‘‘Trans, pédés, gouines’’, organisons-nous contre l’homophobie

‘‘J’ai été menotté dans le fourgon et je me suis fait gifler à plusieurs reprises par un des policiers à qui je demandais les raisons de notre interpellation (…) Mon ami a été traîné dans le fourgon et roué de coups. Il a le poignet cassé, un œil au beurre noir et porte des marques de coups dans le dos. Alors qu’on était en détention, une autre policière m’a, à nouveau, traité de ‘‘salé pédé’’.’’ (Le Soir du 12/08/2013).

Par Stéphane P. (Bruxelles)

Ces mots sont une partie du témoignage d’un des deux hommes victimes de violence homophobe de la part d’agents de la police de Bruxelles-Ixelles alors qu’ils quittaient l’enceinte du Brussels Summer Festival dans la nuit du samedi au dimanche 11 août dernier. Simple bavure policière ou reflet d’une réalité quotidienne pour les LGBT (Lesbiennes-Gays-Bisexuels-Transgenres) ?

En Belgique, même si les homos ont obtenu l’égalité des droits avec le mariage (2003) et l’adoption (2006), et même si des lois punissant les actes homophobes existent, l’homophobie, elle, est toujours bien présente. C’est tous les jours que de nombreux LGBT doivent subir les brimades, insultes, voir les coups dans le foyer familial, à l’école, en rue, au boulot. Bien sûr, la police compte parmi ses rangs des agents homophobes, comme il y a dans d’autres secteurs des travailleurs homophobes. Mais le problème est que c’est cette même police qui a la ‘‘responsabilité’’ d’assurer la sécurité des LGBT contre les agressions homophobes et qui doit enregistrer les plaintes des victimes. C’est entre autres pour cette raison que de nombreuses personnes victimes d’agression homophobe ne se rendent pas à la police, par crainte de ne pas être écoutées, d’être mal reçues ou encore d’être la cible de remarques ou de mauvaises blagues. Toutefois, soulignons quand même l’initiative de policiers tolérants qui ont mis sur pied les Rainbow Cops, l’association des employés LGBT de la police belge qui sensibilise leurs collègues aux diversités d’orientations sexuelles et de genres.

L’homophobie au sein de la police montre que nous ne pouvons pas faire confiance à tous les policiers pour nous protéger, pour nous écouter suite à une agression. Pourtant, la seule solution à l’homophobie qu’aient trouvée les partis qui nous gouvernent c’est plus de ‘‘bleus’’ dans la rue. Au lieu de s’attaquer aux sources de l’homophobie, nos élus en font un problème individuel. Nous, en tant qu’organisation socialiste révolutionnaire, nous voulons nous attaquer à la racine de l’homophobie. Qu’est-ce qui fait que certaines personnes aient la haine contre d’autres sur base de leur orientation sexuelle, de genre ou de choix vestimentaire ?

Un système économique dont l’inégalité est la base même de son fondement ne peut pas engendrer d’égalité, au contraire il ne peut que renforcer voire créer des inégalités là où elles n’existaient pas auparavant. Comment prétendre à la fin des discriminations sous le capitalisme où une minorité possède la plus grande partie des ressources sur cette terre et maintient la majorité de la population dans la misère ? Les intérêts des deux classes sont divergents, l’une veut garder ses privilèges et l’autre veut partager les richesses. La classe possédante est fragile numériquement et elle le sait, elle doit donc ruser pour éviter l’unité des masses et propage alors des idées de divisions parmi les travailleurs. C’est là que les idées homophobes trouvent leur origine. La classe dominante utilise tous les moyens qu’elle possède pour diffuser des idées qui divisent les hétéros des LGBT. Les médias capitalistes dressent un portrait trop souvent hyper stéréotypé des LGBT comme par exemple l’utilisation de l’image du couple gay riche par les grandes marques (le ‘‘pink market’’), comme si tous les gays étaient plein aux as. Dans ces mêmes médias, la lesbienne est souvent dépeinte comme une ‘‘camionneuse’’. En Belgique, toujours en 2013, les personnes en transition de genre (les transgenres) sont psychiatrisées de force ! Les mouvements d’extrême-droite et de religieux fondamentalistes, toutes confessions confondues, en s’attaquant aux droits des LGBT, renforcent les discriminations et servent donc les intérêts des capitalistes.

Les premiers homophobes contre lesquels ont doit se lever, sont toutes les personnes et leurs organisations qui maintiennent ce système inégal en place pour assurer la soif de profit de la classe capitaliste. La Troïka et tous ses relais politiques au pouvoir à quelque niveau que ce soit, du local à l’européen, qui servent les intérêts de la classe dominante en menant des plans d’austérité et des coupes budgétaires renforcent toutes les inégalités et ont leur part de responsabilité dans la persistance et le renforcement des discriminations. C’est pour cela qu’il est important que nous, les LGBT, comprenions l’enjeu de s’organiser politiquement contre le capitalisme et de lutter pour un système économique basé sur le partage. Le socialisme ne mettra pas fin aux discriminations mais il est une condition nécessaire pour la disparition des inégalités.

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