Vers des actions de blocage du sommet européen de décembre à Bruxelles

L’Europe reste la région la plus affectée par la crise mondiale du capitalisme et se trouve confrontée à une perspective de crise généralisée à long terme. Les capitalistes et leurs politiciens n’ont aucune solution. Les politiques d’austérité barbares contre la population ont amplifié les problèmes et atrophié la croissance. Les fermetures d’usines et plans de restructuration s’enchaînent. Le chômage se chiffre à 12,2 % de la population active pour la zone euro, 1 million de travailleurs sans emploi de plus qu’il y a un an ! Les pays les plus touchés restent l’Espagne et la Grèce où plus d’un actif sur quatre – et nettement plus d’un jeune sur deux – est au chômage. L’Italie est également tristement frappée par un taux record de 12,5%.

Par Boris Malarme

Un scénario à la japonaise pour la Zone euro ?

En octobre, l’inflation moyenne dans les dix-sept pays membres est tombée à 0,7 %, contre 1,1 % un mois plus tôt. L’inflation sur un an est ainsi tombée à 0 % en Espagne et au Portugal et à -1,9 % en Grèce. L’emprise dominante au sein de la zone euro du capitalisme allemand, qui a imposé la diète et les baisses de salaires aux autres pays, a entrainé un plus grand déséquilibre au sein de celle-ci et représente un facteur important. Ajoutons à cela la hausse de l’euro par rapport aux principales devises depuis l’été 2012, ce qui impacte les exportations de la France, de l’Italie et de l’Espagne.

C’est dans ce contexte que la Banque Centrale Européenne a, d’une part, décidé d’un assouplissement monétaire en baissant son taux directeur à 0,25% et de prolonger l’allocation illimitée de liquidités aux banques afin de hausser les prix pour avoir une inflation qui tend vers l’objectif des 2%. D’autre part, la Commission s’en prend à l’excédent commercial de 7% en Allemagne, s’alignant ainsi sur la position du FMI et des Etats-Unis. Une illustration des tensions croissantes entre les divers pays capitalistes où les rivalités d’intérêts s’accroissent en période de crise.

La zone euro est-elle en voie de ‘‘japonisation’’? Cette formule pose une question réelle pour la zone euro : va-t-elle plonger dans une spirale déflationniste anesthésiant l’activité, avec une baisse des prix, des salaires, des investissements et de la consommation, et surenchérissant le coût auquel les Etats se financent comme l’a connu le Japon ces deux dernières décennies ? Ainsi l’establishment est hanté par cette idée qui entrainerait une longue période de croissance atone et de chômage de masse.

Un virage politique vers la droite en Europe?

Tel est probablement le sentiment de beaucoup de monde pour le moment. L’atmosphère de grèves générales au Sud de l’Europe semble s’être temporairement éloignée et une vague de succès de divers partis d’extrême-droite ou de droite populiste pourrait se profiler à l’horizon pour les élections européennes de mai 2014.

Le manque d’alternative issue du mouvement des travailleurs pourrait temporairement profiter à diverses formations de droite eurosceptiques, populistes ou néo-fascistes capitalisant sur le mécontentement croissant face à l’austérité et l’Union Européenne. Un récent sondage plaçait Marine Le Pen du Front National en tête pour les prochaines élections européennes. Un sondage en septembre donnait Geert Wilders du PVV gagnant aux Pays-Bas. Profitant de cela, ils ont annoncé mi-novembre une alliance en vue des prochaines élections européennes et la volonté de former une fraction ‘‘euro-critique’’ au parlement européen.

L’UKIP en Angleterre, qui pourrait également progresser sérieusement en mai prochain, ne souhaite pas rejoindre la nouvelle alliance. Marine LePen et Geert Wilders se tournent vers le FPÖ en Autriche qui a obtenu plus de 20% des voix lors des dernières élections, la Ligue du Nord en Italie, le Vlaams Belang en Belgique, les ‘‘démocrates suédois’’ ou le Parti du peuple danois. Ce danger d’une extrême droite renforcée est bien réel. Mais en déduire que le mouvement des travailleurs est défait serait une dangereuse erreur d’appréciation. Le mouvement ouvrier en recul ?

Le 14 novembre 2012, la résistance à l’austérité prenait une nouvelle ampleur avec une première journée de manifestations et de grèves coordonnées en Europe, y compris des grèves générales en Espagne et au Portugal. C’est surtout la Grèce qui a connu une résistance phénoménale des travailleurs pour faire reculer les attaques avec 31 grèves générales en 3 ans dont quatre de 48h.

