Le scandale Parmalat menace Berlusconi

En janvier toute la direction de la multinationale italienne Parmalat a été arrêtée pour fraude. La direction semblait surtout s’être spécialisée en montages financiers obscurs qui ont permis d’escamoter 10 milliards de $. Une telle escroquerie n’a été rendue possible que par la mise en place de lois – par le gouvernement Berlusconi – rendant plus opaque le contrôle des comptes des sociétés,… et mettant par la même occasion Berlusconi à l’abri de poursuites éventuelles pour les malversations opérées par ses propres sociétés!

Clare Doyle

Dans le plus pur style des parrains de la maffia pris la main dans le sac, l’ex-directeur financier de Parmalat a déclaré aux journalistes qui l’attendaient devant le bureau de police de Parme: «Je vous souhaite, ainsi qu’à votre famille, une mort lente et pénible!»

Entre-temps l’emploi de plus de 36.000 travailleurs et de 139 entreprises sont menacés dans le monde. Parmalat était devenu un des navires amiral du capitalisme italien. L’entreprise est active dans 30 pays où on emballe et vend du lait, de l’eau, des jus de fruits, des biscuits et d’autres produits alimentaires.

Des consommateurs et les petits investisseurs ont organisé le 21 janvier une manifestation devant les bureaux du Premier ministre et de la Banque nationale. Mais il faudra faire plus. Les travailleurs et leurs organisations doivent mener campagne pour la nationalisation immédiate (et sans indemnités) de Parmalat et mettre en avant un programme de lutte syndicale tant à l’échelle internationale que locale.

En Italie certaines actions de grève sont toujours en cours et il est nécessaire de lancer une offensive générale contre le gouvernement. La situation économique est problématique, même sans la crise de Parmalat. Le gouvernement Berlusconi risque de tomber car ses partenaires de la coalition soutiennent mollement le gouvernement. La crise actuelle peut être la dernière goutte qui fait déborder le vase. Une partie de la bourgeoisie qui a émis des réserves sur la façon dont l’aventurier Berlusconi a pris le contrôle de la machine gouvernementale, vont peut-être mettre à profit la crise de Parmalat pour tenter de le débarquer.

La Commission de la Sécurité et des Echanges (SEC), à New York, a déclaré que cette affaire est «un des plus grands exemples de fraude d’entreprise de toute l’histoire». Elle a d’ailleurs entamé sa propre enquête sur la façon dont l’entreprise avait fabriqué un faux (une lettre à entête de la Bank of America) pour faire croire qu’un prêt de 4 milliards $ avait été accordé à Parmalat. Une enquête est aussi en cours à propos de la vente fictive de poudre de lait à Cuba pour une somme de 620 milliards de $, vente fictive dans laquelle un nombre de banques «respectables» sont impliquées.

Il y a déjà eu d’autres scandales en Europe (Vivendi en France, Scania en Suède, Ahold aux Pays-Bas). La plus grande entreprise italienne, Fiat, lutte pour sa survie après qu’une partie de son patrimoine ait été soustrait par la famille Agnelli. Chez Parmalat la fraude porte sur des montants plus limités que dans le scandale américain d’Enron il y a quelques mois, mais l’affaire Parmalat risque de frapper le coeur de la finance internationale.

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