Titres-services : Faisons-en un service public !

Le système des titres-services a été introduit il y a dix ans par Frank Vandenbroucke, alors ministre SP.a de l’Emploi. Le but de la mesure était de s’en prendre au travail au noir en tirant 25.000 travailleurs hors de l’économie souterraine. Depuis lors, le système englobe 180.000 travailleurs et représente 4,3% de l’emploi en Belgique. Ce processus de ‘‘blanchiment’’ des services à domicile peut être totalement renversé par le tsunami d’austérité.

Par Jef Maes, militant CSC-Alimentation et Services

En janvier 2013, le prix d’un titre-service a été augmenté d’1 euro, une autre augmentation de 50 cents surviendra au Nouvel An, le prix unitaire sera donc de 9 euros. En juillet, la déductibilité fiscale par personne a été réduite de moitié. Pas un seul cent de ces revenus supplémentaires ne reviendra aux sociétés de titres-services, et encore moins aux travailleurs.

En outre, le gouvernement a lancé une offensive contre certaines entreprises et le nombre de travailleurs a considérablement été réduit. Mais si le succès des titres-services comporte un coût élevé, ce n’est pas dû aux travailleurs (partiellement) subsidiés. Dans les faits, ces derniers financent en partie leur propre salaire avec leurs impôts et leurs cotisations sociales. Pour les partis traditionnels, les faiseurs d’opinion, les académiciens, etc. les titres-services sont avant tout regardés d’un point de vue budgétaire. Nous soutenons pour notre part le point de vue syndical, qui considère les choses à partir des travailleurs.

Les employeurs s’inquiètent d’ailleurs eux aussi de la volonté du gouvernement de réduire l’ampleur du système. Plusieurs sociétés de titres-service se sont réunies dans une nouvelle fédération : Unitis. Nathalie Garcia-Hamtiaux, présidente d’Unitis, a notamment déclaré : ‘‘Nous représentons tous les acteurs du secteur. Maintenant que nous nous sommes trouvés les uns les autres, nous pouvons aller ensemble à la bataille. Si rien ne change, dans les deux années à venir, la plupart de nos entreprises auront fermés leurs livres de compte et nous nous retrouverons avec 130.000 chômeurs de plus.’’

Les syndicats, pour leur part, trouvent qu’il est temps d’enfin faire quelque chose – au bout de dix ans – concernant la faible rémunération et les médiocres conditions de travail qui sont monnaie courante dans le secteur. Une augmentation des salaires bruts et un système de barèmes d’ancienneté devraient augmenter le pouvoir d’achat des travailleurs. Le système de remplacement devrait être plus simple et les remboursements de frais divers (voyage,…) plus réalistes. Il devrait également y avoir des mesures spécifiques pour la charge de travail des plus de 45 ans et de meilleures garanties pour les travailleuses enceintes.

Le PSL a critiqué le système des titres-services depuis son introduction. Une idée progressiste – créer un service pour les parents qui travaillent (surtout pour les mères) et pour réduire le travail domestique – a été éclipsée par les pires contrats, conditions de travail et salaires possibles. Les entreprises privées ne s’investissent dans le secteur que pour amasser leur profit, chose quasiment irréalisable sans une combinaison de bas salaires, de mauvaises conditions de travail et de subventions salariales élevées. Ces emplois sont toutefois nécessaires, tant pour les travailleurs engagés (majoritairement des femmes) que pour les familles de travailleurs qui recourent au principe. Plutôt que de limiter ce service aux seules familles qui seront encore en mesure de se le permettre, il faudrait au contraire pouvoir permettre à chaque famille qui en a besoin de pouvoir en faire usage. Mais créer un bon service, stable et abordable, tout en offrant des conditions de travail et de salaire décentes n’est possible qu’en passant par la transformation du secteur en un service public avec des emplois statutaires.

Disposer de services publics sous la forme de blanchisseries et d’ateliers de repassage, d’une expansion des services de nettoyage à domicile, de cantines de qualité sur les lieux de travail, dans les écoles et dans les quartiers, de structures d’accueil pour les enfants de tous âges, pour les malades, les personnes âgées et handicapées,… transformerait fondamentalement la vie des familles et de très nombreuses femmes. Pour offrir cela à tous ceux qui en ont besoin, nous devrons lutter pour arracher les moyens nécessaires.

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