Le texte ci-dessous est une proposition du Parti Socialiste de Lutte (PSL) destinée à chaque personne désireuse de mener la lutte contre la casse sociale et faisant suite à des discussions internes ainsi qu’à une consultation de nos partenaires de Gauches Communes, de Rood et du Front de Gauche – Charleroi. Nous espérons pouvoir éviter que la gauche ne se présente en ordre dispersé pour les élections du 25 mai 2014. Le résultat de ces élections déterminera à la fois l’ampleur de la casse sociale et la résistance des travailleurs et de leurs familles.
Nous sommes bien conscients de la diversité qui existe au sein de la gauche, de la pertinence des divergences d’opinion historiques, des différences dans l’analyse, la stratégie, la tactique et les programmes de même que nous sommes conscients du rapport de force changeant et que nous ne voulons pas tout simplement écarter. Nous voulons toutefois éviter un scénario ‘‘à la grecque’’ – toutes proportions gardées – où la droite garde la main grâce à la division de la gauche. Nous pensons qu’obtenir un ou plusieurs élus de gauche n’est pas exclu pour 2014. Cela constituerait une lueur positive dans des élections qui seront dominées par une rhétorique de coupes budgétaires drastiques. Ce serait un renforcement significatif pour toute la gauche mais aussi et surtout pour le mouvement des travailleurs. Cependant, même l’obtention d’un seul élu nécessitera encore de considérables efforts. Avec cette proposition, nous voulons, dans le respect mutuel des réalisations de chacun et en tenant compte des rapports de forces entre les diverses composantes de la gauche, unir nos efforts afin de ne pas laisser filer cette opportunité entre nos doigts.
Camarades,
Depuis le début de la crise en 2008, des milliers de familles ont déjà été affectées par la forte augmentation des restructurations, des licenciements et des fermetures d’entreprises. La hausse du chômage et l’insécurité d’emploi sont instrumentalisés par les patrons pour mettre les salaires sous pressions, accroître la flexibilité au travail et saper les contrats et conditions de travail. Mais la fin de la crise n’est pas en vue, loin s’en faut. Même les prévisions les plus optimistes parlent d’encore au moins 5 années de crise.
La formation d’un gouvernement après la plus longue crise politique de l’histoire belge a accéléré ce processus et y a ajouté une dimension supplémentaire. La politique d’austérité est depuis lors devenue une véritable lame de fond antisociale. La chasse aux chômeurs est accrue, les possibilités d’interruption et d’aménagement de carrière sont limitées, l’âge effectif de départ à la retraite est repoussé. Au moment même où la demande de services publics augmente, les dépenses publiques suivent le chemin inverse. Les listes d’attentes ne sont pas éliminées mais au contraire plus nombreuses et plus longues. Les économies budgétaires arrivent de tous les côtés, tant au niveau fédéral avec notamment la sécurité sociale – y compris les soins de santé – qu’au niveau régional et au niveau des autorités locales.
Le transfert néolibéral de moyens des pauvres vers les riches s’accroit
Tous les moyens, des secteurs privés aux autorités publiques, sont utilisés pour maintenir l’économie la tête hors de l’eau. Selon l’infime élite au sommet de la société, cela ne peut se faire que par un transfert d’argent du public vers les ‘‘investisseurs’’ privés et, plus généralement, des pauvres vers les riches. Les banquiers et les spéculateurs reçoivent des milliards. Les entreprises, les plus grandes en premier lieu, profitent de régimes fiscaux qui leur sont très favorables. Les dividendes aux actionnaires restent des plus généreux tandis que les dirigeants d’entreprises perçoivent des sommes gigantesques avec leurs salaires et leurs bonus et que l’argent noir ou gris se réfugie dans des paradis fiscaux exotiques. Cela n’empêche pas le président du SP.a Bruno Tobback d’ouvertement appeler à l’abaissement des coûts salariaux le premier mai.
Cette orientation politique nous est enfoncée dans le crâne à l’aide d’une énorme offensive de propagande de la part des médias dominants, qu’ils soient privés ou publics. On nous inculque un sentiment d’impuissance. Que peut donc bien faire un petit pays comme la Belgique contre une tendance internationale ? Un changement ne serait possible qu’au niveau européen alors que l’Union et ses institutions se trouvent à la tête de la machine européenne de casse sociale. La résistance est présente, en masse même, mais elle reste malheureusement trop souvent symbolique et surtout dispersée. Cela offre l’espace à la politique de diviser pour régner, une pratique habilement exploitée par toutes sortes de formations de droite nationalistes et/ou populistes favorables à une politique antisociale encore plus dure.
Tous les partis traditionnels défendent la pensée unique néolibérale
Le sommet de cette société et ses porte-paroles affirment que la politique d’austérité, la réduction de la dette publique et le démantèlement de la protection sociale sont des nécessités objectives, qu’il s’agit d’une technique, si pas d’une vérité scientifique, incontournable. La politique des institutions européennes et des politiciens de droite ne serait donc plus un choix politique, mais une nécessité afin d’affronter un monde en mutation. Quant à ceux qui ne veulent pas tout abandonner, ils sont dérivés vers le ‘‘moindre mal’’, vers des partis et politiciens ‘‘de gauche’’ qui veulent atteindre les mêmes objectifs, non pas par une confrontation ouverte comme le veulent leurs homologues de la droite officielle, mais cachés derrière l’écran de fumée du dialogue social.
