Forbes s’insurge contre le succès d’une socialiste

Même si les votes n’ont pas encore tous été comptés et que les campagnes pour assurer qu’ils le soient tous sont en pleine effervescence, le magazine Forbes s’insurge contre l’élection d’une socialiste au conseil municipal de Seattle. Le 11 novembre, le magazine a publié le commentaire suivant, signé par Alex Berezow : « Pourquoi autorise-t-on une socialiste à enseigner l’économie ? ». Une attaque ridicule sur les idées socialistes.

Jesse Lessinger, 13 novembre 2013

Si vous en avez assez de cette propagande de droite pro-capitaliste, si vous voulez donner à Fox News et à Forbes plus de raisons de s’arracher les cheveux face à une socialiste se battant pour un salaire minimum de 15$ de l’heure, pour un contrôle des loyers, et contre la mainmise des corporations sur la politique et la société, alors aidez-nous : nous devons mener une vaste campagne post-électorale pour garantir que tous les votes pour Kshama Sawant soient validés.

Des centaines de volontaires font du porte à porte pour obtenir les signatures des électeurs et s’assurer que leurs votes soient comptabilisés. Il s’agit d’une opération supplémentaire pour remporter une course très serrée, Khsama n’ayant que 41 (un peu plus de 1000 à présent) votes d’avance sur son adversaire démocrate.

Hystérie anti socialiste

La diatribe imbécile et anti socialiste d’Alex Berezow dirigée contre Kshama Sawant et un symptôme de l’abrutissement général du capitalisme américain. L’article, publié à la base sur realclearscience.com, n’apporte rien de réel, de clair ou de scientifique, et l’hystérie anti rouges de Berezow est dans la droite lignée de celle de McCarthy.

Il débute son article en admettant que l’économie est réputée comme une « science lugubre », et qu’au mieux, les économistes ne peuvent que s’approcher de « quelque chose qui ressemble à de la connaissance scientifique ». Berezow s’est-il penché sur les 5 dernières années de stagnation économique et de désordre global ?

Les économistes traditionnels (c’est-à-dire capitalistes) n’ont aucune idée des origines ou des solutions qu’il est possible de donner à la crise actuelle du capitalisme. Ils sont restés aveugles aux tendances et aux processus qui ont mené à la plus grande crise économique depuis les années ’30. Au contraire, les économistes socialistes comme Sawant ont correctement prédit la crise économique actuelle et ont mis en avant de réelles solutions pour nous sortir de la stagnation et de la récession.

Berezow régurgite le vieil argument selon lequel le capitalisme motive les gens à travailler. Alors pourquoi des milliers de travailleurs des fast-foods font-ils grève pour un salaire de 15$ de l’heure et le droit de se syndiquer ? N’est-il pas évident que lorsque les travailleurs comme ceux des fast-foods et autres secteurs ont un salaire de misère et n’ont droit ni à la parole et au respect sur leur lieu de travail, ils n’en ont rien à faire de leur travail ?

Travailler plus dur ne nous fait pas gagner un centime de plus, alors où est la motivation ? La fameuse d’échelle vers le succès économique n’a qu’un échelon, un échelon brisé, et nous sommes coincés dans une fosse de désespoir économique. Pendant ce temps, les oligarques milliardaires de la finance, qui n’apportent rien à la société autre qu’un désastre économique pour lequel ils ont été remboursés, continuent à s’asseoir sur leurs énormes derrières et à regarder leurs comptes se remplir. Il y a 165 ans, l’argument selon lequel le socialisme engendrerait une paresse universelle a été contré par un étudiant de la « science lugubre » nommé Karl Marx, qui a écrit « Si cela était, il y a beau temps que la société bourgeoise aurait péri de fainéantise puisque, dans cette société, ceux qui travaillent ne gagnent pas et que ceux qui gagnent ne travaillent pas. » (Manifeste du parti communiste)

Tout le contraire de la « vérité » de Berezow. En donnant aux travailleurs la compensation qu’ils méritent ainsi qu’un véritable pouvoir décisionnel et la propriété de leur travail, de leur communauté et de la société, nous pouvons puiser dans les énormes ressources d’énergie, de créativité et de potentiel humain dormants, et les diriger vers des besoins sociaux rationnels. Jetez un œil au travail de recherche de Dan Pink sur ce qui motive vraiment les gens à travailler : (http://www.youtube.com/watch?v=LFlvor6ZHdY)

Berezow revendique que les dizaines de milliers de travailleurs qui ont été inspirés par la campagne de Kshama car quelqu’un parle enfin de leur lutte quotidienne et veut établir des politiques qui améliorerait vraiment leurs vies sont juste « dupés ». Non seulement pense-t-il que vous ne méritez pas 15$ de l’heure, il dit aussi que vous êtes stupides de penser que vous le méritez.

Malgré le manque total d’approfondissement dans les propos de Berezow, nous devons les voir comme un signal : quand des socialistes et des travailleurs élèvent leurs voix contre ce système pourri et exigent un réel changement, ils font face à la sournoiserie et à la condescendance de l’élite dirigeante et de ses hommes de main. Au lieu de débattre des sujets brûlants de notre société, ils tentent de nous réduire au silence et de nous discréditer.

