Les autorités rendent les études encore plus inabordables

Il vaut mieux mettre de l’argent de côté suffisamment longtemps avant d’envoyer ses enfants aux études ! De plus de 300 euros au début, l’enseignement peut facilement revenir à 1.300 ou 1.500 euros par an en fin de secondaire. Et encore, cela ne comprend pas les frais extrascolaires de plus en plus importants, comme de disposer d’un ordinateur avec internet et une bonne imprimante. Le refus d’allouer plus de moyens publics à l’enseignement combiné aux politiques d’austérité en tout genre rendent l’accès à un enseignement de qualité sans cesse plus difficile.

Par Geert Cool

Des pénuries à tous niveaux

Impossible ici de donner une vue exhaustive de tous les manques auxquels il est urgent de répondre. Le problème des inscriptions – qui fait l’actualité de chaque rentrée scolaire depuis plusieurs années déjà – donne à lui seul une claire indication de la gravité de la situation. Côté francophone, 430 élèves étaient toujours sans école secondaire à la fin du mois d’août de cette année… Pas mal de choses ont été tentées, comme d’installer des containers aménagés en classes, mais il n’y a toujours pas assez de places pour tout le monde.

La spectaculaire dette des étudiants aux USA

Aux États-Unis, les prêts étudiants représentent ensemble un total de 1 billion de dollars (c’est douze zéros derrière le 1 !) Cette montagne de dettes fait suite à des études qui sont plus chères que le négatif auquel on a droit avec une carte de crédit : un diplômé possède ainsi en moyenne une dette de 26.000$ à cause de ses prêts étudiants. En sept ans, il s’agit d’une augmentation de 40%. Une année d’étude revient aujourd’hui, en moyenne, à plus de 21.000 $ (en comprenant également la location d’un kot) contre 9.000 $ il ya trente ans (donnée adaptée en valeur actuelle). Pendant la même période, le revenu médian des ménages a augmenté de 46.000 à 50.000 dollars. L’enseignement est littéralement devenu impayable.

De plus, l’infrastructure scolaire est souvent dans un état lamentable. En Flandre, cette année, 39 millions d’euros ont été dégagés pour rénover les bâtiments… alors qu’il faudrait au moins 2 milliards ! En Belgique, la part du budget de l’Enseignement consacrée aux investissements dans les bâtiments scolaires est seulement de 2,8 %, contre 8,2 % en moyenne dans les pays de l’OCDE. Quant au personnel, il ploie sous l’augmentation de la charge de travail, notamment au niveau administratif. Ce sera sans aucun doute encore pire les années à venir.

Le refus de dégager des moyens publics pour l’enseignement a conduit à des désastres en termes d’infrastructures, de ressources humaines et de frais scolaires. Le Secrétariat général de l’enseignement catholique (Segec) a dénoncé au mois d’août : ‘‘D’ici 2030, le nombre d’élèves à scolariser dans l’enseignement obligatoire augmenterait de 30 % à Bruxelles et d’environ 15% en Wallonie. Qui va créer les écoles nécessaires et avec quels moyens ? Les communes ? La Communauté française? Des associations libres ? Personne ne voit clair sur ce sujet.’’

L’austérité s’ajoute au sous-investissement structurel

Cette situation dramatique est amplifiée par les mesures d’austérités des différents niveaux de pouvoir. Le gouvernement fédéral vient ainsi de réduire l’allocation de rentrée scolaire alors que cette prime était déjà insuffisante. Aperçu chiffré en bas.

En plus de cela, la prime pour les enfants nés en 1991 ou avant a été réduite. Les parents recevaient ainsi 123,99 euros par mois pour un enfant de plus de 22 ans, montant maintenant réduit à 117,88 euros. Cette mesure fait partie des nombreuses ‘‘petites’’ économies du dernier accord budgétaire. Cela représente près 80 euros pour cette année, et il s’agira de 100 euros l’an prochain.

Le directeur général du Segec dénonce lui aussi diverses restrictions budgétaires depuis 2010, notamment les diverses suppressions de subventions de fonctionnement, la récente décision du gouvernement de la fédération Wallonie-Bruxelles de ne pas appliquer la dernière tranche des accords de la St-Boniface et la désindexation partielle des subventions. ‘‘En tout, cela représente un montant total de 32 millions d’économies structurelles à charge des Pouvoirs Organisateurs.’’

Plus de moyens pour l’enseignement !

Offrir un enseignement de qualité nécessité des infrastructures adéquates et un personnel suffisant. Quant au coût de cet enseignement, il doit résolument être diminué. Tout cela, seule la lutte pourra nous l’accorder. Personnel, parents et étudiants doivent lutter ensemble pour revenir sur des années de sous-financement.

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