C’est sous la pluie que plus de 200 militants se sont déplacés face au Parlement wallon ce 29 mai pour protester contre la ratification du Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance (TSCG), déjà passé en Flandre et au Sénat. Etaient présents bon nombre de militants de la FGTB, mais aussi de la centrale des employés de la CSC (la CNE), de la Fédération des Etudiants Francophones, de divers collectifs citoyens (constituante.be, Occupuy Charleroi,…) ou encore de partis de la gauche radicale (Front de Gauche Charleroi, PTB, PC, MG, LCR, PSL). L’enjeu n’est pas sans importance, il suffirait qu’une instance législative belge refuse de voter le traité pour qu’il ne passe pas en Belgique.
Rapport d’Yves (Liège) et photos de Loïc (Liège)
Austérité 2.0.
Le TSCG est entré en vigueur depuis le 1er janvier 2013 et a actuellement été ratifié dans 17 pays européens. Imposant un déficit structurel de 0,5% (la désormais célèbre ‘‘règle d’or’’ basée sur une notion de ‘‘déficit structurel’’ totalement arbitraire) et une dette publique inférieure à 60% du PIB sous peine d’amende – pouvant aller jusqu’à 0,5% du Produit Intérieur Brut (PIB, valeur égale à la totalité des richesses produites dans un pays en un an) – aux pays l’ayant ratifié, ce pacte budgétaire est une manière de couler l’austérité dans la constitution ou en tout cas de la rendre inattaquable. L’orientation économique n’est ainsi plus une décision politique et le néolibéralisme l’unique base sur laquelle les diverses politiques peuvent se développer. L’Union Européenne n’a jamais été un instrument réellement démocratique, mais il est clairs que l’establishment européen compte supprimer les quelques éléments de démocratie qui pouvaient encore exister jusqu’ici.
Ce traité d’austérité et de casse sociale prévoit d’ailleurs d’accroître encore plus les pouvoirs de la Commission Européenne non-élue, dont les recommandations deviendraient de véritables diktats assurant que les moindres désirés des ‘‘marchés’’ soient assouvis. Nous connaissons tous l’impact de ce type de mesures, que ce soit avec les ‘‘plans d’ajustement structurels’’ du Fonds Monétaire International ou de la Banque Mondiale ou encore avec les conditions qui ont accompagnées ‘‘l’aide’’ européenne apportée à des pays comme la Grèce.
La pseudo-démocratie parlementaire capitaliste se montre de plus en plus sous son visage véritable : celui d’une ‘‘démocratie’’ où l’on peut choisir ce que l’on veut, tant que l’on reste dans les projets de la classe dominante. Cette dernière n’a en tête que de restaurer son taux de profit, et instrumentalise le prétexte de la crise pour mener une offensive en règle contre les acquis sociaux que le mouvement organisé des travailleurs a acquis de haute lutte : attaques contre les salaires et conditions de travail, chasse aux chômeurs, augmentation de l’âge légal pour partir en retraite, attaques contre les fonctionnaires, privatisations,… Mais cela provoquera (et provoque déjà) une contraction de l’activité économique qui elle-même entraîne une baisse des rentrées fiscales et une augmentation du chômage et donc des dépenses sociales. L’austérité entraine l’austérité, c’est une véritable avalanche de casse sociale qui nous fait face.
La position des partis traditionnels sur cette question est une nouvelle illustration de la nécessité de construire un nouveau relais politique large pour défendre les intérêts des travailleurs. Tous se sont pliés aux dogmes économiques néolibéraux sauf ECOLO… qui prévoit de le voter au Parlement Wallon ! Le député régional wallon ECOLO Luc Tiberghien l’avait encore précisé – en présence d’Isabelle Durant (ECOLO, vice-présidente du Parlement Européen) lors d’une conférence-débat organisée le 2 mai dernier à Tournai par la CSC du Hainaut occidental. Un Beau double jeu dont toute la subtilité réside dans le fait qu’ECOLO est à l’opposition au fédéral et dans la majorité aux régions.
Sans surprise, les seuls drapeaux que l’on voyait flotter du côté des manifestants anti-austérité étaient ceux de la gauche radicale (Front de Gauche Charleroi, PTB, PC, MG, LCR, PSL). Cela souligne une fois de plus la nécessité de canaliser nos forces. A ce titre, la lettre ouverte du PSL concernant une union électorale des forces de gauche pour 2014 semblait avoir été lue par beaucoup de monde, et à l’exception de réponses réservées de membres de directions de partis qui attendaient l’issue des discussions à ce sujet dans leurs organes, l’écho que nous avons pu entendre au sujet de cet appel était largement positif chez les militants. La nécessité de rassembler la résistance sociale est perçue et reconnue par de large couches, tant chez les militants actifs qu’au-delà.
Dans son discours à la fin du rassemblement, le président de la FGTB-wallonne Thierry Bodson a très justement développé le fait que le débat sur le TSCG fait partie intégrante de la discussion sur l’austérité au niveau global.
Il est aujourd’hui plus que nécessaire de disposer d’un véritable plan d’action offensif (avec un calendrier clair d’actions allant crescendo et une communication qui ne se limite pas à la presse dominante) avec grève(s) générale(s) afin d’instaurer un véritable rapport de force. Le lobbying parlementaire sera insuffisant, et laisser les diverses mobilisations s’effectuer chacune dans leur coin ne pourra mener qu’à la frustration et à la démoralisation.
Nous connaissons déjà la prochaine date de mobilisation : le 6 juin, à Bruxelles, en Front commun syndical, sur la question du statut unique entre ouvriers et employés. Que personne ne s’y trompe : c’est là aussi de la résistance contre l’offensive patronale dont il s’agit !