Cinéma et contestation

Le vingtième siècle a connu l’essor du cinéma jusqu’aux superproductions actuelles. Bien que les inégalités entre classes sociales ne sont pas apparues seulement au cours du vingtième siècle, le cinéma ne pouvait passer à côté des nombreux conflits sociaux qui ont marqué les décenies de son développement.

Par Nicolas Menoux

Elaboré pour toucher les masses, le cinéma a revêtu différentes formes et fonctions. Avant d’être divertissant, le cinéma était didactique, puis très vite il a été intégré comme outil de propagande. Il faut comprendre que le cinéma est un média parmi d’autres (journaux, télévision, radios,…) et qu’il peut donc être utilisé ou manipulé pour faire passer les valeurs d’une idéologie, qu’elle soit capitaliste, fasciste, communiste, … (notamment en période de guerre). En fait il s’agit d’une pratique générale qui touche différentes formes d’expression, et pas uniquement le cinéma.

Cependant, comme c’est le cas pour de nombreuses formes d’expression, le cinéma a été utilisé aussi comme moyen d’exprimer une contestation. Les documentaires, genre qui s’oppose à la fiction, ont par exemple permis d’illustrer, en filmant la réalité sans modification, des inégalités, des injustices sociales. Certains cinéastes ont utilisé leur caméra pour dénoncer et montrer à tous des problèmes inaccessibles à la majorité (distance, manque d’information, désinformation…). Dans cette lignée, de nombreux films ont été tournés sur les grèves et les différents mouvements ouvriers, reflétant ainsi les conditions de vie des travailleurs (Borinage, mai 68 pour ne citer qu’eux). Mais le pouvoir en place a aussi ses armes, telle que la censure, pour éviter ces débordements qui nuisent à leur autorité. Par exemple, le système holywoodien, sous le McCarthysme, a multiplié les pressions pour empêcher certains travailleurs d’exercer leur activité sur base de leur proximité avec l’idéologie communiste.

En fait, si on regarde de manière générale les thèmes traités au cinéma, on peut voir que ceux-ci transcrivent les idées qui se développent dans la société. Par exemple, après la chute du mur de Berlin, l’idée était qu’aucune alternative au capitalisme ne semblait réalisable. La mondialisation et l’impérialisme des puissances occidentales se sont renforcés et cette période a vu une plus grande diffusion des films sur le modèle américain, surtout tournés vers le divertissement. De même, les mouvements de contestations contre la guerre du Vietnam avaient généré plusieurs superproductions visant à dénoncer différents aspects du conflits (Platoon, Full Metal Jaquet, The Deer Hunter,…)

Plus de films et de documentaires critiques

ces dernières années, les nombreuses abérrations engendrées par le capitalisme ont provoqué la montée d’une vision contestataire monte dans la population. Si on regarde alors les grands circuits de diffusion cinématographique, on peut remarquer une montée de films qui traitent des problèmes engendrés par le système. Aux Etats Unis, ceci est très clair. Micheal Moore sort chaque année un nouveau documentaire qui s’attaque et dénonce l’administration américaine. Ceci a toujours existé, mais ici ses films sont largement diffusés. Plus marquants encore sont les films récents autour de Georges Clooney (figure du starsystem américain) qui abordent des perverssions du système capitaliste : les malversations politiques, diplomatiques, économiques des multinationales pétrolières américaines dans Syriana, le McCarthysme dans Good Night, and Good Luck (film réalisé par Clooney).

Il faut savoir en fait que l’industrie cinématographique est vouée au rendement et au profit. Si plusieurs films critiquent la société, c’est que le public est prêt à payer pour voir cette critique. Ces différentes sorties témoignent donc d’une prise de conscience de plus en plus large de la population des problèmes sociaux, politiques, … soulevés. Le souci principal reste qu’aucune alternative n’est réellement proposée et qu’un film ne change pas fondamentalement la situation objective. Le cinéma a cet avantage de toucher un large public, mais le travail reste à faire dans la réalité concrète de notre société. Nous devons rester attentifs à ces manifestations artistiques, mais nous devons surtout en tirer les conclusions correctes. A côté de ces témoignages, nous devons nous organiser et construire un large mouvement uni et actif contre les différentes dérives libérales et anti-sociales et proposer une alternative concrète : une société socialiste.

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