Un délégué répond au président de la FGTB-Métal flamande

En Flandre, un délégué FGTB anversois travaillant à New Holland (machines agricoles) a diffusé une lettre ouverte adressée au président de la centrale flamande des métallos, Herwig Jorissen, qui se plaint systématiquement qu’il y a trop d’actions et qui casse les actions menées par les autres centrales. ‘‘Nous n’en avons pas marre des grèves et des actions, mais nos dirigeants syndicaux n’ont plus rien à voir avec les manifestations et les actions’’, a répondu ce délégué, à fort juste titre. Afin de largement mener la discussion, il réclame la tenue d’une assemblée générale des militants. Nous publions ci-dessous une version abrégée de cette lettre ouverte.

‘‘Herwig Jorissen affirme que la centrale flamande des métallos n’a pas adhéré à la journée d’action du 25 avril menée par la FGTB sur le dossier de l’harmonisation des statuts ouvrier et employé parce qu’il y a ‘‘trop d’actions, nos militants ne sont plus attirés par elles.’’

‘‘En tant que délégué FGTB à New Holland à Anvers, je ne suis pas d’accord avec ce que dit notre président. Le SETCa [la centrale des employés de la FGTB] a raison de mener des actions contre la dégradation du statut des employés, car c’est de cela qu’il s’agit. Je n’ai pas entendu Jorissen dire le contraire. Pendant des mois, nous avons été bombardés de mails de notre centrale concernant la question du statut unique, à un tel point que nos délégués et militants ont constamment cliqué sur “supprimer”. Ils sont fatigués de n’entendre parler que de cela alors que nous n’entendons pas Jorissen au sujet de la casse sociale de ce gouvernement (nos amis socialistes).

‘‘Les militants de la FGTB sont fatigués de faire grève ? Nous n’en avons pas marre des grèves et des actions, mais nos dirigeants syndicaux n’ont plus rien à voir avec les manifestations et les actions. Il y avait 40.000 manifestants [le 21 février], mais n’avons plus rien entendu ensuite. A chaque action ou manifestation, la délégation de New Holland – Anvers était présente en nombre, mais nous ne pouvons pas continuer à mobiliser les travailleurs si notre syndicat craint l’étape qui suit. Dans [le journal flamand de la FGTB] De Nieuwe Werker, nous pouvons lire de bons articles et de bonnes prises de position, mais en pratique, on ne fait rien, car ils sont dans les faits en accord avec l’analyse du gouvernement et de l’Europe. Ils laissent les choses se faire.

‘‘Les métallos de la FGTB ont toujours été à l’avant-garde de la lutte, mais qu’en reste-t-il ? Rien, on a laissé fermer des usines comme Ford et Opel, des milliers de gens sont à la rue. Félicitations aux travailleurs des sous-traitants de Ford qui sont entrés en lutte, sinon ils se retrouvaient à la porte avec tout juste une aumône. La lutte paye, c’est ce que j’ai toujours appris au syndicat. Quelle est la réponse de Herwig à ce sujet ? Accepter le gel des salaires, accepter la flexibilisation du travail,… Même quand New Holland réalise de super profits, nous recevons comme consigne de la part de notre centrale de ne pas réclamer d’augmentation. Notre centrale nous impose elle-même un gel des salaires !

‘‘Pensez-vous vraiment que les entreprises vont rester ici si nous ne nous battons pas pour les y forcer ? La dégradation de notre pouvoir d’achat assure que la crise s’aggrave, que plus d’entreprises vont fermer, que plus de gens vont perdre leur emploi et que la crise va encore s’aggraver. Lutter pour nos droits ? Oui. Mais ce n’est pas possible avec des dirigeants qui ont peur se battre et qui ne croient pas dans la lutte. Bien sûr, notre industrie est durement touchée, mais quelle réponse défendons-nous ? La crise va s’aggraver et l’histoire nous montre que nous n’avons pas d’autre choix que de nous battre.

‘‘Jorissen devrait le savoir. Très bien même. Au cours d’une rencontre de l’automobile à Melreux où était présentée l’introduction des méthodes japonaises, Jorissen a pris conscience que ces méthodes allaient être rejetées, et il était furieux. Pendant le dîner, il s’est écrié : ‘‘Je ne vous ai pas fais venir ici manger et boire pour entendre un ‘‘non’’, je veux entendre un ‘‘oui mais’’!’’ Le projet pilote, c’était Opel. Mais où en est Opel maintenant ? Bien joué !

‘‘Herwig a déjà assuré qu’il y ait une scission entre une centrale flamande et une autre Wallonie-Bruxelles, veut-il maintenant scinder l’ensemble de la FGTB ? Non Herwig, tu ne t’y prends pas bien. Si tu veux savoir ce que pensent vraiment tes militants et délégués, convoque une assemblée générale des militants et laisse-nous ouvertement discuter de la question.’’

Fred Van Aelst, délégué FGTB New Holland Tractor – Anvers

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