“Les sans-papiers ne sont pas des criminels”

Nous avons interrogé Abdeslam lors de l’action menée au centre fermé de Merksplas dimanche 19 février, qui s’est déroulée dans une ambiance combative .

Propos recueillis par Emiel Nachtegael

Qu’est ce que l’UDEP?

L’UDEP est une organisation créée récemment par des sans-papiers, l’idée étant que les sans-papiers s’organisent eux-mêmes pour réclamer leurs droits. Nous proposons trois revendications principales : la régularisation de tous les sans-papiers, l’arrêt immédiat des expulsions et la fermeture des centres fermés.

Depuis le 19 octobre, nous menons des actions à l’église St Boniface à Ixelles. Lors de cette lutte, trois personnes ont été arrêtées en 10 jours et enfermées dans un des centres fermés : David et Vincent à Merksplas et Barry à Vottem. Le 7 février, 2500 manifestants ont défilé à Vottem pour soutenir les sans-papiers. Aujourd’hui, nous sommes ici non seulement pour réclamer la libération de Vincent et de David, mais de tous les sans papiers emprisonnés ici (y compris douze mineurs !).

L’atout de l’UDEP, c’est que c’est une organisation où les sans-papiers décident eux-mêmes des actions à mener. Evidemment, nous collaborons et nous nous réunissons souvent avec les autres organisations qui se soucient du sort des sans-papiers. Pour élargir notre lutte, des comités de soutien à l’UDEP se sont mis sur pied.

Que pensez-vous de l’accélération de la répression et des attaques du gouvernement (et en premier lieu du ministre de l’Intérieur Dewael) contre les sans-papiers?

Nous sommes convaincus que tout cela n’est pas un hasard. Pour vous donner un exemple: David qui est le responsable de l’UDEP à Bruxelles, a été arrêté alors qu’il était chez le médecin. Ce jour-là, deux tentatives d’expulsion ont eu lieu, ce qui est exceptionnel. David a-t-il été visé en particulier? Nous ignorons exactement comment il a été arrêté mais il est clair qu’il a été traqué. Le jour de son arrestation, nous avons organisé une conférence de presse.

Nous nous opposons aux déclarations de Dewael. Nous sommes déterminés à aller jusqu’au bout. Nous ne sommes pas des criminels simplement parce que nous réclamons nos droits!

Le gouvernement veut raccourcir la procédure de demande d’asile et restreindre les possibilités de porter recours contre une décision négative. En réaction, nous avons rédigé une proposition de loi qui devrait simplifier cette procédure. Nous exigeons des critères clairs et permanents comme la régulation automatique des réfugiés gravement malades. Actuellement, la commission pour la régularisation n’a traité (traité ne signifie pas approuvé) qu’un nombre très limité des dossiers introduits depuis 1993. Par conséquent, les sans-papiers sont contraints de vivre dans des conditions atroces sans couverture médicale ni permis de travail. En bref, l’illégalité complète!

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