Allemagne : la députée de Die Linke Heidrun Dittrich rejoint le CIO

“Renforcer le SAV, c’est renforcer la gauche au sein de DIE LINKE”

La députée de Die Linke (La Gauche, formation large à la gauche de la social-démocratie (SPD) et des Verts en Allemagne) pour la Basse-Saxe, Heidrun Dittrich, vient de rejoindre Sozialistische Alternative (SAV), la section allemande de notre internationale, le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO). Cela fait suite à toute une période d’intense collaboration au sein de Die Linke et de son courant de gauche, la “Gauche Anticapitaliste’’. Voici ci-dessous sa déclaration.

Déclaration de Heidrun Dittrich

Au vu des mouvements de masse qui prennent place sur tous les continents, de l’actuelle absence d’alternative dans l’esprit de nombreuses personnes et de la désillusion face aux partis néolibéraux, la construction de forces socialistes conséquentes est décisive pour montrer une voie de sortie hors de la crise du capitalisme. Sans cela, des groupes pro-capitalistes ou mêmes fascistes peuvent instrumentaliser la désillusion existante, des mouvements progressistes peuvent tourner à la guerre civile comme en Syrie ou des militaires peuvent prendre le pouvoir comme en Egypte. De tels développements ne peuvent être prévenus que si la classe ouvrière dispose de forces indépendantes qui luttent pour une alternative à une échelle internationale.

J’ai décidé de rejoindre Sozialistische Alternative (SAV) parce que je pense qu’une organisation marxiste internationale qui défend une telle perspective est nécessaire.

Je me suis moi-même considérée comme une marxiste la moitié de ma vie durant et j’ai lutté au côté de collègues, de syndicalistes et de chômeurs pour une alternative contre la guerre, la pauvreté et l’esclavage salarial. C’est pourquoi j’ai rejoint le syndicat à l’âge de 16 ans et que je suis devenue active syndicalement sur mon lieu de travail. Il y a de cela 5 ans, j’ai rejoint Die Linke parce qu’un parti socialiste puissant défendant une alternative au capitalisme est nécessaire. En 2009, j’ai été élue pour le parti au Parlement allemand (le Bundestag) sur une liste présentée dans l’Etat fédéral de Basse Saxe. Je suis d’opinion que notre travail parlementaire doit être premièrement et principalement utilisé, comme Rosa Luxemburg l’avait écrit il y a plus de cent ans, afin d’exposer l’hypocrisie des partis bourgeois, de propager notre alternative politique, de diffuser les revendications des mouvements extra-parlementaires et de renforcer la résistance locale. J’ai toujours été opposée à la conception des positions parlementaires considérées comme un but en soi.

Je suis également active au sein de la Gauche Anticapitaliste (AKL) afin d’aider à construire une aile gauche de la base du parti capable de remporter des majorités pour une politique anticapitaliste et socialiste. C’est au sein du parti et de l’AKL que j’ai pu rencontrer les camarades du SAV, qui sont également membres de Die Linke. Après une période de travail en commun qui a duré plusieurs mois, j’ai pu constater que mes idées et celles du SAV au sujet d’une gauche combative, démocratique et socialiste étaient similaires.

Tout comme les camarades du SAV, je ne pense pas que la crise actuelle est juste une crise des marchés financiers, mais une crise systémique du capitalisme. Cette crise ne pourra pas être résolue par une redistribution des richesses, parce que la force principale au sein du capitalisme est celle de la maximisation du profit. Une solution ne peut être trouvée que dans la socialisation des moyens de production et dans la planification écologique et sociale de l’économie au sein d’une société socialiste. Notre tâche est, à partir des problèmes quotidiens de la population, de montrer une issue socialiste et de construire un pont vers une alternative socialiste.

Les dirigeants du système disent toujours qu’il n’existe pas d’alternative au capitalisme. Mais la destruction de l’environnement partout sur la planète, les guerres et la dramatique dégradation des conditions de vie de millions de personnes me font dire qu’aucune autre conclusion ne peut être tirée que celle de lutter pour une société socialiste – sans quoi le capitalisme détruira les conditions de vie civilisées. Nous avons à formuler nos propositions de manière très concrète et non pas de façon abstraite. A partir de la lutte contre les bas salaires, les licenciements, les coupes dans les budgets sociaux, et pour une semaine de travail plus courte avec embauches compensatoires et sans perte de salaire, pour des programmes d’investissements publics massifs dans l’enseignement, les soins de santé, les services sociaux, etc. il est nécessaire de faire le lien avec les idées anticapitalistes et de clarifier que la moindre amélioration ne sera possible que sur la base du renversement de l’économie de profit capitaliste.

Afin de fondamentalement changer les relations sociales, nous devons gagner la majorité de la société. Cela ne saurait être possible qu’en stimulant l’entrée en activité militante pour que de plus en plus de gens rentrent en conflit avec le système. Cela ne se fera pas avec des coalitions parlementaires avec des partis bourgeois comme le SPD et les Verts.

Les membres du SAV militant au sein de Die Linke contre toute accommodation avec le SPD et le Verts. Renforcer le SAV, c’est renforcer la gauche au sein de Die Linke et cela aide à prévenir un virage à droite dans la lignée du “Forum Socialiste Démocratique” (FDS, un courant de droite au sein du parti). Les camarades du SAV combinent des activités quotidiennes afin de développer la résistance et de contester le pouvoir tout en construisant Die Linke, l’aile jeune du parti et les syndicats avec l’objectif d’une transformation socialiste de la société. Lors des élections générales qui arrivent, au côté de membres du SAV et de tout le parti, je vais lutter pour la présence la plus forte de Die Linke au Bundestag. Renforcer le SAV et construire Die Linke n’est pas contradictoire.

J’ai particulièrement été impressionnée par l’activité des membres du SAV à l’Hôpital Charité et dans la construction de groupes de syndicalistes, des campagnes syndicales exemplaires y ont été menées. J’ai eu l’opportunité de rencontrer des membres du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) lors d’une rencontre internationale et de voir à l’œuvre une véritable association socialiste internationaliste. Plus particulièrement, le rôle des camarades du Democratic Socialist Movement (DSM) dans les grèves de mineurs et dans la construction d’un nouveau parti large des travailleurs en Afrique du Sud et la bataille de Xekinima pour l’unité de la gauche grecque sur une base clairement socialistes, sont des exemples de la manière dont la gauche socialiste doit approcher ces tâches.

En tant que députée, j’ai toujours beaucoup donné aux mouvements extra-parlementaires. Le SAV défend que chaque élu reçoive comme rémunération le salaire moyen d’un ouvrier qualifié afin d’assurer que personne ne devienne élu pour satisfaire des intérêts personnels et parce qu’il est important de ne pas être privilégié en comparaison des gens que l’on représente. J’ai donc décidé de garder 2.400 euros de mon salaire mensuel de députée pour subvenir à mes besoins, en fonction du salaire que je recevais avant d’être élue, et de donner tout le reste aux mouvements sociaux et aux projets politiques.

Heidrun Dittrich

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