PS et SP.a. Il n’y a plus d’excuses

Depuis le Pacte des générations, rien ne va plus entre le SP.a et la base de la FGTB en Flandre. De plus, toutes les tentatives du SP.a de se profiler plus à gauche tournent au fiasco. Du côté francophone, le fossé entre la base de la FGTB et le PS semble moins profond, mais l’idée de couper les liens y fait son chemin également.

Eric Byl, membre du Bureau exécutif du MAS, ancien membre du Bureau national des Jongsocialisten et ancien secrétaire politique du SP à Grammont.

PS: dissimuler le néolibéralisme derrière une rhétorique communautaire

Les dirigeants du PS et du SP.a l’ont bien compris. Leur attitude dans la lutte contre le Pacte des Générations n’est pas près d’être oubliée. Le PS se traîne à 28% dans les sondages, loin en-dessous des 36% qu’il avait obtenus lors des élections de 2004. Depuis lors, le parti est aux prises avec d’innombrables scandales et son plan Marshall pour relancer la Wallonie est très néolibéral. Si une nouvelle formation de gauche ne voit pas le jour d’urgence pour capter les suffrages des déçus, la Wallonie connaîtra un nouveau dimanche noir.

Le PS en est conscient. Il tente de redorer son blason auprès des jeunes par une proposition de dépénalisation de l’usage du cannabis pour les plus de 16 ans ; il tente la même opération auprès des travailleurs par une proposition de loi visant à instaurer un représentation syndicale dans les PME de plus de 20 travailleurs. Fort bien. Mais le PS ne fait rien pour créer un rapport de force pour faire aboutir ces propositions. Va-t-il en faire une question de gouvernement? Chiche !

Une fois que ces effets d’annonce se seront dissipés, le PS va sans doute tenter de rééditer le tour de force de 1987 en profilant le PS comme le défenseur des francophones face à l’agressivité flamande. Il va se retrancher derrière la soif de nouvelles compétences des politiciens flamands pour cacher sa responsabilité dans la politique néolibérale de régression sociale.

SP.a : le populisme ne paie pas

Les dirigeants du SP.a n’en mènent pas large. Ils se sont profilés ces dernières années comme des bûcheurs de dossiers et comme les principaux auteurs de la politique néolibérale de régression sociale. Jadis le populisme de Stevaert pouvait encore faire illusion, avec sa politique de gratuité et ses sorties médiatiques. Stevaert, patron d’une chaîne de cafés, savait s’y prendre pour plaire aux travailleurs et à leurs familles.

La seule sortie dont le nouveau président du SP.a et ancien vice-premier ministre a été capable – «qui tourne le dos au SP.a lorgne vers la droite» – était une injure à l’adresse de la base de la FGTB. Une tentative de sa collègue Freya Vanden Bossche de se profiler comme celle qui allait faire payer le secteur pétrolier s’est soldée par un fiasco. Cela lui a valu de faire la une de l’hebdomadaire Knack qui a titré « Qui a encore confiance en Freya ? »

Le professeur Vande Lanotte n’est pas un patron de café. Sa sortie populiste – réduire de moitié les effectifs de l’armée – a eu l’effet inverse. Les pacifistes et les antimilitaristes se souviennent du plaidoyer du SP.a pour la Constitution européenne qui prévoit justement d’augmenter les dépenses militaires. En outre, Vande Lanotte a réussi à inquiéter 40.000 familles de militaires qui voient leur sécurité d’emploi menacée sans qu’une alternative ne leur soit proposée. La nouvelle déclaration de principes du SP.a ressemble à un livre de recettes néolibérales qui n’a rien à envier au Manifeste du Citoyen de Verhofstadt.

Le SP.a a perdu sa base active

Voilà 10 ans que les prédécesseurs du MAS ont cessé de travailler dans le SP afin de construire une organisation indépendante. Le SP tournait alors déjà le dos à une partie importante de sa base traditionnelle. Le travail de quartier, les fêtes du parti, les maisons du peuple et une riche vie associative ont été remplacés par des campagnes publicitaires et des bals de gala où les militants n’avaient plus leur place. Les travailleurs en action se heurtaient frontalement au SP. Les habitants des quartiers s’en détournaient à cause de sa politique de rénovation urbaine taillée sur mesure pour les bien nantis. Le SP n’était plus le parti des travailleurs et de leurs familles. Si les prédécesseurs du MAS avaient continué à travailler au sein du SP, nous aurions été réduits à l’impuissance comme ce qui reste de la gauche au sein du SP.a.

Nombre de travailleurs ont quitté le PS et le SP. D’autres, surtout des syndicalistes, leur sont restés fidèles à contre-coeur par manque d’une alternative large et suffisamment implantée, avec l’espoir de contrer la droite. Le fait que même un secrétaire national de la FGTB comme Verboven soit maintenant obligé de remettre prudemment en question les liens avec le SP.a démontre que ce parti est en train de perdre ce qui lui reste de crédit. Au lieu de contrer la droite, le PS et le SP.a sont en effet devenus les instruments par excellence pour faire avaler la politique d’austérité néolibérale aux travailleurs. Celui qui pense pouvoir détourner le paquebot PS de sa route vient 20 ans trop tard.

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