Mobilisation de locataires à Liège

La gestion des logements sociaux en Wallonie n’a pas cessé de faire parler d’elle. Après la Carolo, après Mons, voici Droixhe. Dans cette banlieue de Liège à la réputation de quartier chaud, la société de logements sociaux « Atlas » a entamé des travaux de rénovation des immeubles qui dominent le quartier.

Simon Hupkens

Jusqu’ici, il y a de quoi se réjouir. Après avoir laissé pourrir ses bâtiments, la société fait mine de s’en préoccuper. Les pouvoirs publics investissent enfin dans des logements sociaux de qualité! Pourquoi maintenant? Cela aurait-il un rapport avec le projet de céder une partie de la société à un investisseur privé hollandais?

Rien ne permet de le dire à l’heure actuelle mais on peut trouver étrange que le public rénove, juste avant de les céder au privé, des habitations sociales. Ceci dit, l’essentiel n’est pas là. Les locataires, qui avaient accueilli la nouvelle de façon plutôt positive, vont vite déchanter. la société Atlas ne les a pas du tout préparés à un chantier d’une telle ampleur. Ils découvrent qu’ils vont devoir vivre dans un appartement ouvert à tous les vents (les ouvriers remplacent notament les châssis de fenêtres) pendant souvent quatre à six semaines.

Les travaux prennent en effet vite du retard. L’entrepreneur a manifestement mal évalué la durée du chantier et les locataires en sont pour leurs frais. Conséquence d’un tel retard, les ouvriers bâclent le travail. Ils laissent les appartements à moitié finis, murs mal replafonnés, papier-peint et lino arrachés, portes et plinthes abimées.

Quelques mécontentements se font entendre chez les locataires. Mais Atlas a prévu de quoi calmer la grogne: la société a engagé quatre sociologues de l’université de Liège pour étudier les réactions des locataires face à la requalification.

Ces sociologues sont aussi chargés de rencontrer les locataires individuellement pour trouver une solution à leurs problèmes.

Officiellement du moins, car si on en croit les témoignages de locataires, ces entrevues sont plutôt destinées à les convaincre que leur sort n’est pas si dramatique. Devant l’inertie de la direction d’Atlas et devant son manque de volonté évident à rencontrer les attentes des locataires, quelques-uns d’entre eux ont décidé il y a quelques semaines de passer à la vitesse supérieure.

De concert avec quelques militants du MAS habitant le quartier, ils entreprennent de mobiliser les locataires. Constitué en comité auto-organisé « pour une meilleure requalification », ils organisent une assemblée – à laquelle participent une septantaine de locataires – et une campagne de presse très efficace dont le retentissement médiatise la lutte qui s’est engagée et met la pression sur la direction de la société de logements.

A la suite de cette première assemblée, il a été décidé de faire circuler une pétition pour demander principalement un logement de transit adapté pour chaque famille ainsi qu’une indemnité pour les dégâts inévitables occasionnés lors des travaux. Au travail depuis la mi-avril, locataires et militants récoltent les signatures et informent ceux qui ne sont pas encore concernés de la nature des travaux qui auront lieu chez eux. La rapidité avec laquelle les feuilles de pétition s’accumulent démontre que les locataires sont largement favorables à l’initiative.

Jusqu’ici, et malgré une invitation à la première assemblée de locataires, la direction d’Atlas n’a pas daigné se manifester. C’est pourquoi il a également été décidé d’appeler à un rassemblement le jour où le comité ira déposer les pétitions aux bureaux de la société.

Ceci afin de démontrer que cette mobilisation n’est pas le fait de quelques mécontents comme Atlas aimerait le faire croire, mais qu’elle implique l’ensemble des locataires. Nous savons pourtant que ni une pétition ni un rassemblement n’ont jamais poussé aucun pouvoir à respecter une volonté collective. Ce n’est que le début de la lutte.

Le défi du mouvement est actuellement d’organiser massivement les locataires, de trouver dans le quartier et au-delà les solidarités qui s’imposent et de voir comment la pression sur Atlas sera la plus efficace.

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