Le gouvernement va probablement chercher à reporter de nouvelles mesures sévères à après les élections de 2014. Le PS fait à nouveau appel à l’Action Commune Socialiste, le SP.a parle de lutte contre la fraude fiscale et de coopératives d’achat, le sommet du CD&V a fait de nouveau place à trois dirigeants de l’ACW, le Mouvement Ouvrier Chrétien flamand, et Ecolo parle d’éco-keynésianisme. Ils espèrent tous ainsi reconquérir une partie de leur électorat. Mais il ne s’agit que de rhétorique électorale. Il n’est même pas certain qu’ils réussissent à maintenir cette orientation jusqu’au jour des élections. La FEB et les autres organisations patronales, la Commission européenne et les politiciens de droite exercent une pression croissante. La fermeture d’une grande entreprise peut toujours venir s’imposer dans l’actualité. De plus, les dossiers en sursis du statut unique, de la loi de financement et du budget 2014 vont devoir être conclus parallèlement.
Il est toutefois certain que la politique d’austérité montera sérieusement d’un cran après la tenue des élections. Avec la N-VA – qui voudra faire sentir la ‘‘force du changement’’ – mais même sans elle pour lui couper l’herbe sous le pied si les trois familles politiques historiques au moins parviennent encore à concocter une majorité. Maintenant déjà, dans certaines régionales et centrales syndicales, les liens entre les syndicats et les partis traditionnels sont mis sous pression. Après les élections, cette pression augmentera encore. Ce n’est pas pour rien qu’a retenti de Charleroi, le 27 avril dernier, un appel pour la construction d’un nouveau relais politique de la part de la régionale de la FGTB Charleroi Sud-Hainaut et de la centrale des employés de la CSC, la CNE. Le PSL plaide depuis déjà plusieurs années pour la constitution d’un nouveau parti des travailleurs réunissant tous ceux qui veulent lutter contre la politique d’austérité. Nous savons toutefois que le PTB ne rejoint pas cette position, et au vu du poids qui est le sien dans ce débat, nous voulons faire une proposition concrète tenant compte de cette réticence.
Une forte voix politique pour la résistance est nécessaire
L’absence totale d’un débat public concernant une véritable alternative est un important facteur qui sape la résistance à l’austérité. Même de nombreuses victimes de la casse sociale répètent elles-mêmes que nous avons à travailler plus longtemps et que le coût du travail est trop élevé. L’expérience concrète a démontré que les parlements ne sont pas des instruments pour le changement social, que toutes les grandes réalisations du mouvement des travailleurs ont été le résultat de la lutte sociale. Mais des élus peuvent toutefois, malgré nombre de limitations, représenter un important porte-voix pour l’action sociale. Un ou quelques élus capables de faire entendre un autre son de cloche peuvent nourrir l’intérêt pour les idées de gauche, la conscience de classe, servir d’outils pour renforcer la lutte sociale et opposer une société basée sur la solidarité à celle basée sur la concurrence. Le PSL a d’importants désaccords avec le PTB, non seulement concernant des expériences historiques mais également concernant l’analyse de l’actualité, les tactiques requises et le programme qui en découle. Nous connaissons le programme du PTB et serions grandement surpris si l’inverse n’était pas également vrai. Nous pensons pourtant que le PTB est le mieux placé pour partiellement exploiter l’espace existant à gauche. Sans vouloir minimiser des années d’engagement militant et l’implantation dans un certain nombre de quartiers et d’entreprises, la réorientation du PTB vers une plus grande ouverture est un facteur important dans la croissance de ce parti en termes d’adhésions et d’électeurs. Beaucoup de nouveaux membres et d’électeurs veulent encourager et approfondir ce développement tandis que d’autres attendent de voir si cette tendance se poursuit. Ce n’est pas une question de peu d’importance. En politique, il n’y a pas automatiquement de seconde occasion. Laisser passer un moment important peut signifier attendre des années avant qu’une nouvelle occasion ne se présente.
Mais ce qui est vrai pour le PTB, est également vrai pour d’autres formations de gauche. En se serrant les coudes sous un projet commun, elles peuvent aider à surmonter les difficultés vers un premier parlementaire élu sur une liste de gauche. Elles aideraient ainsi non seulement le PTB, mais aussi toute la gauche et le mouvement des travailleurs dans son ensemble. Rater cette occasion ne concernerait pas que le PTB, mais aussi chaque composante de la gauche et du mouvement des travailleurs dans son ensemble. Nous comprenons que le PTB ne veuille pas être le dindon de la farce, ni se lancer dans une aventure et désire préserver son nom. Mais il existe à côté du PTB de nombreux militants organisés ou non qui disposent eux aussi d’une implantation non négligeable. Nous pensons qu’aucune autre formation politique ne peut légitimement prétendre à ce que son nom figure aux côtés de celui du PTB sur une liste. Mais il ne serait pas non plus acceptable que ces formations se voient réduites au simple signe ‘‘+’’.
Par conséquent, nous lançons la proposition suivante : des listes sous le nom ‘‘PTB – Unité’’ ou ‘‘PTB + Unité’’ ou quelque chose de semblable. La liberté pour chaque composante de diffuser son matériel politique en son nom propre et d’expliquer sa participation à ces listes. Une composition des listes de candidats qui permette à chaque composante d’être motivée pour effectuer une campagne dynamique. Des consultations régulières au niveau national et local afin de ne pas se marcher sur les pieds les uns les autres. Nous pensons qu’il s’agit d’une proposition raisonnable qui mérite au moins d’être discutée.
Salutations fraternelles,
Le Bureau Exécutif du PSL/LSP
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