Comment le racisme pourrait-il être relatif?

La présidente du CPAS de la ville d’Anvers, Liesbeth Homans (N-VA), a déclaré dans une interview que le racisme est un terme relatif souvent utilisé pour couvrir un échec individuel. Il n’est pas rare de voir ainsi des néolibéraux faire porter la responsabilité des problèmes sociaux précisément aux victimes de ces problèmes.

Leur raisonnement est simple : celui qui a difficile à trouver un travail, un logement décent,… l’a bien cherché. En poussant à peine cette logique un peu plus loin, les chômeurs deviennent des paresseux confortablement couchés dans le hamac de la sécurité sociale. La N-VA devrait donc logiquement trouver que l’augmentation du chômage en Flandre au cours de l’année écoulée (+10%) est due à l’augmentation du nombre de paresseux… Ou est passé le ‘‘flamand qui bosse dur’’ cher à l’argumentaire de la N-VA ?

Aurions-nous donc sans nous en apercevoir obtenu l’égalité des chances à tel point que la réussite ou l’échec ne serait qu’une question individuelle et non pas de position sociale ? Plusieurs études, y compris l’enquête PISA (Programme international pour le suivi des acquis des élèves), ont pourtant constaté que l’enseignement est fortement inégalitaire en Belgique, l’écart est très grand entre les meilleurs et les pires résultats, une situation largement due au facteur déterminant de l’origine sociale. 10% des enfants d’origine pauvre obtiennent leur Certificat d’enseignement secondaire supérieur (CESS), contre 90% des enfants issus de familles à plus riche patrimoine.

La pauvreté est encore plus fréquente dans les populations d’origine marocaine et turque, qui comprennent des taux de pauvreté de plus de 50% en Belgique. Avec l’état actuel de notre enseignement, il est difficile pour les jeunes issus de ces communautés de sortir de la pauvreté. Le risque de sombrer dans le chômage est également plus élevé. En Flandre, un quart des immigrés d’origine extra- européenne sont au chômage. Même chez les immigrés hautement qualifiés, le taux de chômage est de plus de 20%, contre seulement 3% en moyenne. Les agences pour l’emploi préfèrent souvent des gens à la peau pas trop brune et avec un nom bien ‘‘belge’’.

Tout cela n’a rien à voir avec des problèmes individuels, mais tout avec un système dans lequel la discrimination est profondément ancrée. Ce n’est pas une question morale, mais la conséquence directe de la logique d’une société incapable d’assurer à chacun une vie décente et un bon avenir.

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