Reynders trouve une ‘‘solution’’ pour les salaires des patrons d’entreprises publiques : la privatisation !

En période pré-électorale, chaque parti essaye de se démarquer. Au niveau des salaires, les libéraux officiels se sont engagés corps et âme dans la défense des salaires scandaleux des top managers, en réservant des emplois ultra-flexibles pour des salaires de misère au reste de la population. Histoire de pouvoir contourner le plafond salarial dans le secteur public, Didier Reynders a lancé une proposition originale : approfondir la destruction du secteur public. On n’en attendait pas moins de sa part.

  • A nous les mini-salaires, à eux les salaires de millionnaires

Toute cette discussion au sujet de la limitation des plantureux salaires des patrons d’entreprises (semi)publiques prend place dans le contexte d’un débat plus large concernant nos salaires. Le gouvernement et le patronat ont imposé un gel des salaires pour les années 2013-2014 et une révision de la loi de 1996 sur la formation des salaires est en cours, avec la menace bien réelle de voir ce gel salarial s’étendre à une durée beaucoup plus longue. Evidemment, ce n’est pas la même orientation que les libéraux veulent suivre dès lors qu’il s’agit des gros, très gros, salaires. Reynders a donc lancé une nouvelle provocation : contourner la limitation des plus gros salaires du secteur public en réduisant la part détenue par les autorités publiques !

Salaires actuellement en vigueur dans les entreprises publiques :

  1. Didier Bellens (Belgacom), 2,5 millions euros
  2. Johnny Thijs (Bpost), 1,1 million euros
  3. Jannie Haek (SNCB Holding), 512.000 euros
  4. Luc Lallemand (Infrabel), 493.000 euros
  5. Marc Descheemaecker (SNCB), 472.000 euros
  6. Jean-Claude Tintin (Belgocontrol), 324.000 euros

Salaires actuellement en vigueur dans les entreprises privées :

  1. Roch Doliveux (UCB): 3,1 millions euros
  2. Marc Grynberg (Umicore), 2,2 millions euros
  3. Bert De Graeve (Bekaert) 1,6 million euros
  4. Christian Reinaudo (Agfa-Gevaert), 1,5 million

C’est une idée très simple et les libéraux officiels n’y voient que des avantages : la vente rapporte des moyens – à court terme – pour rembourser la dette publique et, dans une entreprise privée, un top manager gagne plus d’argent alors que les conditions de travail et de salaire du personnel se voient réduites vers le minimum que les libéraux ont à l’esprit lorsqu’ils pensent à nous.

Ainsi, dans les pages de La Dernière Heure, Reynders a déclaré : ‘‘Pour bpost et Belgacom, l’idée est sur la table du gouvernement. Si l’État descend sous les 50%, en passant de 52% à 45% par exemple, ces entreprises pourront s’organiser comme c’est l’usage dans le secteur privé – et donc de dépasser le plafond des revenus – et cela permettrait en parallèle de renflouer les caisses de l’état…car vendre des bâtiments ne suffira pas.’’

Alexander De Croo (OpenVLD) a, bien entendu, immédiatement trouvé excellente la proposition de son compagnon libéral : ‘‘Le gouvernement ne devrait pas concurrencer les entreprises privées dans un marché compétitif. Le gouvernement doit jouer l’arbitre.’’ On les connait bien, ces ‘‘arbitres libéraux’’ qui réservent les profits au privé et laissent les dettes à la collectivité ! Le service public est ainsi quasiment devenu un sujet tabou. Ce ne serait pas le rôle des autorités publiques d’utiliser les moyens de la collectivité pour donner à chacun une vie décente ? Non, les autorités devraient rester confinées au rôle ‘‘d’arbitre’’ très partiaux, défendant unilatéralement les intérêts des patrons, en imposant un gel salarial pour le travailleur ordinaire par exemple. Les partis traditionnels excellent – tous – dans ce rôle d’arbitre d’un jeu truqué pour les travailleurs et leurs familles.

Ce dont nous avons besoin, c’est au contraire de défendre la fonction publique et de rendre ce secteur plus fort et plus étendu, sous une gestion et un contrôle démocratiques. Nous n’avons que faire de ces patrons d’entreprises publiques qui agissent comme de purs capitalistes avec les moyens de la collectivité, nos moyens !

Un secteur – entièrement – public de l’énergie mettrait fin à ces tarifs qui ne sont destinés qu’à assurer des profits majeurs pour les actionnaires privés. Un secteur financier – entièrement – public mettrait fin à la construction de la bulles spéculatives. Tous les secteurs clés de l’économie (avec également la sidérurgie et la chimie par exemple) n’apporteraient que des avantages à la population, pour autant qu’ils soient correctement gérés par des représentants élus par le personnel et les utilisateurs, directement contrôlés par eux (en étant notamment révocables à tout moment) et qu’ils ne bénéficient pas d’avantages liés à leur fonction.

Dans cette société caractérisée par la pénurie de moyens dans absolument tous les domaines – soins de santé, logement, enseignement, crèches, etc. -, les partis de l’establishement ont tous en tête une politique qui ne va conduire qu’à l’approfondissement des problèmes économiques et sociaux. Il est grand temps de partir à l’offensive contre cette logique en faillite totale.

Partager :
Imprimer :

Soutenez-nous : placez
votre message dans
notre édition de mai !

Première page de Lutte Socialiste

Votre message dans notre édition de mai