Environnement : La terrifiante pollution en Chine

La population chinoise étouffe dans le smog. L’hiver dernier, la capitale, Pékin, et d’autres villes du Nord ont souffert de la pire pollution de l’air jamais connue. A la mi-janvier, l’ambassade américaine à Pékin, qui irrite le régime chinois en publiant ses propres statistiques largement consultées, a déclaré que les niveaux de particules fines dans l’air (PM 2.5, de minuscules particules qui peuvent se loger dans les poumons et causer de graves dommages) étaient 40 fois supérieurs au niveau de sécurité fixé par l’Organisme mondial de la santé (OMS).

Sally Tang, Socialist Action (CIO-Hong Kong)

Sur une autoroute reliant Pékin à Hong Kong et Macau, il y a récemment eu 40 accidents de voitures en 9 heures causés par la visibilité réduite due au smog. Les principales causes de la pollution de l’air en Chine sont la combustion de charbon, les voitures, les chantiers de construction et l’expansion de l’industrie. La consommation de charbon chinoise a connu une croissance fulgurante, allant jusqu’à 4,05 milliards de tonnes l’année passée. La Chine brûle désormais presque autant de charbon que le reste du monde réuni. Depuis le vain sommet de Copenhague sur le climat en 2009, les émissions de carbone par la Chine ont presque doublé.

Les masques faciaux sont communs dans les villes aujourd’hui. Les purificateurs d’air sont aussi des produits importants pour ceux qui peuvent s’en offrir. Mike Murphy, chef de la direction de la compagnie suisse IQAir en Chine, déclare que les ventes de purificateurs d’air domestiques ont triplé au cours des premiers mois de cette année. Le mode de vie des enfants a également beaucoup changé ; les écoles annulent les activités en extérieur, les parents gardent leurs enfants à la maison. Les familles riches choisissent des écoles internationales qui ont dépensé de l’argent dans des système de filtrage d’air.

Les gens sont perplexes quant à la détérioration de la qualité de l’air de ces dernières années. Les améliorations promises par le gouvernement n’ont pas été matérialisées. Moins de 1% des 500 plus grandes villes chinoises remplissent les quotas de qualité d’air de l’OMS. Selon la Banque Mondiale, 750.000 personnes meurent prématurément à cause de la pollution de l’air chaque année en Chine.

Les parents sont inquiets à propos de la santé de leurs enfants. Certains compagnies parlent d’une tendance à la perte de personnes hautement qualifiées puisque de nombreux membres des classes moyennes et des classes aisées ainsi que des étrangers quittent la Chine à cause de la pollution. Mais pour la grande majorité de la population – les fermiers, les travailleurs migrants et les pauvres – il n’y a pas d’autre choix que de rester et de vivre avec.

En juin, le Premier Ministre Li Keqiang a annoncé dix nouvelles mesures destinées à améliorer la qualité de l’air, dans une tentative de freiner l’anxiété générale. Les gros pollueurs doivent divulguer une information générale détaillée au grand public, et le gouvernement a promis de réduire les émissions des entreprises les plus polluantes de plus de 30% d’ici la fin de 2017. Mais des promesses similaires ont été faites avant et les nouvelles mesures de Li contreviennent aux efforts du gouvernement de maintenir la croissance économique à 7-8%.

Le Parti  »Communiste » Chinois d’état (CCP) n’a pas de position unifiée sur ces questions. Les autorités locales poursuivent leurs propres intérêts, souvent au mépris des ordres de Pékin. Elles manipulent les statistiques et tentent de cacher les informations, y compris les manifestations contre les industries polluantes.

Plus tôt cette année, plus de 16.000 cochons morts ont été retrouvés flottant dans la rivière Huangpu, qui fournit un habitant sur cinq de Shanghai en eau potable. Les cochons ont été jeté par des agriculteurs en amont à Jiaxing, une région porcine majeure dans la province voisine de Zhejiang. Quelques semaines plus tard, la même région a assisté à l’apparition d’un nouveau virus de la grippe aviaire, H7N9, qui a, jusqu’ici tué 37 personnes. L’OMS met en garde contre celui-ci qui est  »l’un des virus les plus létaux ».

Ces deux exemples montrent les effets désastreux d’une industrie de l’élevage à but lucratif : des conditions dangereuses et de surpopulation, des abus d’antibiotiques et d’autres produits chimiques. Les chercheurs ont découvert l’utilisation abusive des antibiotiques dans les grands élevages de porcs, avec utilisation de cocktails de drogues. Certains fermiers nourrissent leurs porcs à l’arsenic organique pour leur donner une apparence rose et brillante, ce qui signifie plus de profits, malgré le fait que l’arsenic organique est cancérigène.

