USA : Trois candidatures marxistes à Boston, Minneapolis et Seattle

L’austérité et les coupes budgétaires se multiplient et s’abattent partout aux Etats-Unis. Au niveau local, ce sont les politiciens locaux qui appliquent loyalement l’agenda néolibéral des grandes entreprises et sabrent dans les services publics. Manifester contre ces attaques n’est pas suffisant, il faut également défier ces politiciens capitalistes aux élections dans le cadre de la discussion concernant la représentation politique de la classe ouvrière. Le 6 novembre prochain se dérouleront des élections locales aux USA, et nos camarades de Socialist Alternative déposeront trois candidats.

Par Joshua Cohen, Socialist Alternative (CIO-USA)

Des candidats de Socalist Alternative participeront aux élections des conseils communaux de Boston, Minneapolis et Seattle. Chacun d’eux base ouvertement son programme sur le socialisme, la construction des mouvements sociaux et le soutien aux luttes, en totale indépendance des Démocrates et des Républicains. Leurs campagnes aideront à populariser l’idée d’une politique indépendante de la classe ouvrière, basée sur la défense de ses intérêts propres, à développer le soutien en faveur d’une telle politique et à instaurer une pression sur l’establishment capitaliste local.

En novembre dernier, notre camarade Kshama Sawant s’était présentée dans le district de Seattle, dans l’Etat de Washington, contre le Président de la Chambre des Représentants de l’Etat de Washington. Elle avait obtenu le score historique de 27%.

Les directions syndicales, les libéraux de gauche et d’autres estiment que de telles campagnes locales auraient plus d’impact en collaborations avec les Démocrates. Ils pensent donc que se présenter comme étant ouvertement séparés du Parti Démocrate en tant que candidats de Socialist Alternative est inutile.

Pourquoi dès lors ne pas rechercher le soutien des diverses sections locales du Parti Démocrate ? Il est vrai qu’elles sont relativement démocratiques (et souvent largement progressistes) et que leur soutien pèse beaucoup dans la balance électorale car elles peuvent mobiliser des activistes dans chaque quartier tout en bénéficiant du soutien d’électeurs qui votent régulièrement aux élections locales.

Mais ces sections locales n’existent qu’afin de fabriquer de futurs carriéristes. Elles fonctionnent sur le modèle du népotisme ; les rejoindre ne relève pas d’un choix politique mais d’un choix de carrière. Elles ouvrent des portes. Ces gens s’opposent avant tout aux candidatures indépendantes car elles menacent leurs connexions personnelles avec les candidats qui, en retour, leur offrent un emploi, un diplôme ou d’autres avantages.

Un outil pour les grandes entreprises

A l’échelle nationale, Obama et les Démocrates continuent de travailler en parallèle avec leurs alliés du privé, en s’attaquant à la sécurité sociale, à la santé et à l’éducation publique, en expulsant les immigrés (plus que n’importe quel autre président auparavant), et en cherchant à faire du profit dans les soins de santé.

Le Parti Démocrate est dominé par les intérêts capitalistes. Des organisations telles que le récemment dissout Democratic Leadership Council existent avant tout pour soutenir des candidats favorables aux grandes entreprises face à ceux qui pourraient nuire aux résultats électoraux du Parti Démocrate et donc l’empêcher de promulguer ses mesures néolibérales.

En parallèle avec les politiciens nationaux, les gouverneurs et les maires tant républicains que Démocrates appliquent les coupes budgétaires les plus violentes et immédiates. Dans le Massachusetts (où se situe la ville de Boston, NDT), le gouverneur démocrate Deval Patrick s’est ouvertement vanté d’avoir fait accepter des baisses salariales aux syndicats (Boston Globe, 18/12/2009).

Seattle : Kshama Sawant

Minneapolis : Ty Moore

Boston : Seamus Whelan

Au niveau local, la majorité des districts sont sous le monopole d’un seul parti. La plupart des grandes villes comme Minneapolis, Seattle et Boston sont complètement dominées par le Parti Démocrate. A Seattle, par exemple, aucun Républicain n’a été élu au conseil municipal depuis 1991 !

Quand des syndicalistes, des activistes ou des progressistes se présentent comme candidats ou décident de défier le statuquo aux primaires démocrates, ils se heurtent à un réseau de vieux potes qui repousse tout changement et menace les nouveaux candidats : ‘‘Si vous n’acceptez pas nos règles, on ne vous fera pas de quartiers.’’

Malgré cela, certains militants ouvriers, dont des syndicalistes et des activistes progressistes, parviennent parfois à remporter des élections locales face aux Démocrates. Bien que Socialist Alternative ne soutienne pas les Démocrates, nous cherchons à œuvrer avec tout militant authentique de la classe ouvrière. Nous en appelons donc à ces progressistes au sein du Parti Démocrate : libérez-vous du piège de ce parti qui vous traque sans cesse, et œuvrez avec nous pour construire un nouveau parti indépendant de la machine électorale capitaliste et des pots-de-vin !

Les candidats de Socialist Alternative se présentent ouvertement en tant que socialistes et marxistes pour donner un écho à la défense des intérêts de la classe ouvrière et instaurer un maximum de pression sur l’establishment pour décrocher des avancées en faveur des travailleurs et de la jeunesse.

