Brisons la norme salariale ! NON au blocage des salaires !

Les provocations se suivent rapidement, les unes après les autres. A peine nous remettons-nous de cette mesure qui ne prévoit aucune augmentation des salaires au cours des deux prochaines années (hors indexation) que d’autres attaques surviennent pour un gel permanent des salaires. Et comme si cela ne suffisait pas, les extrémistes libéraux flamands et la fédération des petits patrons flamands, l’Unizo, réclament des mini-emplois à l’allemande, avec de micro-salaires.

Par Geert Cool

Ces dernières années, les grandes entreprises ont pu profiter en Belgique d’un régime fiscal des plus favorables. Toutes sortes de structures complexes ont permis aux multinationales de ne payer quasiment aucun impôt. La lutte contre la pauvreté et la misère n’ont pas pu bénéficier de pareilles technologies de pointe.

Résultat : un transfert massif des ressources de la collectivité – c’est-à-dire de nous tous – vers les poches des grands actionnaires. Les topmanagers, les actionnaires et les spéculateurs sont assis sur une gigantesque montagne d’argent, mais leur avidité ne connaît pas de limites, ils en veulent plus, toujours plus. La révélation de ces 25.000 milliards de dollars cachés dans quelques paradis fiscaux est rapidement passée au second plan dans les médias dominants, derrière toute cette propagande qui affirme que le vrai problème, ce sont nos salaires. Tous les obstacles défiant la course aux profits des capitalistes sont en ligne de mire. Il n’y avait plus grand-chose à aller chercher du côté des diminutions d’impôts, d’autres ‘‘coûts’’ font maintenant face à l’artillerie lourde patronale, et nos salaires en premier lieu. L’argumentaire de l’establishment défend qu’en temps de crise, tout le monde doit faire des efforts.

Mais bon, ça ne vaut pas pour tout le monde, et certainement pas pour les gros actionnaires ou les cadres supérieurs d’entreprises qui n’ont jamais été aussi gâtés. De plus, il n’a été démontré nulle part qu’une réduction drastique des salaires conduisait à la croissance économique. Les travailleurs grecs ont été saignés jusqu’à la moitié de leurs revenus. En vain. Au contraire, après cinq années de récession, on parle maintenant d’une ‘‘décennie perdue’’.

Dans nombre d’entreprises, le personnel ne se contente pas de la norme salariale. Ainsi, le personnel de l’entreprise chimique Bayer (à Anvers) a obtenu une augmentation de 4%, ce qui est encore beaucoup moins que l’augmentation des dividendes versés aux actionnaires (+15%). ‘‘Illégal’’ crient les fédérations patronales, scandalisées. ‘‘Irresponsable’’ clament les partis traditionnels, ahuris. Des néolibéraux rouges comme la ministre De Coninck (SP.a) réclament un gel des salaires sur le long terme assorti d’une obligation légale. La concertation sociale est réduite à néant, le résultat est fixé à l’avance : au plus bas que puisse atteindre notre niveau de vie.

Si cela ne dépendait que des libéraux officiels, les choses iraient encore plus loin, comme avec l’Open-VLD qui exige la création de mini-emplois avec de mini-salaires : ‘‘Cela permettrait un accès plus facile au marché de l’emploi.’’ Qu’ils aillent le dire aux 60% de la jeunesse grecque ou espagnole qui sont au chômage ! Ou à plus de 30% de la jeunesse bruxelloise. L’objectif est clair : tirer les salaires vers les abysses. On appréciera aussi l’hypocrisie de cette proposition de salaires de 450 euros par mois émise par un parti dont la présidente, Gwendolyn Rutten, dispose d’un salaire annuel brut de plus de 200.000 euros. Elle gagne plus que le salaire mensuel qu’elle veut nous imposer en une seule journée.

Si nous les laissons faire, nous serons plongés dans une spirale négative sans fin concernant nos salaires, nos conditions de travail et notre sécurité au travail. Mais c’est leur système économique qui déraille, nos salaires n’ont rien à voir là-dedans. A mauvais diagnostic, mauvais remèdes. Et là, le poison sert avant tout à encore plus enrichir les super-riches au détriment de la grande majorité de la population.

La seule cure est de construire une résistance conséquente, car chaque faiblesse appelle à l’agression patronale. Briser la norme salariale peut constituer la première étape pour inverser la tendance. La colère et la rage se développent, et il nous faut de toute urgence l’organiser dans la lutte contre la casse sociale, mais aussi pour une nouvelle politique. La politique néolibérale a laissé de nombreux secteurs exsangues (accueil de l’enfance, enseignement, logement, aide aux personnes âgées,…), nous ne pouvons en aucun cas nous limiter à une lutte défensive.

Dans ce cadre, le PSL défend un programme de rupture anticapitaliste et socialiste, afin de construire une alternative où les nécessités sociales détermineraient l’orientation de l’économie, et non plus l’avidité capitaliste et l’approvisionnement des comptes bancaires dans les paradis fiscaux.

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