Depuis quelques mois se développent des discussions pour lancer un nouveau parti en Belgique, un parti qui s’oppose à l’offensive néolibérale représentée par chaque parti au parlement. Chaque parti raconte, à quelques petits nuances près, la même histoire. Hommes et femmes aux revenus moyens ou modestes doivent subir l’austérité pendant que les méga-riches deviennent encore plus riches et que les profits des entreprises explosent.
Bart Vandersteene
Il est bien difficile maintenant de différencier le bleu du rouge au Parlement. Comme si la contradiction entre travail et capital n’existait plus et comme s’il était dans notre intérêt de défendre ceux du capital. Là est la raison principale qui explique le désintérêt croissant face au jeu “politique” de la Rue de la Loi, quoi que puisse prétendre sociologues et politologues.
Le Pacte des Générations et la cassure politique
Jamais l’absence d’une représentation politique pour le mouvement ouvrier n’a été aussi visible que l’année passée. La propagande du patronat sur la prétendue sécurité sociale trop coûteuse et les salaires trop élevés a été reprise par chaque politicien.
Un match de boxe ne peut pas être gagné avec une main attachée derrière le dos, et la lutte pour le maintien de notre bien-être ne peut pas être gagnée sans un instrument politique.
Ce n’est pas une coïncidence si il y a justement aujourd’hui une discussion sur la nécessité d’un nouveau parti des travailleurs. Même le président de la FGTB, Xavier Verboven, est obligé d’exprimer le mécontentement de sa base. Il a ainsi déclaré: “Il est clair qu’il faut repenser la relation (entre syndicat et parti), et peut-être faut il même la revoir régulièrement. Il est bien possible que cela mène à une relation plus libre.” Cela peut sembler une déclaration positive, mais peut aussi mener à la conclusion erronée qu’un syndicat n’a pas besoin d’un partenaire politique.
Le 7 février, 2500 syndicalistes ont manifesté à Gand contre les attaques continuelles dans les entreprises contre les délégués syndicaux à l’occasion du licenciement de deux délégués de la multinationale de papier Stora. Du podium a été annoncé deux fois la présence d’une délégation du SP.a avec le président Vande Lanotte. Deux fois cette annonce a été accueillie par des huées et des sifflements. Ce n’est pas un hasard. La cassure entre la base syndicale et les ministres «socialistes» ne peut plus être réparée. Assurons-nous que la conclusion correcte soit tirée, c’est à dire la nécessité d’un nouveau parti.
Est-ce que Jef Sleeckx va relever le gant?
Depuis quelques mois, un groupe de militants et de syndicalistes discutent autour de Jef Sleeckx, un ancien parlementaire du SP.a, de l’idée d’une “alternative politique” à la politique actuelle . Différentes réunions intéressantes et avec une bonne participation ont déjà été organisées un peu partout, en Flandre essentiellement.
Le MAS s’est dès le début inscrit dans ce projet. Aujourd’hui, nous analysons la situation pour voir dans quelle mesure une telle initiative peut recevoir le soutien du mouvement des travailleurs. Nous pensons que ce soutien est là, en Flandre comme en Wallonie, chez les syndicalistes comme chez les jeunes. La situation est mûre, peut-être même bientôt trop mûre. Ce qui manque aujourd’hui est une initiative clairement nationale.
Sleeckx fait la remarque correcte que les partis traditionnels ne sont pas capables d’arrêter la croissance du Vlaams Belang, et que seule une opposition de gauche en est capable. Pour nous, la lutte anti-raciste a toujours été une priorité parce que le racisme (comme le sexisme) casse la résistance de façon venimeuse et divise le mouvement ouvrier. Pour contrer cela, il faut un programme qui puisse de nouveau unifier ces gens autour de revendications communes. Qui n’est pas pour le plein emploi, pour un enseignement gratuit et de qualité, pour une sécurité sociale solide et des services publics de qualité?
Une “alternative politique” peut casser le désespoir face au vide actuel. Seule l’extrème-droite a à gagner aujourd’hui de l’absence d’une initiative politique à gauche. Construisons donc activement un nouveau parti démocratique des travailleurs, qui puisse gagner dans l’action et la lutte la confiance de ceux qui se sentent abandonnés par cette société et ses représentants politiques.