5-6 mai: congrès de la FGTB flamande
Les 5 et 6 mai se tient le congrès de la FGTB flamande à Blankenberge. Le projet de texte à cette occasion est centré sur la situation économique actuelle et le marché de l’emploi. Prudamment, quelques alternatives sont mises en avant qui, à chaque fois, apparaissent bien bancales.
Un militant FGTB
Le texte se construit autour de la question de savoir si demain il y aura encore assez de travail et sur la manière de réagir face à la compétition croissante au niveau mondial. La FGTB flamande s’oppose à la soi-disant solution de la diminution des charges salariales. Mais ce n’est là que le premier paragraphe de l’introduction…
Il est nécessaire d’avancer des alternatives, tout autant que d’offrir une réponse offensive aux continuelles attaques néolibérales sur nos salaires et nos conditions de travail. Mais est-ce assez de décrire cette alternative comme "une économie intélligente qui investisse en rénovation" et avec "des chances égales face au travail"?
La logique patronale n’offre aucune alternative
La FGTB flamande dit dans son projet de texte qu’il y a aujourd’hui toujours plus de concurrence. Les entreprises cherchent à augmenter leur part de marché et ce sur le plan mondial. A cette fin, le patronat revendique une baisse des charges salariales (aussi bien nos salaires directs qu’indirects).
En réaction à cela, l’on trouve dans le texte que: "Concurrencer en fournissant des efforts d’austérité (sans limites) n’est pas une option pour nous, nous ne voulons pas participer à une spirale vers le bas. Ce n’est de plus pas réaliste: il est impossible de concurrencer en baissant nos salaires x fois. On ne gagne pas une part de marché seulement grâce au prix, mais également grâce au contenu. L’attractivité d’une région pour les investissements ne s’obtient pas seulement sur base de coût, mais aussi sur base de l’approvisionnement, de la créativité, de la qualité et des compétences". Ce n’est donc pas une option que de fournir des efforts d’austérité "sans limites".
Combien d’efforts d’austérité doit-il y avoir avant que celle-ci ne soit qualifiée de "sans limites"? Pourquoi, dans la réponse à l’argumentation patronale, ne met-on pas en lumière les profits records des entreprises et les salaires des top managers au sein des entreprises publiques comme privées? Le problème du projet de texte est qu’il démarre de la logique patronale qui peut se résumer à: comment peut on entretenir les profits?
Nous sommes ici à des kilomètres des objectifs de la FGTB. Même s’ils n’existent que sur papier, il est toujours utile de se référer à la déclaration de principes et aux statuts de la FGTB. Il y est toujours mentionné que la FGTB lutte pour "une société sans classes" et cela "par une transformation totale de la société". On se réfère là au système de démocratie ouvrière dans lequel les travailleurs décident eux-mêmes de l’orientation et de l’organisation de la production économique.
Le projet de texte de la FGTB flamande ne cherche que des méthodes pour entretenir les profits sans pour autant toucher aux salaires des travailleurs. Arrivent ainsi les visions "d’un manque d’investissement", de la nécessité d’accroître la recherche et le développement de la part des entreprises ou encore de se diriger vers l’exportation.
De l’emploi pour tous?
Le problème du chômage est crucial. Comment la FGTB flamande y réagit-elle? La revendication des 32 heures de travail par semaine sans perte de salaire et avec embauches compensatoires va-t-elle être le sujet d’une campagne syndicale offensive contre le chômage?
En lisant le projet de texte, il est clair que non. Nulle part on ne parle de diminution du temps de travail. "Mobilisation de tous les acteurs autour de l’emploi", "rendez-vous", création d’une "dynamique à des différents niveaux": bien des expressions de la langue de bois ministérielle parsèment le texte, mais de propositions concrètes, aucune. La FGTB flamande soutient-elle toujours la revendication de diminution du temps de travail? Si oui, pourquoi n’en fait on pas un point d’action?
Contre la “coopération” public-privé dans les services publics!
Un fait remarquable dans le texte de la FGTB flamande est qu’il n’y a aucune opposition aux projets de Partenariat Public-Privé (PPP) dans les services publics. Figure seulement la revendication d’un "cadre légal" qui doit se créer, dans lequel de tels projets sont "permis". Si le texte s’exprime contre les libéralisations, il se prononce uniquement sur le secteur de l’eau. Pourquoi les autres secteurs sont-ils absents?
Vis-à-vis de l’accompagnement des chômeurs par des entreprises privées, le texte dit que la FGTB est réservée sur ce point, mais propose d’évaluer cette expérience. "Ce n’est que si l’évaluation est positive que l’on peut parler d’un prolongement de cette expériencet". A nouveau, aucune revendication ne s’oppose radicalement à cette privatisation à peine déguisée.
Tout est subordonné à l’objectif d’augmenter le degré d’activité. Sous le sous-titre "point de vue" est écrit en toutes lettres: "Augmenter le degré d’activité est nécessaire pour rendre notre système de sécurité sociale performant et pour garder à niveau les pensions et autres allocations". On dirait là une copie exacte de l’argumentation du gouvernement et du patronat pour le Pacte des Générations! Comment peut-on aujourd’hui retrouver cela dans un texte de la FGTB? Les arguments du mouvement contre le Pacte des Générations sont-ils déjà oubliés?
“Travailler aux compétences”
Sous ce titre, une partie du projet de texte parle, entre autres, de l’enseignement. L’idée développée est qu’une position concurrentielle peut être sécurisée sur base des compétences des travailleurs. Par conséquent, l’enseignement est important et surtout "l’adaptation de l’enseignement au marché du travail".
On essaye de ne pas trop fâcher les membres de la CGSP-Enseignement en réclamant une "réforme de structure". Plus de moyens sont-ils revendiqués? Et cela sur base d’un mouvement dans l’enseignement avec le soutien des autres secteurs? Non, la réforme de structure se limite à la mention que l’enseignement "ne peut pas être sélectif, mais doit développer tous les talents". Bien d’accord, mais comment arracher cela?
Il faut une opposition contre les positions du sommet de la FGTB
Il faut repousser les points de vue du sommet de la FGTB exprimés dans ce projet de texte. Nous ne pouvons pas laisser passer cela! C’est d’un point de vue alternatif qui part des intérêts des travailleurs dont nous avons besoin, de véritables solutions comme la semaine de 32 heures sans perte de salaire, l’arrêt des privatisations, plus de moyens publics pour l’enseignement,… Et c’est à partir de cette lutte sur ces revendications que pourra se construire une alternative socialiste.