Le ministre de l’environnement a admit pour la première fois, dans un rapport sorti en février de cette année, l’existence de  »villages cancérigènes » en Chine – avec des taux de cancers bien au dessus de la moyenne nationale. Ce phénomène a été reconnu depuis 1998 mais est renié par les autorité du Parti Communiste. Mais ce rapport a été dénoncé comme  »inapproprié » par les officiels de la santé au meeting de mars du Congrès National du Peuple (le faut parlement chinois). Des instructions ont été envoyées aux média locaux pour éviter d’utiliser le terme de  »villages cancérigènes ».

La pollution industrielle de l’eau potable, généralement par les usines construites en amont, est la principale cause des villages cancérigènes. Les usines déversent des eaux usées non traitées, contenant des niveaux élevés de métaux lourds et d’autres substances toxiques, entraînant des cancers. Il y a maintenant 459 villages cancérigènes en Chine, tandis que le taux de mortalité national dû au cancer a augmenté de 80% au cours des 30 dernières années, causant 2,7 millions de morts chaque année.

La Chine rurale a également connu des flambées d’empoisonnement au plomb en raison des usines et des fonderies qui déversent leurs déchets dans les rivières et les décharges. Ces empoisonnements causent des dommages au cerveau, aux reins, au foie et des lésions nerveuses. Les enfants y sont particulièrement sensibles. Au cours des dernières années, des milliers de cas particuliers ont été recensés dans, au moins, 9 provinces. Un rapport des Droits de l’Homme en 2011 a accusé les représentants du gouvernement de  »limiter arbitrairement les analyses du plomb et d’éventuellement manipuler les résultats des tests, refusant un traitement approprié aux enfants et aux adultes et essayant de faire taire les parents et les militants. »

Le boom économique chinois de ces 30 dernières années a produit une crise écologique aiguë. Le pays est aux prises avec de l’air, de l’eau, des sols et de la nourritures gravement pollués. Selon un rapport de 2013, sur les dix villes les plus polluées du monde, la Chine en compte sept, y compris Pékin.

La crise des aliments contaminés – le riz, le lait en poudre, les huiles de cuisson, les légumes, les fruits, … – ne laisse personne indifférent. De nouveaux rapports en mai ont révélé que près de la moitié du riz vendu à Guangdong, la province la plus riche de Chine, contenait des niveaux dangereux de cadmium, qui provoque le cancer.

Le gouvernement a des centaines de fermes spéciales qui fournissent des cultures sures à l’élite. Cela renforce le cercle vicieux de l’inaction du gouvernement sur la pollution ajoutée à la répression contre les victimes. En 2008, un scandale quant à du lait en poudre toxique a causé la mort de six bébés et a entraîné des dizaines de milliers d’enfants à contracter une maladie rénale. Le gouvernement a utilisé la répression pour faire taire les groupes de parents qui voulaient découvrir la vérité derrière l’affaire. Zhao Linhai, dont le propre enfant a été une victime, a été condamné à deux ans et demi de prison en raison de son activisme sur cette question.

Un rapport officiel a montré que 90% de l’ensemble des manifestations environnementales étaient liées à la pollution de l’eau. Il a constaté que 57,3% des eaux souterraines dans 198 villes en 2012 étaient « mauvaises » ou « extrêmement mauvaises ». Un tiers des rivières et 75% des lacs sont sérieusement pollués, et près de 1000 lacs ont disparu. L’eau non potable est utilisée par 320 millions de personnes et 190 millions de personnes sont malades chaque année à cause de la pollution de l’eau.

Ces deux dernières années, les protestations environnementales en Chine ont augmenté. Dans des villes comme Dalian, Tianjin, Xiamen et Kunming, des milliers de personnes ont manifesté contre la construction ou le fonctionnement d’usines chimiques. La ré-émergence du capitalisme en Chine combine les pires aspects du capitalisme néolibéral avec la dictature répressive d’un parti unique. Cela signifie le chaos et l’absence de contrôles démocratiques, même minimes.

La Chine mène désormais le monde dans la production de cellules photovoltaïques solaires et d’éoliennes, mais près de deux tiers de la capacité des ses parcs éoliens sont gaspillés puisque le réseau électrique n’est pas équipé. L’industrie solaire, principalement destinée à l’exportation, est en surcapacité et est également un grand consommateur d’énergie au charbon. Une solution socialiste est nécessaire afin de résoudre cette situation chaotique et sauver des millions de personnes – pour l’abolition du capitalisme et le contrôle public démocratique sur l’économie.

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