Secteur agro-alimentaire : La faim comme arme du capital

Le 25 mai dernier, deux millions de personnes ont manifesté leur colère contre la multinationale Monsanto dans une quarantaine de pays, une mobilisation massive à peine mentionnée dans les médias dominants. Il y a pourtant pas mal de choses à dire sur cette multinationale, ses méthodes de lobbying et de falsification de résultats scientifiques et ses produits, nocifs tant pour la santé que pour l’écosystème.

Par Yves (Liège)

Monsanto est particulièrement connu aujourd’hui pour avoir développé les Organismes Génétiquement Modifiés (OGM) dès le début des années ’80. Avant cela, l’entreprise avait déjà fait parler d’elle en développant le sinistre Agent Orange, une arme chimique massivement utilisée par l’armée américaine dans la guerre du Vietnam, et qui cause toujours des cancers aujourd’hui. Plus récemment, Monsanto a tenté d’instrumentaliser le tremblement de terre qui a ravagé Haïti en 2010 pour s’ouvrir un nouveau marché. Des milliers de paysans haïtiens avaient manifesté pour dénoncer sa volonté de détruire l’agriculture paysanne et de rendre la population dépendante de ses produits.

Des décisions sanitaires basées sur le lobbying

Depuis de nombreuses années, Monsanto & Co plaident pour une déréglementation des lois sur les OGMs et une diminution des ‘‘entraves bureaucratiques’’ que sont les procédures de contrôle sanitaire. Pour parvenir à leurs fins, certains cadres des multinationales agro-alimentaires participent à un jeu de chaise musicale entre entreprises privées et agences sanitaires publiques partout dans le monde, une pratique particulièrement développée entre le monde de la finance et celui de la politique. Ainsi, Diana Banati a dû quitter en 2012 son poste de présidente du conseil d’administration de l’Agence européenne de sécurité des aliments (AESA) pour conflit d’intérêt. Elle était notamment membre du conseil d’administration de l’Ilsi, une organisation regroupant des entreprises comme Monsanto, Basf, Bayer,… alors que l’AESA est justement chargée de contrôler les risques liés aux OGM ! Elle a ensuite rejoint un lobby international pro-OGM.

Le 26 mars 2013, le président américain Obama a signé le ‘‘Monsanto Protection Act’’, surnom donné à une clause qui rend impossible aux tribunaux américains de s’opposer à la vente ou à la plantation d’OGM, même si le processus officiel n’a pas été respecté. Monsanto sera aux premières loges pour profiter de l’aubain puisque la multinationale contrôle 93% de la production américaine de soja, 88% de celle du coton et 86% de celle du maïs. Le sénateur républicain à l’origine de cet amendement a eu sa carrière politique financièrement soutenue par Monsanto dès ses débuts…

Les mesures extrêmement favorables aux géants de l’agro-alimentaire sont légions, comme le principe d’équivalence en substance appliqué aux USA et au Canada, qui voudrait qu’il n’y ait pas de différence entre une plante qui a évolué, s’est adaptée à l’environnement, à laquelle nous nous sommes adaptés et une plante issue de plantes génétiquement modifiées. Des OGM arrivent ainsi dans nos assiettes ou comme nourriture animale sans contrôle, contrairement aux médicaments qui ne sont commercialisé qu’après 10 ans d’études. Résistance !

La culture d’OGM nuit à tous et ne profitent qu’à très peu, certains petits producteurs en Inde sont forcés d’acheter des semences à Monsanto puis de payer des royalties après récolte car les OGM rentrent dans le cadre de la loi sur les brevets. Au Mexique, les récoltes traditionnelles sont contaminées par des OGM arrivés on ne sait comment. Outres ces problèmes de société, la nocivité de ces produits est toujours en débat. L’an passé, le professeur Gilles Eric Seralini a publié une étude démontrait un taux de mortalité et de tumeurs bien plus élevé chez des rats ayant été nourris avec du maïs génétiquement modifié de Monsanto qui a la particularité de produire une protéine lui permettant de se défendre contre un herbicide également vendu par Monsanto.

Comment justifier qu’un secteur aussi important que celui de l’alimentation soit laissé aux mains du privé et soumis à la dictature des marchés ? La seule manière d’assurer le contrôle de nos assiettes, c’est d’exproprier et de nationaliser sous contrôle et gestion démocratique les multinationales telles que Monsanto. La crise économique a déjà illustré la faillite de ce système, le cas particulier de l’alimentation et de Monsanto est un argument de plus en faveur de la lutte pour une autre société. Comme Marx le disait déjà, le capitalisme ‘‘détruit les deux seules sources de toute richesse : la terre et le travailleur.’’

Il faut tout de suite prendre une orientation socialiste et produire pour la satisfaction des besoins humains réels. Avec une économie et une agriculture démocratiquement planifiée et basée sur la nationalisation des secteurs-clés de l’économie sous contrôle et gestion des travailleurs, les dépenses en énergie seraient réduites, les gaspillages à tous les niveaux des maillons de production seraient évités, l’élevage et l’agriculture pourraient cohabiter limitant ainsi l’utilisation d’engrais chimiques. Sans changement de cap c’est droit dans le mur que nous allons.

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