Cela demande que les candidats se démarquent des Démocrates et de leur programme néolibéral. Même dans des villes comme Boston et Seattle, où une longue histoire de monopole politique a mené à des élections non-partisanes, c’est-à-dire où les affiliations aux partis ne sont pas listées sur le bulletin de vote, il est nécessaire de revendiquer clairement notre indépendance face au Parti Démocrate qui contrôle totalement ces villes dans l’intérêt des riches et des puissants.

Si une campagne vise vraiment à construire des mouvements, elle doit être sérieuse quant à son programme et à ses organisations. A Minneapolis, notre camarade Ty Moore est un militant bien connu d’Occupy Homes, et il utilise cette campagne pour donner plus de visibilité au mouvement Occupy Homes, en luttant ouvertement contre les politiciens responsables des expulsions et des saisies.

Boston : cas d’école d’un monopole politique

Pendant 20 ans, le maire de Boston Thomas Menino est resté au pouvoir grâce à une stratégie simple : récompenser ses amis, et attaquer sans répit ses adversaires. En 2009, le progressiste Démocrate Sam Yoon l’a défié. A la suite de sa défaite, il a dû quitter Boston pour trouver du travail. Il était considéré comme ‘‘radioactif’’ par les employeurs locaux, qui craignaient des représailles de Menino s’ils employaient son adversaire (Boston Phoenix, 27/06/2010).

Boston est contrôlé d’une main de fer par le Parti Démocrate. La machine du parti est divisée en quartiers et en circonscriptions, et contrôle l’argent et les ressources humaines nécessaires pour faire élire n’importe quel politicien en ville. Ce pouvoir n’est pas échu aux branches locales de l’organisation, mais bien à ses dirigeants, et ce depuis les 20 ans au pouvoir de Tom Menino.

L’Alternative Socialiste

Le mouvement Occupy a été l’occasion pour de nombreux jeunes de participer à leurs premières actions. Il a révélé la colère que génère l’inégalité de la société américaine et a donné un nouveau souffle au militantisme et à la lutte contre l’injustice. Des sujets tels que la dette étudiante, les saisies de domicile, la destruction de l’environnement, le déclin des écoles publiques, le sous-financement des transports publics, les bas salaires, et d’autres préoccupations de la classe ouvrière ont été exposées et combattues.

Trois candidats de Socialist Alternative se présentent aux élections municipales en 2013. Ces campagnes sont un outil pour mettre en avant les luttes pour les revendications soulevées lors du mouvement Occupy et pour répandre les idées du socialisme parmi des milliers d’autres personnes.

Aucun acquis social ne nous a été cédé sans que la classe ouvrière se soit battue. Les week-ends, la semaine de travail de 40 heures (constamment menacée), l’assurance-santé à charge de l’employeur, l’enseignement public, l’abrogation des lois de Jim Crow (sur la ségrégation raciale) sont autant d’héritages des luttes de masse de la jeunesse et des travailleurs. Seule une stratégie impliquant des manifestations massives, des actions de désobéissance civile, des grèves et des occupations peut protéger et améliorer nos conditions de vie au travers de la lutte.

Présenter des candidats ayant participé à ces luttes est une tactique utile pour construire des mouvements. Utiliser les campagnes électorales et, en cas de succès, nos élus comme des plateformes peut aider à diffuser les idées du mouvement au plus grand nombre, et à le maintenir lors des périodes creuses.

En Irlande, Joe Higgins a d’abord été élu en tant que socialiste à un poste de représentant local à la suite d’une campagne contre une taxe sur l’eau, quand le gouvernement irlandais tentait d’étouffer la population sous les taxes. Depuis, il a été élu et réélu au Dail (parlement irlandais) en tant que membre du Socialist Party (CIO-Irlande) sur base de son combat ininterrompu lors de cette campagne et de bien d’autres. Sa position et son soutien affirmé aux luttes ont apporté une énorme visibilité aux mouvements.

Socialist Alternative se bat pour la création d’un nouveau parti basé sur les mouvements sociaux et les travailleurs, et refuse l’argent du privé. Un tel parti devrait être contrôlé démocratiquement par ses membres et accepter l’alliance en son sein de différentes tendances de gauche.

Tant que les travailleurs et les jeunes s’intéresseront aux élections, les militants devront s’engager activement dans cette arène limitée, sur la base de la lutte pour les intérêts de la classe ouvrière et de tous ceux exploités par le capitalisme. Le Parti Démocrate détient le plus abject record d’attaques sociales, autant aux niveaux local que national, et il devrait être jeté aux ordures pour lutter contre la dictature des marchés.

En construisant l’opposition de gauche indépendante la plus forte possible pour défier les Démocrates aux élections locales de 2013, nous pouvons aider à tracer le chemin vers la création d’un nouveau parti qui représenterait les intérêts de la classe ouvrière et de tous les ennemis du capitalisme.

Un tel parti, aux côtés de mouvements de masse dans la rue, représenterait un énorme bond en avant pour vaincre les forces de l’austérité et du capitalisme.

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