Nos salaires seraient trop élevés… … mais pour eux 290.000, c’est pas assez !

La tentative de revoir à la baisse les salaires des dirigeants d’entreprises publiques a directement essuyé un tir de barrage. Luc Van Den Bossche (ancien parlementaire SP.a) a déclaré qu’il ne travaillerait pas pour un ‘‘salaire de missionnaire’’. Son collègue Jean-Luc Dehaene (parlementaire européen du CD&V) y a vu du ‘‘populisme’’ et a déclaré qu’il trouvait ‘‘ridicule’’ de limiter à 290.000 euros par an les salaires des patrons des entreprises publiques. Le nouveau patron de la SNCB Jo Cornu a déclaré que les managers se voient imposer ‘‘de plus en plus de restrictions’’ en ajoutant que de nombreux managers ne veulent pas faire ce genre de travail : ‘‘Le gouvernement les chasse à l’étranger’’.

Par Geert Cool

Quelle différence avec leur attitude concernant nos salaires ! À ce sujet, tous les politiciens établis et leurs collègues dans les conseils d’administration des grandes entreprises publiques et privées parlent tous d’une même voix : ils sont trop élevés. En réclamant un salaire normal, on pousserait les entreprises à aller à l’étranger, où les travailleurs coûtent moins chers. Les topmanagers refusent de travailler en Belgique à moins de percevoir des rémunérations extravagantes, mais c’est nous qui sommes qualifiés d’irresponsables en refusant d’accepter un gel des salaires !

L’avidité de l’élite ne connaît aucune limite. Ce n’est pas un hasard si le fossé entre riches et pauvres est en augmentation, nous devons continuellement nous serrer la ceinture pour préserver leurs bonus et leurs parachutes dorés. Aux États-Unis, le 1% le plus riche de la population représentait l’an dernier 19% de tous les revenus du pays, le pourcentage le plus important depuis… 1928 ! Les 10% les plus riches possèdent ensemble 48,2% de tous les revenus. Il n’en va pas autrement chez nous, où les 20% de ménages les plus riches disposent de 61,2% des richesses tandis que les 20% les plus pauvres doivent se contenter de 0,2%. Mais cela pourrait être pire encore !

En Allemagne, les 20% des ménages les plus riches possèdent 76,3% de toutes les richesses, ce avec quoi les 20% des ménages les plus riches en Belgique ne peuvent pas encore rivaliser. Alors que 2,7% des ménages belges ont un actif net négatif (avec plus de dettes que de possessions), ce taux atteint les 7,4% en Allemagne et les 11,7% aux Pays- Bas. Le nombre de travailleurs qui se retrouvent sous le seuil de pauvreté est en augmentation constante et rapide au pays du ‘‘modèle allemand’’. Pourquoi pensez-vous que les politiciens établis et les patrons rêvent de nous imposer ce modèle de bas salaires ? Après, on nous parlera peut-être du ‘‘modèle russe’’, car 35% des richesses du pays sont concentrées dans les mains de 110 personnes seulement. Leur logique de concurrence nous réduira à la mendicité.

Seule l’infime élite au sommet de la société a son mot à dire aujourd’hui. Ils se gratifient les uns les autres de petits postes bien lucratifs, de compliments et de récompenses. Pourquoi le Prix Nobel de l’économie est-il accordé à d’illustres individus qui ont été incapables de voir venir la crise et pas, par exemple, à une mère célibataire qui doit disposer de trésors d’ingéniosité pour parvenir à joindre les deux bouts ? Cette élite capitaliste est à mille lieues de notre réalité. Le Premier ministre britannique David Cameron est tombé du ciel lorsqu’un journaliste lui a demandé combien coûtait une miche de pain. Ses collègues politiciens belges seraient-ils capables de répondre ? Ces gens-là vivent dans leur tour d’ivoire. Spéculateurs et grands patrons disposent d’une armée de politiciens et de partis à leur service, contrairement à la grande majorité des travailleurs et leurs familles. La régionale de la FGTB de Charleroi & Sud Hainaut a franchi une étape importante avec son appel et sa campagne consacrés à la nécessité de construire un prolongement politique pour les luttes des travailleurs. Dans la brochure réalisée à ce sujet et largement diffusée, la régionale explique : ‘‘Nous avons besoin d’une nouvelle stratégie politique car, sans relais politiques forts à gauche, nous sommes condamnés au recul en permanence. Au mieux, nous limitons les dégâts mais sur le long terme, c’est le pire qui détruit toutes nos conquêtes. Pour changer les rapports de force face au patronat et à la droite, nous avons besoin d’une FGTB forte et d’une nouvelle force politique à gauche digne de ce nom.’’

Renforcer cet appel et la discussion sur le besoin urgent de disposer d’un relais politique est une tâche dans laquelle nous nous impliquons pleinement.

Cette brochure est maintenant disponible en français et en néerlandais et peut donc servir de base de discussion pour des syndicalistes dans tout le pays. Le PSL a également appelé à la présentation de listes unitaires pour les élections de 2014, sous le nom de ‘‘PTB-Unité’’ par exemple. Jusqu’ici, cependant, le PSL a été gardé écarté de toute discussion sur l’ouverture des listes du PTB.

Sans pouvoir faire entendre sa voix sur le terrain politique, le mouvement syndical ne pourra pas faire de pas en avant. Nous devons attentivement examiner la meilleure manière de combler ce manque en fonction de nos intérêts. Le PSL dispose d’une analyse et de propositions rigoureuses sur ce thème, avec ses modestes moyens et en tant que courant actif au sein du mouvement des travailleurs. Aidez-nous à faire mieux connaître nos positions, devenez par exemple un lecteur régulier de ce mensuel en prenant un abonnement ou prenez rendez- vous avec un de nos militants pour nous rejoindre !

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