Dans un article précédent, nous avions déjà détaillé le contenu du plan de financement de Vandenbroucke pour l’enseignement supérieur en Flandre. Lors du lancement du plan, Vandenbroucke était absolument convaincu que ni les organisations d’étudiants ni les syndicats ne seraient capables de mobiliser. Aujourd’hui, il doit déchanter. La manif du 16 mars a inauguré toute une série de manifestations régionales. On avait espéré 500 participants à Bruxelles. Finalement, ils étaient plus de 2.000 à s’opposer publiquement à ce nouveau décret de financement pour l’enseignement supérieur.
Stefanie Lagae
Cette manifestation résultait de la pression exercée par la délégation FGTB et les Etudiants de Gauche Actifs (EGA – organisation étudiante du MAS) représentés au conseil social à la VUB. Le délégué principal de la VUB est d’ailleurs membre du Mouvement pour une Alternative Socialiste. A la VUB, une action de protestation contre ce plan était nécessaire. Vandenbroucke affirme que son plan ne sera d’application qu’à partir de 2008. Il espère ainsi que les institutions vont appliquer par elles-mêmes les mesures d’assainissements. Nous devons résister!
Le succès de la manifestation démontre une grande colère suite à ces attaques sur un secteur déjà sous-financé depuis des années. Le budget pour l’enseignement supérieur en Flandre est de 1,15 milliard d’€ alors que Dexia a réalisé, cette année, un profit de 1,2 milliard d’€.
Vandenbroucke choisit carrément de tourner le dos à la ‘démocratisation’. L’enseignement n’est plus pour lui un droit pour tous, ni un moyen de réalisation des talents de chacun(e) mais une marchandise au service des entreprises et du marché du travail. Il se réfère aux accords AGCS (Accord Général sur la Commerce de Services) pour expliquer la nécessité de ce plan. L’AGCS est une directive néolibérale de l’OMC (Organisation Mondiale de Commerce) qui vise à la privatisation des services. C’est de là que vient le concept de financement « output » (déterminé par le nombre de diplômes et de doctorats au lieu du nombre d’étudiants). En clair, à l’avenir, les institutions auront à chercher des moyens dans le secteur privé et reporter les coûts sur l’étudiant.
Grâce à notre action, la discussion sur le plan Vandenbroucke a été abordée pour la première fois dans la presse. Le ministre de l’enseignement flamand se sent déjà poussé à faire marche arrière et a déclaré ne pas “être marié avec ce plan”… Mais ce n’est pas encore gagné. La presse n’a certainement pas clarifié ce débat. Ils ont donné l’impression que seules les institutions de Bruxelles seraient perdantes et que le budget global pour l’enseignement ne diminuerait pas. C’était jouer le jeu de Vandenbroucke qui voulait diviser pour mieux régner. La presse affirmait également que «la qualité de l’enseignement souffrirait du financement “output” puisque les institutions seraient incitées à diminuer la qualité de l’enseignement en bradant les conditions d’obtention des diplômes”.
Les membres du personnel et les étudiants présents à la manif du 16 mars ont prouvé avoir une meilleure compréhension des conséquences de ce plan. En revendiquant “plus de moyens pour l’enseignement et la recherche” ou encore “7% (voire plus) du produit intérieur brut pour l’enseignement”, ils ont démontré que non seulement ils rejettent ce plan, mais qu’en plus, ils veulent mettre en avant des revendications offensives. Ils ont clairement fait savoir que les institutions ne désirent pas entrer en compétition pour un morceau de gâteau mais qu’elles sont prêtes à se battre pour le contrôle de toute la boulangerie.
On en a assez du sous-financement structurel! De nouvelles manifestations suivent, celle de Bruxelles, à Anvers le 29 mars et à Gand le 27 avril. A la rentrée prochaine (probablement en octobre), nous projetons d’organiser une manifestation à Louvain. Il faut détruire l’illusion que les étudiants de Louvain sont d’accord avec le plan. L’organisation d’une grande manifestation nationale est envisagée pour revendiquer « 7% du PIB pour l’enseignement!»
Il est de plus en plus clair que notre génération devra lutter pour son avenir. Aujourd’hui, 1 jeune sur 8 n’a pas de diplôme du tout. Un enseignement supérieur plus élitiste, l’objectif du plan Vandenbroucke, va encore aggraver la situation alors que Vandenbroucke lui-même admet qu’un diplôme est plus que jamais important. L’enseignement supérieur francophone est également menacé par de nouvelles économies. Le mercredi 22 mars, une manifestation s’est déroulée contre le nouveau décret de la ministre Simonet qui veut introduire des quotas pour les étudiants étrangers afin de diminuer les budgets des institutions francophones (voir article ci-contre).
A toutes ces attaques, mais aussi celles sur les pensions, les salaires, les allocations, nous devons répondre unitairement! Tout les acquis obtenus par les luttes passées sont visés aujourd’hui par la politique néo-libérale. Les Etudiants de Gauche Actifs veulent unifier la résistance et la lier aux luttes des travailleurs. Ne restez pas sur le côté: adhérez à EGA et rejoignez la lutte pour un enseignement gratuit et de qualité pour tous!
Visitez le site Web des Etudiants de Gauche Actifs!