Ceci n’est pas un plan d’action…

Suite à l’avalanche d’austérité et aux nombreuses annonces de licenciements, la demande pour un plan d’action s’est faite de plus en plus ressentir au sein des structures syndicales. Cette pression, combinée à l’ampleur des attaques sur les travailleurs avec ou sans emploi, a poussé les directions syndicales à ‘‘élaborer’’ un ‘‘plan d’action’’. Depuis mars, chaque semaine, il y a eu des actions et manifestations quelque part en Belgique.

Par Ben (Charleroi), article issu de l’édition de juin de Lutte Socialiste

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Vous en avez peut-être vaguement entendu parler sans pour autant avoir été mis au courant des actions elles-mêmes. Ou plus probablement, vous avez été mis au courant de l’une ou l’autre action sans savoir qu’il y avait un plan derrière tout ça. Pire, vous ne le saviez pas ! Alors vous faites partie de ces militants et délégués syndicaux à qui il ne suffit pas d’envoyer un mail pour qu’ils se mobilisent.

Quoiqu’il en soit, vous n’êtes pas seuls à ne pas vous y retrouver, même certains permanents syndicaux ont des difficultés à comprendre le ‘‘plan’’. On a entendu certains dire que le plan d’action a démarré avec la manifestation de Liège, d’autres avec la manifestation de Namur et enfin un autre avec la manifestation de Charleroi. Au moment où cet article est écrit, il est encore trop tôt pour dire si certains diront que le plan d’action débute avec la manifestation de Tournai.

Des actions ou un plan ?

Ce qui est certain, c’est qu’il y a bien eu des actions, certaines mieux organisées et plus combatives que d’autres, mais toutes nécessaires en ces temps d’attaques constantes sur nos acquis. Là où il faudrait peut-être mener une réflexion, c’est sur la stratégie et la notion de ‘‘plan’’. En effet, si on néglige la stratégie, on risque d’aboutir à une démobilisation progressive des militants plutôt qu’à un renforcement du mouvement. Regardez ce qui se passe à ArcelorMittal, les travailleurs ont été baladés d’une manifestation sans perspective à l’autre et ils se retrouvent de moins en moins nombreux. Comme l’a expliqué un responsable syndical récemment ; ‘‘Les gens commencent à se dire qu’il n’y a plus d’espoir et, même moi, je commence à être pessimiste.’’

Le plan n’était pas clair. On a appris les informations sur les actions au compte goutte, plutôt que d’avoir un ensemble de dates prédéterminées et suffisamment connues que pour permettre à chaque militant de trouver sa place dans le plan, mobiliser comme il le peux, prendre des initiatives, etc. Au minimum on aurait espéré que lors de chaque action, on annonce l’action suivante afin d’organiser la solidarité entre régions. On aurait espéré également l’annonce d’un premier jour de grève générale dans le cadre de ce plan, afin que chaque action permette de construire le mouvement progressivement jusqu’à l’utilisation de l’arme ultime des travailleurs, la grève. Discuter nos faiblesses pour aiguiser notre stratégie.

On pourrait répondre qu’au moins des actions sont organisées. C’est vrai. Mais c’est aussi le droit de chaque militant de critiquer son syndicat afin d’aiguiser son efficacité. Ignorer nos faiblesses et éviter de les discuter est très dangereux. Si nous ne faisons pas la critique de nos propres organisations pour tirer les leçons de nos erreurs et améliorer notre stratégie, ce sera la démoralisation et la démobilisation qui en découleront.

Le patronat et ses laquais politiques savent très bien quelles sont nos faiblesses. Ce n’est pas en les niant ou en essayant de les cacher qu’elles disparaîtront, au contraire. Le rapport de force n’est pas en notre faveur et nous subissons des attaques d’une violence inouïe. Si nous voulons que ça change, si nous voulons réellement sauvegarder nos acquis et en gagner de nouveau, nous devons prendre la lutte au sérieux et l’organiser avec sérieux.

Nous avons donc besoin d’un véritable plan. Un plan composé d’actions, de manifestations et de grèves. Mais celui-ci ne méritera son nom que s’il est véritablement discuté et construit dans la durée avec pour objectif de renforcer progressivement le mouvement jusqu’à ce qu’il soit discuté démocratiquement dans chaque entreprise, chaque école, chaque quartier et nous permette enfin l’obtention d’une véritable victoire, annonciatrice des suivantes.

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