Réduction de la TVA sur l’électricité : au-delà des apparences

Lors du dernier conclave budgétaire, le ministre Johan Vande Lanotte a eu une idée : une baisse de la TVA sur l’électricité, passant de 21% à 6%. Un cadeau de Noël anticipé pour les nombreuses familles qui croulent sous les factures d’énergie trop élevées, mais aussi un cadeau empoisonné, avec un retour de manivelle pernicieux.

Par Tim (Bruxelles)

On ne peut pas féliciter le ministre Vande Lanotte de faire preuve de créativité : l’idée d’une réduction de la TVA sur l’électricité n’est pas née du cerveau de l’Empereur d’Ostende, mais provient du PTB, qui considérait cette mesure comme étant de nature à lutter contre les tarifs trop élevés de l’énergie. La logique est différente chez Vande Lanotte et le gouvernement : eux considèrent la mesure plutôt comme un moyen de postposer l’indexation automatique des salaires : cette réduction de la TVA permet de reculer de 4 mois le prochain saut d’index. ‘‘Les profanes voient les apparences, les connaisseurs voient les astuces’’, disait l’écrivain chinois Jian Zilong. Et effectivement, si la réduction de la TVA doit rapporter entre 50€ et 100€ par an en moyenne à un ménage, cette même réduction causera une perte d’environ 500€ à cause du saut d’index retardé… Après que le gouvernement ait déjà chipoté plusieurs fois à l’index, il espère avec cette réduction de la TVA postposer un saut d’index jusqu’après les élections.

En soi, au PSL, nous ne sommes pas opposés à une réduction de la TVA, encore moins sur l’énergie. La TVA est une taxe asociale, parce qu’elle touche plus durement les salaires les plus modestes en comparaison des salaires plus élevés. Le problème, c’est que le gouvernement ne prévoit pas de combler les baisses de recettes engendrées par cette réduction avec d’autres taxations plus correctes. Les 600 millions d’euros que le gouvernement perdra en TVA devront alors être trouvés ailleurs, avec de nouveaux assainissements dans les services sociaux et les services publics.

Un réel contrôle des prix n’est possible qu’avec un contrôle de la production, et ceci vaut certainement pour l’énergie. La multinationale GDF-Suez Electrabel abuse de sa position dominante sur le marché pour demander un prix bien trop élevé, et a recours au chantage dans des dossiers comme l’abandon du nucléaire ou l’énergie ‘‘verte’’. Qui pourrait du reste garantir que la baisse de la TVA ne sera pas ‘‘compensée’’ par de nouvelles augmentations de prix de la part des producteurs ou distributeurs d’énergie ?

C’est pourquoi le PSL défend depuis longtemps la nationalisation de tout le secteur de l’énergie, de la production à la distribution. Un tel secteur public pourrait organiser l’abandon du nucléaire sans conséquences négatives sur la production d’énergie, serait capable de réorienter les profits vers des investissements en énergies renouvelables, et réussirait également à réduire les prix jusqu’à un niveau abordable pour la majorité de la population.

Partager :
Imprimer :

Soutenez-nous : placez
votre message dans
notre édition de mai !

Première page de Lutte Socialiste

Votre message dans notre édition de mai