Emprunt populaire ou triche populaire ?

Pas de réponse crédible face à la grève de l’investissement des capitalistes

Le ministre des finances Koen Geens a encore pas mal de choses à apprendre : être ministre, c’est clairement autre chose qu’être académicien. Lorsqu’il a lancé le débat sur l’emprunt populaire, toute la discussion s’est perdue dans l’hystérie concernant la deuxième partie de sa déclaration : l’annulation de l’exemption d’impôt sur les revenus des livrets d’épargne. Directement, ce fut le chaos, et la discussion sur l’emprunt populaire est devenue inaudible. Il s’agit néanmoins d’une discussion fondamentale : où se trouvent les richesses dans cette société, et comment les mobiliser ?

Par Tim (Bruxelles)

Après à peine 4 jours de grève des travailleurs de Swissport, il a fallu que le ministre Wathelet menace de condamnations et de réquisitions. Aucun mot sur l’énorme pression au travail, sur la très lourde flexibilité et sur les horaires inhumains : que les travailleurs stoppent leur grève ou la justice s’en mêlera ! De son côté, le grand capital – qui est en grève d’investissements depuis des années déjà – reste impuni. Au moins 25.000 milliards de dollars sont cachés dans les paradis fiscaux, soit quasiment un tiers du PIB global ! Les banques centrales essayent désespérément de tirer cet argent vers l’économie réelle : les taux d’intérêt historiquement bas doivent forcer les banques et les capitalistes à investir dans la production. Sans succès jusqu’ici.

Bien au contraire : l’entreprise Apple repose sur une montagne de cash de 145 milliards de dollars, en grande partie cachée ‘‘en franchise d’impôt’’ dans les paradis fiscaux. Et ce n’est pas tout ! Non seulement ces moyens ne sont pas utilisés pour investir dans l’économie réelle, mais l’entreprise compte maintenant utiliser ces taux d’intérêt historiquement bas pour emprunter l’argent à verser en dividendes à ses actionnaires, et ainsi économiser les 9,2 milliards de dollars d’impôts que coûterait le rapatriement de son argent des paradis fiscaux ! C’est ça la Grande Grève du Capital : comme les investissements dans l’économie réelle ne rapportent plus assez, tout l’argent reste dans les paradis fiscaux où il est mobilisé pour la spéculation.

Voilà la raison sous-jacente à cette idée de ‘‘l’emprunt populaire’’. Comme le grand capital ne bouge pas, c’est à la classe des travailleurs de sauver les meubles, en utilisant ses modestes épargnes.

En soi, nous ne sommes pas opposés à l’idée d’un ‘‘emprunt populaire’’, mais cela doit être considéré dans le cadre d’un secteur bancaire nationalisé, sous contrôle et gestion démocratiques de la population. Un tel secteur financier public permettrait d’assurer les petits épargnants d’un taux d’intérêt garanti. D’autre part, ces moyens pourraient être consacrés à des prêts bon marché pour les PME et pour investir dans les services publics. Mais, nous irions surtout chercher l’argent là où il se trouve véritablement : aux mains du 1% de super-riches au sommet de la société. La crise à Chypre nous a montré qu’il est techniquement possible de placer sous contrôle un secteur bancaire entier, d’avoir une vue sur les transferts d’argent internationaux et sur l’évasion fiscale, afin de la stopper. Ces possibilités devraient être utilisées pour mobiliser les 25.000 milliards de dollars cachés dans les paradis fiscaux pour les investir dans l’enseignement, la recherche scientifique, les soins de santé, l’énergie verte, et tout autre besoin de la population entière.

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