est important de noter que les orateurs venaient tant de la FGTB que de la CSC. Le comité a montré ainsi qu’il était nécessaire de porter plus d’attention aux militants du mouvement ouvrier chrétien.
Le debat a été intéressant car si les orateurs étaient tous d’accord sur la nécessité d’une autre politique, ils ont défendu différents points de vue sur la possibilité de la mettre en oeuvre et sur leur participation active à cette démarche. Deux orateurs ont plutôt rejeté l’idée d’une alternative politique nouvelle. C’est le cas de Gert Wenselaers, parlant au nom de SP.a-Rood, qui a déclaré que l’histoire des formations en dehors de la social-démocratie a historiquement prouvé qu’une telle initiative était vouée à l’échec. Il croit encore possible de pousser le SP.a à gauche.
Bruno Verlaeckt avait pourtant expliqué auparavant quel avait été rôle du SP.a dans les négociations sur l’accord interprofessionnel fin 2004. Il avait également dénoncé le rôle de la direction de la SP.a au cours de la lutte contre le Pacte des Générations, rappelant que la première note d’ébauche sur la réforme des prépensions, réalisée par la ministre Freya Van den Bossche (SP.a), allait encore plus loin dans les attques que le Pacte lui-même!
Jef Sleeckx a ensuite parlé des frustrations et de la colère qui existait dans la FGTB contre son soi-disant "partenaire priviligié". Il a déclaré qu’au cours des nombreuses discussions qu’il a eues ces derniers mois, il avait vu que le potentiel existe bel et bien pour une initiative à gauche de la social-démocratie et des verts.
Ferre Wijckmans de la LBC (CNE flamande) a affirmé qu’il était d’accord sur la nécessité d’une autre politique. Les partis traditionnels nous font travailler plus longtemps, veulent nous imposer une nouvelle modération salariale, attaquent nos pensions… Face à cela, il faut une réaction.
Mais Wijckmans a voulu en rester là. Il a dit que ce n’était pas la tâche des syndicats de créer un instrument politique. La LBC est depuis longtemps indépendante du CD&V mais elle ne prendra pas elle-même d’initiative sur le plan politique.
Une véritable alternative à gauche du SP.a est nécessaire
On ne peut pourtant pas nier qu’un syndicat sans prolongement politique est plus faible. Pour un syndicat, une attitude politique neutre est une illusion. Avec une main liée dans le dos, il est beaucoup plus difficile de lutter. Wijckmans reconnaît la nécessité d’avoir un écho politique aux revendications syndicales mais, en même temps, il déclare que celui-ci ne doit pas être "le bras politique des syndicats".
Bruno Verlaeckt a expliqué qu’il faut une alternative crédible à gauche du SP.a. Il ne croit pas que ce soit possible de pousser le SP.a vers la gauche. D’autre part, les petits partis à gauche n’ont pas d’impact électoral. C’est pourquoi Verlaeckt a avancé la nécessité d’une alternative unitaire. Il a dit aussi que beaucoup de syndicalistes se posent maintenant des questions à ce sujet. Jef Sleeckx a marqué son accord et répété qu’ "Il faut quelque chose de nouveau, un prolongement politique pour le movement ouvrier". Lors de la discussion avec la salle, la volonté d’unité autour de la construction d’une nouvelle alternative politique était évidente.
En ce moment, il existe diverses initiatives pour une autre politique. A côté du mouvement mis sur pied par Jef Sleeckx, Lode Van Outrive et Georges Debunne, il y a aussi l’appel syndical du "mouvement du 15 décembre". Cela montre qu’on réfléchit sur des alternatives politiques à différents endroits. Il y a des points de vue et des courants différents, mais il doit être possible d’en arriver à une initiative commune autour d’un programme restreint sur lequel tout le monde pourra se mettre d’accord.
Construire une autre politique
L’exemple de l’Allemagne a été mis en avant. Le nouveau Linkspartei (Parti de Gauche) qui a recolté 8,7% des voix aux dernières élections, a montré qu’une alternative politique pouvait servir comme prolongement de la lutte syndicale. Les membres du MAS (LSP en Flandre) dans la salle ont également défendu la nécessité d’une alternative politique. Des milliers de travailleurs sont entrés en action contre le Pacte des Générations mais aucun parti au Parlement n’a défendu leurs revendications.
Lors des négociations sur les salaires à la fin de l’année, les travailleurs et leurs familles devront réagir avec force. Cette réaction doit être renforcée par la mise sur pied d’une formation politique qui réunit et organise les militants combatifs. Lors du débat, peu de rendez-vous concrets ont été pris. Mais beaucoup de participants ont laissé leurs coordonnées pour collaborer au projet. C’était l’objectif du groupe de syndicalistes organisateur de la soirée, qui avait voulu tâter le terrain. Après le débat, la discussion pourra continuer avec des groupes plus larges.
Le LSP-MAS soutient entièrement l’initiative et n’hésitera pas à fournir son soutien actif à la construction d’une nouvelle formation qui défende vraiment les intérêts des travailleurs.