Partout, les travailleurs ont été confrontés aux limites de leur direction syndicale et à leur incapacité à obtenir des succès. Mais les luttes ne se développent pas en ligne droite. Elles connaissent des hauts et des bas. En général, la force potentielle immense du mouvement des travailleurs et sa capacité restent intactes en vue des explosions sociales qui nous attendent.

Des luttes généralisées peuvent faire reculer l’extrême-droite. Les grèves récentes des éboueurs à Madrid ou celles des chauffeurs de bus à Gênes contre les privatisations sont des indicateurs de la combativité qui se développe à la base dans des sections plus larges de travailleurs.

Le discrédit des partis traditionnels est phénoménal. Depuis 2010, presque chaque gouvernement a été vaincu lors des élections. La victoire de Merkel en Allemagne semble l’exception. Un accord comprenant l’introduction d’un salaire minimum pour une coalition avec les sociaux démocrate du SPD semble aboutir, une condition liée aux résultats catastrophiques engrangés par le SPD et à la pression du mouvement ouvrier. L’un après l’autre, les pays sont confrontés à l’instabilité et aux crises politiques.

Le gouvernement de Letta n’est pas capable de passer à une véritable offensive frontale contre les travailleurs italiens. Le gouvernement de François Hollande, président recordman de l’impopularité, craint la réaction des travailleurs français quand il commencera à introduire des attaques plus dures.

Au Portugal, la coalition de droite a été à deux doigts de voler en éclats à plusieurs reprises. Le coup de grâce aurait pu lui être porté après la grève générale du 27 juin dernier qui revendiquait explicitement sa chute. Cela aurait été vraisemblablement le cas si le syndicat CGPT avait appelé à une nouvelle grève générale de 48h pour y arriver.

A la question de faire tomber un gouvernement se lie la question du besoin d’un gouvernement des travailleurs. Les faiblesses des nouvelles formations de gauche se fait ressentir. Partout en Europe existe le besoin de partis de masse des travailleurs munis d’un programme socialiste défendant l’annulation des dettes et la nationalisation des secteurs clés de l’économie.

D19-D20, une alliance inédite entre producteurs de lait et syndicalistes en vue du blocage du sommet européen

Tout le monde se souvient des images spectaculaires des producteurs de lait confrontés aux bas prix octroyés par les multinationales de la distribution. Munis de tracteurs, ils ont déversé 15.000 litres de lait sur le parlement européen à Bruxelles en novembre dernier. Ils avaient promis de revenir si rien n’était fait.

C’est pourquoi ils étaient présents à la journée de grève et à la manifestation nationale des services publics du 24 juin dernier, qui avait rassemblé avec la manifestation bruxelloise contre le traité européen d’austérité (TSCG) environ 5000 travailleurs. Les producteurs de lait y ont tenu un discours pour des actions communes des agriculteurs et des syndicalistes contre l’austérité et la politique néo-libérale en Europe.

Trois assemblées ont pris place depuis, qui ont concrétisé l’alliance D19-D20. Les producteurs de lait, la CGSP-ALR Bruxelles, la CNE et les Comités Actions Europe sont au coeur de l’initiative. Le PSL soutient et participe. D’autres organisations sont impliquées comme le MOC Bruxelles et Charleroi, La JOC, les étudiants FGTB, le CADTM et Oxfam.

A la première assemblée, les représentants des producteurs de lait ont expliqué qu’ils étaient victimes de la crise et de l’austérité comme les travailleurs, qu’ils subissaient la fermeture de plus d’un millier de fermes chaque année avec la libéralisation de l’agriculture, tout comme les travailleurs subissent les fermetures d’usines, et qu’il ne fallait pas lutter de façon isolée.

A leurs côtés ont participé des secrétaires syndicaux de la CGSP-ALR, de la CNE et de la CSC-Bruxelles ainsi que des militants et délégués de divers secteurs. Le TSCG, les coupes budgétaires, les privatisations, les licenciements dans la fonction publique, le statut unique ouvrier-employé sont autant de raisons qui ont été exprimées pour se battre contre le gouvernement le 19 décembre prochain. L’idée que des manifestations ‘‘promenades’’ sans lendemain ne suffisent pas et qu’il est temps de passer à des actions plus combatives est débattue.

Ainsi, le 19 décembre les actions commenceront dès 7h du matin. Divers blocages des axes vers le rond-point Schuman prendront place. Participez avec le PSL à ces actions ! Prenez contact avec nous !

Blocages D19-20, rdv 7h

  • Bld de L’Impératrice-Arenberg (à proximité de la Gare Centrale)
  • Botanique – Rue Royal (à proximité de Botanique)
  • Rue Bélliard – Av des Arts (à proximité de Trône ou Arts-loi)
  • Avenue d’Auderghem – Rue Belliard (à proximité de Schuman)
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