Logements sociaux en Belgique: un désastre!

"Tout citoyen a droit à un logement décent. Voilà pourquoi il faut promouvoir un logement adapté, de bonne qualité dans un enviroennement approprié à un prix abordable et présentant des garanties de sécurité”. Dans la Constitution, le droit à un logement décent a été ajouté. Mais, malgré ces belles déclarations, on est bien obligé de constater que la satisfaction de ce droit n’est pas, dans les faits, une réelle priorité et qu’au contraire, la tendance générale en cette matière est plus à la régression qu’au progrès social.

Karel Mortier

Dans notre pays, toutes régions confondues, on compte près de 140.000 personnes (74.000 en Flandre, 21.000 à Bruxelles et 43.000 en Wallonie) inscrites sur des listes d’attente pour obtenir un logement social.

En moyenne, une famille bruxelloise consacre plus de 30% de son budget pour lelogement.

En Flandre, pour plus de la moitié des locataires, le budget logement représente 20% du budget..

Un cinquième des locataires consacre plus de la moitié de son revenu au loyer. A Bruxelles, plus de la moitié de la population a droit à un logement social.mais à peine 8% des habitants de la Région de Bruxelles-Capitale voient ce droit satisfait. En Flandre, les besoins existant en la matière impliquent la construction de 100.000 à 180.000 logements supplémentaires. Au rythme actuel de 3.000 habitations neuves par an, il faudra soixante ans pour que toutes les personnes ayant droit actuellement à un logement social puissent l’obtenir ! En Belgique, à peine 6% du parc immobilier est constitué de logements sociaux. La moyenne européenne se situe aux alentours des 17% contre 36% aux Pays-Bas, pays dont le PNB est plus élevé que celui de la Belgique.

De plus, la qualité de nombre d’habitations laisse à désirer. En comparaison avec les pays avoisinants, la Belgique se caractérise par un parc immobilier relativement vieux, ce qui infirme clairement l’adage selon lequel le belge a une brique dans le ventre car nous construisons relativement peu de logements neufs..

En Wallonie, c’est surtout dans les régions de vieille industrialisation que la mauvaise qualité des habitations et la vétusté des logements sont les plus criantes entre autres parceque les locataires dans ces régions n’ont pas les moyens financiers pour entretenir ces habitations.

En Flandre, tous les 10 ans, on procède à une enquête portant sur la qualité des logements et on a pu constater que près de 300.000 logements sont de mauvaise qualité et qu’un locataire sur cinq habite dans un de ces taudis. En région bruxelloise, un code du logement définissant des critères de qualité a seulement été adopté en 2003.

Les partis traditionnels excellent dans l’art de multiplier les lois et décrets mais ils éprouvent les pires difficultés à les appliquer dans la pratique. Dans un grand nombre de cas, comme par exemple la lutte contre les logements abandonnés et la vétusté, on peut voir que les droits des propriétaires sont davantage protégés que ceux des locataires, même si personne ne l’avouera aussi clairement.

Les élections communales étant une fois de plus en vue, on peut constater que les partis traditionnels ont redécouvert le problème du logement. Laurette Onkelinx a émis une proposition afin de bloquer les loyers dans un certain nombre de zones avec comme perspective les élections communales à Schaerbeek. Cette proposition a été rejetée par les libéraux parce que selon eux, cela risquerait de renforcer la pénurie de logements sur le marché locatif privé.

Côté flamand, il semble que des partis comme le SP.a et Groen aient décidé de faire du logement un thème de campagne. Le SP.a a lancé l’idée d’augmenter l’offre de terrains à bâtir et de vendre ces derniers pour 60% de leur valeur sur le marché de façon à ce que “chacun” puisse bâtir son logement.

Il est évident que les positions du SP.a concernant le logement reflètent les préoccupations des ménages à deux revenus et des jeunes diplômés universitaires qui éprouvent de plus en plus de difficultés à se procurer un logement à un prix abordable. Le SP.a, tout comme le ministre libéral flamand du logement Marino Keulen, pense que ces ménages à deux revenus pourront jouer un rôle dans l’amélioration des relations sociales dans les quartiers à problèmes d’un grand nombre de villes flamandes.

C’est pourquoi le montant total des exonérations fiscales destinées à stimuler l’accession à la propriété équivaut au triple du budget régional consacré au logement social.

Tout cela montre que les partis traditionnels manquent de la volonté nécessaire à la résolution des problèmes fondamentaux qui sont bien connus depuis des décennies et pour lesquels personne ne s’est jamais vraiment bougé.

Comme les élections sont en vue, tout ce beau monde va venir avec sa petite proposition et un tas de belles promesses – souvent les mêmes qu’aux élections précédentes – qui seront jetées aux oubliettes une fois qu’il faudra les traduire en actes et en argent.

Pour casser ce cercle vicieux, une alternative sur le plan politique est nécessaire pour pouvoir mener une politique décente du logement, qui mette avant tout l’accent sur la lutte contre les logements abandonnés et la vétusté ainsi que sur la construction massive de nouveaux logements sociaux.

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