Ils bloquent nos salaires ? Bloquons leur politique !

Le blocage des salaires imposé par le gouvernement Di Rupo pour les années 2013-2014 (et destiné à perdurer avec la révision de la loi de 1996 sur la formation des salaires) a fait grincer bien des dents, et il y a de quoi. Nos factures, elles, poursuivent leur courbe ascendante, et avec les diverses manipulations du calcul de l’indexation automatique des salaires, celle-ci ne correspond pas à l’augmentation réelle du coût de la vie quotidienne.

Vous devenez rouges de colère en tenant en main votre facture d’électricité? Soyez certain que cet argent est bien géré : Elia (gestionnaire du transport d’électricité en Belgique) l’a notamment utilisé pour engager son ancien patron, Daniel Dobbeni, comme consultant. Salaire : 400.000 euros pour 170 jours… soit 2.400 euros par jour ! Les syndicats s’opposent bien entendu à ce gel des salaires révoltant, certainement au regard des salaires scandaleux des patrons des entreprises publiques et privées. La presse en a largement fait écho.

C’est d’abord la centrale des métallos wallons et bruxellois de la FGTB (MWB) qui a déposé une requête auprès du Conseil d’Etat, rejointe ensuite par la centrale des employés de la CSC (la CNE). Ensuite, la FGTB, la CSC et la CGSLB ont ensemble déposé une plainte auprès de l’Organisation Internationale du Travail (OIT), toujours contre le gel des salaires. Dans ces deux cas, l’argumentation est la même : l’arrêté royal ne respecte pas la liberté de négociation.

‘‘Ce gel nous empêche de négocier une hausse des salaires, ce qui est pourtant l’un des droits de base du travailleur. C’est une violation des conventions de l’OIT en matière de liberté de négociation’’, a défendu le président de la CSC Marc Leemans. C’est très correct. Mais, dans le cas de l’OIT, la Belgique peut être condamnée… à rien du tout. Ce ne serait qu’une condamnation morale qui serait ‘‘tout de même un camouflet pour notre pays’’, poursuit Leemans, ‘‘La Belgique se retrouverait alors en compagnie de pays comme la Colombie ou le Guatemala, souvent pointés du doigt par l’OIT.’’ Patronat et gouvernement n’ont qu’à bien se tenir…

Nous n’avons aucun problème à utiliser tous les moyens qui sont à notre disposition pour défendre les travailleurs, leurs acquis sociaux et leurs droits, y compris la justice belge et l’OIT. Mais soyons clairs : sans le poids de la lutte active du mouvement organisé des travailleurs, jamais nous n’aurions eu la journée des 8 heures, ni même le droit de simplement faire grève !

Sans construction d’un rapport de force, dans la rue et dans les entreprises, impossible de faire face au tsunami antisocial que nous réservent le patronat et ses marionnettes politiques. Les petits outils juridiques et autres ne doivent servir qu’à renforcer la lutte effective, pas de prétexte pour éviter de mener le combat sur le terrain. Les syndicats avertissent que le système de concertation sociale belge est sans cesse rompu par le patronat et son avidité. Il serait grand temps d’en prendre acte, d’en tirer les conclusions pratiques et d’en revenir au syndicalisme de combat et de lutte qui n’aurait jamais dû être délaissé.

Avant l’été, tous les appels à l’action avaient pu compter sur une réponse enthousiaste et massive, mais nous en sommes restés à attendre le prochain pas à poser, sans perspectives de plan d’action clair et constructif. Nous avons perdu un temps précieux, mais il n’est pas trop tard pour organiser notre combat.

Le 26 septembre dernier, une petite manifestation a eu lieu à Bruxelles contre le gel des salaires à l’initiative de la CNE, de la régionale bruxelloise de la CGSP-ALR (Administrations Locales et Régionales) et des Comités Action contre l’austérité en Europe. Ce fut une action limitée mais qui, incontestablement, s’est située dans la voie à suivre pour obtenir un réel résultat : celle de la résistance active.

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