Grèce : un potentiel révolutionnaire, mais un danger contre-révolutionnaire

Ripostons contre la violence fasciste par la mobilisation des masses !

Le 17 septembre, le rappeur et militant de gauche grec Pavlos Fyssas a été tué par des néonazis. L’un des auteurs est membre d’Aube Dorée, cette force d’extrême-droite qui n’a fait que progresser dans les sondages au cours de ces derniers mois et qui se caractérise par une extrême violence raciste et fasciste. Ce meurtre a provoqué une résistance antifasciste massive. Pour peu qu’elle cherche à se saisir du potentiel encore plus grand d’opposition à la politique d’austérité et au système capitaliste (le terreau du développement de l’extrême-droite), de gigantesques pas en avant pourraient alors être faits avec le mouvement des travailleurs. Sans cette approche, le danger néofasciste restera présent.

Article tiré de l’édition d’octobre de Lutte Socialiste

Un potentiel intact pour la lutte ouvrière

Si on en doutait encore, à la mi-septembre, la grève des enseignants a illustré à quel point le potentiel reste grand pour la lutte organisée des travailleurs. Les syndicats avaient préparé une grève de cinq jours à partir du 16 septembre. Dès le premier jour, 90% des enseignants suivaient le mouvement et des manifestations ont eu lieu avec une présence de 30.000 personnes à Athènes et 10.000 à Thessalonique. Enseignants et étudiants ont été rejoints par le personnel d’autres services publics, assurant que l’ampleur des manifestations dépasse toutes les attentes.

Durant le déroulement de cette grève, la Fédération des syndicats des services publics (ADEDY) avait appelé à une grève générale de 48 heures. Cet appel a lui aussi donné lieu à des manifestations de grande envergure, le 18 septembre. La direction syndicale aurait préféré ne rien faire, mais la pression de la base était trop forte, et a poussé à l’action.

La fin de la crise n’est pas encore en vue, seuls pointent à l’horizon encore plus d’austérité et de chômage. La troïka (UE, BCE et FMI) préconise ainsi de réduire de moitié le personnel hospitalier actuel (80.000 travailleurs) en faisant passer le nombre d’hôpitaux du pays de 140 à 80. Et ce carnage social qui s’ajoute aux précédents n’est pas destiné à être le dernier. Les sommets syndicaux ne peuvent pas poursuivre indéfiniment leurs tentatives de freiner ou de stopper les actions, le combat à livrer est bien trop important et sans cesse plus nécessaire.

Le danger de la violence fasciste

La pression des actions du mouvement ouvrier a forcé les néonazis d’Aube Dorée à regarder ce qu’ils pouvaient faire pour consolider leur croissance, et ils savent très bien que chaque cas de violence suscite un intérêt massif. Les militants ont d’abord été préparés à passer à la violence, et ils n’hésitent également pas à la mettre en pratique.

Cela explique pourquoi les groupes de partisans d’Aube Dorée sont de plus audacieux dans leur recours à la violence. Tout d’abord, environ 50 néonazis ont pris pour cible un groupe de 30 militants du KKE (le Parti communiste grec) qui distribuaient des tracts. Neuf membres du KKE se sont retrouvés à l’hôpital. Comme le KKE a toujours refusé de mener une campagne antifasciste sérieuse, il n’y a pas eu de riposte dans l’immédiat, ce qui n’a fait que renforcer la confiance des néonazis. Quelques jours plus tard, cette confiance a conduit au meurtre de Pavlos Fyssas, dans le quartier de Keratsini du Pirée, près d’Athènes. La direction du parti néonazi tente toutefois de se distancer des faits.

Cette violence meurtrière a entraîné d’importantes manifestations antifascistes. Ces derniers mois, un certain nombre de comités antifascistes ont aussi été construits. Malheureusement, ils doivent la plupart du temps travailler sans le soutien ni la participation des principaux partis de gauche, le KKE et Syriza (coalition de la gauche radicale). Syriza a toutefois décidé de s’impliquer dans la résistance antifasciste, mais les mots d’ordre clairs destinés à traduire concrètement ces bonnes intentions se font toujours attendre.

Une réponse du mouvement des travailleurs est nécessaire !

Les manifestations antifascistes massives, l’important soutien aux grèves et aux manifestations syndicales ainsi que le soutien électoral actuel pour les forces de gauche sont autant d’expressions de l’énorme potentiel existant pour le mouvement des travailleurs. Il reste maintenant à clairement saisir ce potentiel pour mener une lutte efficace contre la dictature des marchés et la politique de la troïka orientée vers le renversement du gouvernement et du système capitaliste lui-même. C’est la seule manière d’en finir avec le danger fasciste.

Une grève générale indéterminée est l’arme la plus puissante dont dispose le mouvement ouvrier. Mais cette arme ne doit pas être utilisée à la légère. Sans planification ni préparation adéquate sur les lieux de travail et dans les quartiers, cela peut même ralentir le développement de la lutte.

Un plan d’action peut être élaboré avec une succession de grèves allant crescendo, destinée à construire la participation la plus large et massive possible. Ainsi, une grève générale illimitée jusqu’à la chute du gouvernement disposerait de bases fermes et pourrait poser la question d’une transformation socialiste de la société. Pour cela, il ne faut pas compter sur les sommets syndicaux actuels, mais sur l’organisation des travailleurs du rang.

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