Chili. Le cabinet de Michelle Bachelet: "Dis-moi qui sont tes amis et je te dirai qui tu es"

Nous n’avons eu qu’un mois du nouveau gouvernement de Michelle Bachelet et nous pouvons déjà nous faire une idée claire de ce que seront les quatre prochaines années de ce gouvernement de « Concertación » (coalition). Ce sera une réplique des politiques des gouvernements de ces vingt dernières années – du néolibéralisme.

Celso Calfullan, Socialismo Revolucionario (CIO Chili)

Les travailleurs disent souvent, « Dis-moi qui sont tes amis et je te dirai qui tu es ». Ceci s’applique clairement au nouveau gouvernement de coalition de la présidente « socialiste », Michelle Bachelet. Son équipe sera dominée par trois figures principales. D’abord, le ministre de l’emploi, Andrés Velasco. C’est un ardent défenseur des politiques néolibérales appliquées durant les 16 dernières années. En fait, il est l’un des principaux partisans idéologiques de ces idées. Deuxièmement, il y a la pernicieuse figure d’Andrés Zaldivar, qui durant toute sa vie politique (et non juste les 16 dernières années), a défendu des politiques douloureuses pour la classe ouvrière. Il suffit de se rappeler que sous le gouvernement d’Unité Populaire d’Allende, au début des années ’70, Zaldivar était l’un des premiers, à l’intérieur de la Démocratie Chrétienne (DC), à défendre le coup d’état militaire de Pinochet. Ensemble avec Patricio Alywin, il représentait une des ailes les plus réactionnaires de la Démocratie Chrétienne.

La troisième figure est celle d’Alejandro Foxley, qui a été précédemment Ministre de l’emploi et également responsable de politiques douloureuses pour la classe ouvrière. Aujourd’hui, il vient d’être proposé comme ministre des affaires étrangères. Foxley est très pro-impérialiste et est un fervent défenseur de l’Accord de Libre Echange des Amériques (ALENA) avec les Etats-Unis. Sa nomination a clairement été proposée pour essayer de satisfaire l’administration américaine, les compagnies nationales et multi-nationales, qui veulent exporter les matières premières du pays pour une bouchée de pain.

Ces trois personnes conduisent et dirigent le rythme du gouvernement Bachelet. Si quelqu’un à gauche croit encore, qu’avec ces gens « un tournant à gauche » voire même des politiques plus radicales vont prendre place, il ne comprend pas ou ne veut pas comprendre ce qui est en train de se passer.

Continuer à placer des espoirs dans le gouvernement Bachelet est une grosse erreur et commettre cette erreur n’aide pas à construire une réelle alternative de gauche.

Entretenir les attentes des pauvres et des travailleurs envers ce gouvernement (leur dire que ce gouvernement serait différent du précédent), c’est mentir aux gens. L’intégration par les membres de la Concertatión dans le capitalisme est bien trop grande pour espérer que les nouveaux ministres du gouvernement rompent avec le système. Des politiciens comme Velasco et Foxley vont appliquer des politiques néo-libérales qui ont d’abord été appliquées par la dictature de Pinochet et ensuite par les anciens gouvernements de Concertación, tout comme Michelle Bachelet.

Le temps écoulé est-il trop court pour émettre un jugement?

Il est suffisant de regarder la constitution du cabinet pour voir que rien ne peut être attendu du gouvernement Bachelet par les masses. Tous les ministres sont pro-business et la Concertación l’a démontré durant les seize dernières années. En temps que Sénateur et actionnaire des compagnies de pêche, Andrés Zaldivar en est un exemple clair. Il a défendu les intérêts de sa classe. Pourquoi devrait-il changer maintenant qu’il est ministre?

Sous le gouvernement Bachelet, nous voyons une alliance d’intérêts accrue entre la Concertación et les larges groupes économiques nationaux et multi-nationaux. Espérer quelque chose de différent c’est déjà étendre l’espoir bien trop loin, en dépit des déclarations de certains leaders du sommet du parti dirigeant qui se disent à « gauche », ou se définissent comme de « gauche extra-parlementaire ».

Quels ont été les premiers signaux donnés par ce gouvernement?

Les sans-abris de Peñalolen ont organisé une occupation de terres pour exiger une solution à leur problème de logement et la réponse ne se fit pas attendre : ils ont été réprimés violemment, accusés et traités comme des délinquants. Ensuite quand il se sont mobilisés à la Moneda (le palais présidentiel) pour être écoutés par la présidente « flambant neuve », elle a refusé de les entendre. D’un autre côté, dans ces mêmes jours, les dirigeant de l’UDI ont été reçus par Michelle Bachelet, le parti le plus réactionnaire de la droite et des patrons, fervent défenseur de la dictature et de Pinochet, a les portes grandes ouvertes de la Moneda, alors que les travailleurs ou les couches les plus précarisées qui désirent être écoutées par les nouvelles autorités, ne les ont pas.

Ceci serait les changements dont parlait la nouvelle présidente quand elle était candidate – ajoutant qu’on ne pouvait avoir de confiance dans la droite- ou serait-ce la Concertación du moindre mal, comme nous disait une partie de la gauche?

Il est évident que nous aurons quatre années de plus de la politique que nous avons eu à subir jusqu’à aujourd’hui. Malheureusement, la classe ouvrière ne peut compter sur un parti qui la représente et qui lutte résolument pour nos droits. Il est clair que les travailleurs ne sont pas représentés dans ce gouvernement qui suivra une ligne pro-patronale comme l’ont fait les précédents gouvernements de Concertación. C’est la raison pour laquelle nous ne pouvons avoir aucune confiance en celui-ci, ni dans les partis qui le soutiennent.

La tâche fondamentale des travailleurs et des couches pauvres dans la prochaine période, en même temps que nous luttons pour nos revendications concrètes, est de travailler à la construction d’un parti des travailleurs qui ne crée pas de faux espoirs dans une soi-disant « aile progressiste » gouvernementale qui pourrait améliorer les conditions de vie de la classe ouvrière ; espérer cela sous le capitalisme est une véritable utopie. Nous, travailleurs, devons lutter résolument pour en finir avec ce système et pour construire une société démocratique et socialiste.

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