ArcelorMittal : Tout ce qu’il y a à gagner, nous l’arracherons par la lutte

Aucune confiance envers les politiciens du capital !

Cela fait plus d’un an et demi maintenant que l’on joue avec les pieds et les nerfs des travailleurs d’ArcelorMittal menacés de licenciement dans la filière chaude ou froide. La stratégie adoptée par le sommet syndical était de faire pression sur les politiciens de l’establishment et de se baser essentiellement sur Jean-Claude Marcourt, ministre wallon de l’économie et figure de proue du PS. Quel bilan en tirer aujourd’hui ?

Article tiré de l’édition d’été de Lutte Socialiste

Une belle opération de com’ Tout d’abord que Jean-Claude est passé maître dans l’art de se faire passé pour le caliméro isolé au sein du PS et au sein du gouvernement wallon. La méthode du ‘‘je voudrais bien, mais je ne peux point’’ doit certainement faire l’objet de séances de formation au siège du PS, Boulevard de l’Empereur… Le fameux ‘‘décret expropriation’’ de Marcourt est à considérer dans ce cadre.

Le ministre ‘‘ami des métallos’’ a présenté au gouvernement wallon un projet de décret qui permettrait à la Région wallonne de s’emparer des sites menacés de fermetures, mais uniquement pour lui retrouver un propriétaire au plus vite. Le principe même de ce ‘‘portage public’’ est déjà totalement vicié car basé sur le principe néolibéral selon lequel le rôle des autorités publiques doit se limiter au strict minimum.

On se demande d’ailleurs quelles conditions seraient celles de ce ‘‘retour au privé’’. Diminution de salaire ? Réduction de personnel ? Augmentation des cadences ? Cadeaux fiscaux et aides publiques ? N’importe quel patron tirerait avantage de la situation, drapé derrière l’image du nouveau ‘‘sauveur de la sidérurgie’’, et sans pour autant garantir quoi que ce soit à long terme. Le précédent ‘‘sauveur’’ de la sidérurgie liégeoise, c’était en 2006, et il s’appelait Mittal. On sait ce qui l’en est advenu.

Ce décret ‘‘expropriation’’ qui n’en a décidément que le nom (il n’est pas question de laisser Mittal sans indemnisation…) est surtout une bonne opération de publicité pour un ministre PS qui lui permet de se profiler ‘‘à gauche’’ sans que cela ne coûte grand-chose. C’est que le gouvernement régional est loin d’être chaud sur cette question, par crainte des foudres des marchés et des diverses institutions capitalistes qui ne manqueraient pas de s’abattre pour faire payer un dangereux précédent. L’Etat, même de façon très limitée, n’a pas à se mêler du sacro-saint droit à la propriété privée. Il y a bien eu le cas des banques, mais bon, là, il s’agissait de sauver les spéculateurs, c’était différent…

Quelle stratégie syndicale ?

Le problème, c’est que le sommet syndical s’est retrouvé complètement embourbé dans les manœuvres des autorités wallonnes et dans la ‘‘task force’’, le groupe de travail et de réflexion sur l’avenir de la sidérurgie liégeoise qui a réuni les syndicats, la région wallonne et d’autres acteurs. Pour de nombreux travailleurs, l’évolution des choses a été des plus opaques, sans qu’on leur demande trop leur avis…

Certaines déclarations syndicales surprennent aujourd’hui. ‘‘Il ne faut pas une nationalisation pour une nationalisation’’ a ainsi déclaré le secrétaire général de la CSC Métal, Jordan Atanasov. De son côté, le président de la FGTB-Métal liégeoise Francis Gomez a dit que les choses seraient plus faciles si un repreneur privé se manifestait. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le mot d’ordre de nationalisation des sites n’a pas le même contenu chez tous les syndicalistes…

De cette absence de confiance envers la possibilité d’une sidérurgie intégrée publique a découlé un plan de lutte manquant particulièrement d’audace, où la construction d’un réel rapport de force a été balayée au profit d’un travail de lobbying auprès de ces mêmes politiciens qui appliquent l’austérité où qu’ils se trouvent. Comment faire confiance aux belles paroles de Jean-Claude Marcourt, un ministre qui parle d’expropriation face caméra, mais qui par ailleurs approuve le traité d’austérité européen (TSCG) ? De quoi est-il question dans les discussions ultraconfidentielles que Marcourt entretient avec Mittal ?

Dans toute lutte syndicale, le mot d’ordre essentiel devrait être celui de l’indépendance complète et inconditionnelle des syndicats vis-à-vis de l’Etat capitaliste. Cela signifie de transformer les syndicats en véritables organes de lutte des masses avec l’objectif d’une sidérurgie nationalisée, non pas gérée par des fonctionnaires acquis à la logique de la dictature des marchés, mais gérée et contrôlée par les travailleurs eux-mêmes.

Le premier pas idéal en cette direction devrait être l’occupation des sites par les travailleurs, qui pourraient ainsi disposer de quartiers généraux pour discuter démocratiquement de l’organisation de la lutte – ces discussions ne doivent pas rester confinées aux directions syndicales – et poser les jalons vers une sidérurgie publique et sous le contrôle démocratique des travailleurs.

La crise économique ne laisse aucune marge pour une ‘‘troisième voie’’ entre la rapacité capitaliste et la démocratie des travailleurs. En Europe, il ne reste plus que 360.000 sidérurgistes travaillant dans un secteur dont la production a chuté de 27 % depuis le début de la crise. Pendant combien de temps allons-nous assister à la mort de cette industrie sans rien faire de conséquent ?

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