Mais nous ne nous laisserons pas faire. Nous sommes à un doigt de remporter une victoire historique pour les travailleurs et nous avons besoin de votre aide. Les élections sont si proches et nous devons nous battre pour que chaque vote soit comptabilisé. Cela nécessite d’énormes ressources et plus de participants, il est donc urgent que vous fassiez un don pour notre campagne aujourd’hui.

La vision faussée de la réalité entretenue par des commentateurs tels que Berezow n’est égalée que par la dureté et la volonté de tromper des représentants politiques de ce système en ruines vénérant le profit. Mais la campagne de Kshama représente un nouvel espoir qui prouve que nous pouvons défier des années de négligence et d’indifférence, et élever nos voix pour revendiquer ce dont nous avons besoin. Nous n’avons plus à nous asseoir en silence. Il est temps de reconstruire des mouvements sociaux issus de la population aux Etats-Unis, pour un changement réel. Rejoignez-nous !


Article original de Berezow:

Pourquoi autorise-t-on une socialiste à enseigner l’économie ?

Alex Berezow, 11 novembre 2013

Nous ne faisons pas une couverture régulière de l’économie car elle n’est pas traditionnellement considérée comme une science. De plus, elle génère trop souvent des recherches et des commentaires qui relèvent plus de l’ésotérisme qu’autre chose. C’est en grande partie pour ces raisons que l’économie est souvent considérée comme une « science lugubre » et que le président Harry Truman voulait rencontrer un économiste manchot (il disait que les économistes utilisaient toujours la formule «on one hand (…), and on the other hand (…) »).

Cependant, l’économie peut fournir de puissants aperçus des comportements du marché. En effet, les économistes de différentes écoles ont réussi à atteindre un consensus sur de nombreuses questions majeures, nous pouvons donc dire que cette matière s’est développée pour devenir quelque chose qui ressemble à de la connaissance scientifique.

Un de ces aperçus, c’est que les gens répondent à des stimuli. SI j’offre 50$ à un adolescent pour tondre ma pelouse, et 25$ de plus pour couper les buissons, alors je peux m’attendre à débourser 75$. J’ai juste donné à mon petit aidant un joli stimulus, et il y a de grandes chances qu’il y réponde. Cet aperçu du comportement humain est si basique et évident qu’il est listé dans les principes fondateurs de l’économie par l’économiste de Harvard Greg Mankiw dans son manuel Principes d’Economie.

Malheureusement, les socialistes n’ont jamais appris cette leçon. Dans une économie socialiste, les stimuli ne jouent qu’un petit rôle, voire aucun. Ainsi, comme l’écrit l’économiste de l’Université de Michigan-Flint Mark J. Perry, « Parce qu’il ne met pas l’accent sur les stimuli, le socialisme est une théorie qui ignore la nature humaine, et est donc vouée à l’échec. »

Et pourtant, aussi choquant que cela puisse paraître, on trouve régulièrement des socialistes sur les campus universitaires. Kshama Sawant, professeur d’économie au Central Community College de Seattle, embrasse ouvertement le socialisme. Elle participe aussi aux élections pour le conseil communal de Seattle, et selon les derniers retours, elle aurait obtenu 49,5% des voix. Avec tous les votes qu’il reste à comptabiliser, elle peut encore gagner.

Par quels moyens imaginable quelqu’un qui rejette des connaissances académiques élémentaires peut-il se retrouver si près du poste de conseiller municipal ? Encore plus troublant, comment quelqu’un avec les mêmes croyances qu’elle peut être autorisé à enseigner l’économie ? Cela reviendrait à autoriser un négationniste du SIDA à enseigner la microbiologie médicale, un membre du Mouvement pour la vérité sur le 11 septembre à enseigner la politique étrangère, ou un créationniste à enseigner la théorie de l’évolution (étonnamment, la biologiste Lynn Margulis de l’UMass-Amherst réunit ces deux premières qualités !).

A quel point le Dr. Sawant n’est-elle pas une politicienne mainstream ? Elle est en faveur de la collectivisation d’Amazon. « Collectiviser » est un joli mot employé par les socialistes pour désigner la saisie d’une entreprise et donner le contrôle des opérations au gouvernement.

Si le fait que le Dr. Sawant est une socialiste n’était pas suffisamment mauvais en soi, elle soutient également une politique terriblement destructrice appelée « contrôle des loyers ». Cette politique peut revêtir différentes formes, mais essentiellement, les propriétaires ne sont pas autorisés à adapter les loyers de leurs appartements aux taux du marché. Cela semble une bonne chose pour les locataires, mais le docteur Mankiw, qui cite une thèse de 1992 publiée dans l’American Economic Review, affirme que 93% des économistes rejettent le contrôle des loyers car cela « réduit la quantité et la qualité des logements disponibles ». Le professeur de l’Université de Chicago Charles Wheelan, auteur de Naked Economics, approuve :

« Si vous demandez à 10 économistes pourquoi il y a un manque de taxis et d’appartements à New York, les 10 vous répondront que les limitations du nombre de taxis et le contrôle des loyers sont ce qui restreint le nombre de ces biens et services ».

Il y a deux questions auxquelles je ne recevrai probablement jamais de réponse rationnelle.

De un, comment le Central Community College de Seattle peut-il autoriser le Dr. Sawant (oui, elle a vraiment un diplôme d’Economie) à entrer en contact avec des étudiants ? De deux, je m’adresse aux habitants de Seattle, comment l’une des villes les mieux éduquées d’Amérique peut-elle être ainsi dupée ?

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