Interview d’Alain Van Praet
L’Alternative Socialiste a interviewé Alain Van Praet, l’un des initiateurs d’"Une autre gauche". Notre organisation soutien activement cette initiative afin qu’elle devienne une véritable force politique et sociale capable de s’opposer aux attaques du patronat et de donner une alternative crédible au néo-libéralisme.
Propos recueillis par Vincent Devaux
Peux-tu te présenter en quelques mots?
Je m’appelle Alain Van Praet. Je travaille dans une entreprise publique où je suis délégué syndical de la CSC-TRANSCOM.
Le 22 février, une carte blanche appelant à "Une autre gauche" paraîssait à votre initiative dans La Libre; qu’est-ce qui vous à décidé à prendre une telle initiative début 2006?
Freddy Dewille, également délégué syndical de la CSC-TRANSCOM, et moi-même étions une nouvelle fois frustrés. Frustrés de voir la mobilisation contre le "pacte des générations" orpheline d’un prolongement politique. Certes, la question d’un débouché politique pour le mouvement syndical en particulier, et les mouvements sociaux en général, est déjà ancienne. Mais l’atterissage forcé imposé par le sommet des organisations syndicales au combat engagé par les travailleurs, et la décision du gouvernement de ne pas tenir compte du rejet massif de ce "pacte", nous ont amené à tenter de pousser un "coup de geule". Celui-ci a pris la forme d’un appel à la constitution d’une nouvelle force politique à gauche du PS et d’ECOLO, que nous avons soumis à une série de "personnalités", et qui a finalement été publié comme "tribune libre" dans le journal La Libre Belgique (après le refus du quotidien Le Soir).
Quelles sont pour toi les prochaines étapes pour une telle formation et comment vois-tu l’articulation de l’initiative "Une autre gauche" avec celle prise par Jef Sleeckx en Flandres?
Pour le moment nous n’en sommes qu’aux balbutiements. Deux assemblées générales ont été organisées. Un tract destiné à être diffusé le 1er mai est en préparation. Des groupes de travail thématiques et régionaux devraient se constituer dans les prochaines semaines. Nous sommes donc entrés dans une phase de débat qui va probablement durer plusieurs mois: sur la manière de s’organiser, sur le programme, sur nos objectifs stratégiques à terme. Nous devrons également discuter, le moment venu, de la forme que prendra l’initiative : parti ou mouvement ? Nous sommes effectivement en contact étroit avec nos amis néerlandophones du "groupe Sleeckx".
Plusieurs d’entre eux ont d’ailleurs participé activement aux deux premières réunions organisées à Bruxelles. "L’appel du 1er mai" sera un appel commun. Plus fondamentalement, la constitution d’une alternative politique de gauche se pose au niveau national, car l’unité des travailleurs par delà la "frontière linguistique" est essentielle.
Quel rôle peuvent jouer selon toi les militants du MAS dans une telle initiative?
Plusieurs militants du MAS ont participé activement aux premières discussions, et je salue leur attitude constructive. J’attends du MAS, comme des autres formations d’extrême-gauche (POS, PC, PTB, …), un soutien appuyé. Personne ne doit renoncer à sa spécificité, mais il est temps que chacun abandonne ses replis identitaires et s’efforce de privilégier ce qui unit plutôt que d’adopter une attitude crispée à partir de ce qui divise. Le succès ou l’échec de l’initiative dépendra beaucoup de l’attitude des partis de la gauche radicale.