Émeutes dans la banlieue ouvrière de Stockholm : Le néolibéralisme et la violence policière ont créé une bombe à retardement sociale

Husby, une banlieue ouvrière de Stockholm, a connu ces derniers jours des troubles généralisés qui ont attiré l’attention du monde entier. Certaines soirées et nuits, un grand nombre de voitures ont été brulées, des actes de vandalismes et des jets de pierres ont été perpétrés, impulsés par une intervention brutale des forces de police équipées contre les émeutes.

Rättvisepartiet Socialisterna (CIO-Suède)

Le mercredi 22 mai, Rättvisepartiet Socialisterna (la section sœur du PSL en Suède) a lancé un mouvement de protestation, à travers un réseau local, avec 500 personnes rassemblées sur la place d’Husby. Ce rassemblement a expliqué les origines de ces émeutes – les politiques de droite attaquent les conditions de vie et les services publics dans la région – en critiquant la police et en précisant que le vandalisme n’était pas la bonne voie à adopter.

Répandu sur Stockholm

Lors de la manifestation de Husby le mercredi, Arne Johansson, rédacteur en chef d’Offensiv (l’hebdomadaire de Rättvisepartiet Socialisterna) et habitant de Husby, était le pricnipal orateur.

Enzo Costa, Rättvisepartiet Socialisterna, orateur lors de la manifestation de Husby

Banderole de Rättvisepartiet Socialisterna : "Stop à la violence policière – pour une enquête indépendante"

“Ces événements sont une alarme politique. Ce dont Hammarkullen et d’autres quartiers ont besoin, c’est de bons emplois pour tous, d’un enseignement de qualité et gratuit et de logements abordables”, a déclaré Kristofer Lundberg, Rättvisepartiet Socialisterna – Gothenburg, lors de la manifestation qui y a pris place.

Les émeutes ont débuté dans la nuit du 20 mai. Depuis lors, les voitures incendiées, les actes de vandalisme dans les centres commerciaux et les attaques contre les postes de police se sont propagés dans d’autres banlieues de Stockholm. Ces zones, construites dans les années ‘70 et abritant majoritairement des travailleurs précaires dont une forte proportion d’immigrés, sont depuis longtemps attaquées par les politiques néolibérales et cela dans tous les domaines – chômage, coupes sur les allocations de chômage, pénuries de logement, privatisation des écoles et coupes budgétaires constantes dans les services publics locaux.

A Husby, le centre de santé public a été fermé et remplacé par un centre privé plus petit. Les écoles et les centres de jeunes, entre autres, ont été fermés. Les jeunes ont été particulièrement touchés par ces mesures. 570 jeunes âgés de 20 à 25 ans (38% !) n’ont ni emploi ni études à Husby.

Le fossé de la pauvreté s’élargit

Un rapport récent de l’OCDE a montré que la Suède avait le plus rapide taux de croissance du fossé qui existe entre les riches et les pauvres. Elle est passée de la première place sur l’échelle de ‘‘l’égalité’’ à la 14ème place (sur les 34 pays que compte l’OCDE). Les résultats des écoles suédoises ont également chuté, passant des meilleures moyennes vers des résultats moyens ou inférieures à la moyenne.

Ce qui a déclenché les évènements dramatiques de cette semaine est sans aucun doute l’intervention policière et le tir mortel sur un homme de 69 ans qui semblait être à l’origine d’une certaine agitation dans sa propre maison lundi dernier.

Cette situation a soulevé de vives critiques et la colère chez beaucoup d’habitants, notamment chez les jeunes qui expérimentent souvent la brutalité et le harcèlement policiers. ‘‘Une chose comme celle-là n’arriverait jamais dans les quartiers riches’’ est un sentiment très répandu à Husby.

Une organisation locale jeune, les Megafonen, ont organisé une petite manifestation revendiquant une enquête indépendante concernant le tir de la police ainsi que des excuses publiques pour les proches de la victime et les résidents locaux. Rättvisepartiet Socialisterna a pris part à cette manifestation et a appuyé ces revendications en y ajoutant l’exigence du contrôle démocratique sur la police.

Lorsque les violences ont éclaté dimanche soir, la police est intervenue brutalement en proférant des insultes racistes contre les jeunes et les habitants. Des témoins crédibles affirment que la violence ne s’est intensifiée qu’après le moment ou un chien policier ait attaqué une mère venue pour éloigner son fils de 14 ans des lieux. Les habitants adultes ont également été sujets à des coups de matraques et des coups de poing dans le visage de la part des policiers. Ils ont également été victimes d’un flot d’insultes et à des termes tels que ‘‘singes’’, ‘‘imbéciles’’, ‘‘blackies’’,…

Accuser les immigrés

Les médias traditionnels et les politiciens ont rapidement condamné les émeutes. Le premier ministre, Fredrik Reinfeldt a souligné que les habitants de Husby devaient apprendre les règles ‘‘suédoises’’, ce qui sous-entend que ce sont les immigrés qui sont à l’origine des violences. Le chef du sous-conseil local, un conservateur, a déclaré que les habitants de Husby ne devaient être que reconnaissants et a qualifié ses jeunes de ‘‘voyous’’.

Les médias en général n’ont aucun lien avec ces zones et ne peuvent comprendre ce qui s’y déroule. Bien sur, la population d’Husby est aussi apeurée, en colère et frustrée concernant les incendies de voitures. Tout en expliquant les origines politiques des émeutes, les militants marxistes doivent prendre positions.

Lundi, dans la première déclaration de Rättvisepartiet Socialisterna sur ces évènements, nous écrivions : ‘‘Bien que beaucoup peuvent considérer le vandalisme comme une forme de protestation, c’est malheureusement complètement erronée, destructeur et diviseur pour la population locale. Beaucoup de ceux qui ont vu leur pizzeria vandalisée, leur voiture brulée et les 50 personnes qui ont été contraintes d’évacuer un garage en feu sont maintenant susceptibles de revendiquer simplement plus de police.’’

Nous avons également expliqué qu’il est faux d’espérer que les simples protestations spontanées pourront transmettre un message qui pourrait inciter les dirigeants à faire des concessions.

Les luttes de Husby

Lors de la manifestation à Husby mercredi, Arne Johansson, rédacteur en chef de Offensiv (l’hebdomadaire de Rättvisepartiet Socialisterna) et habitant d’Husby, était le principal orateur. Il a condamné la brutalité policière et a ajouté ‘‘La solution n’est pas de brûler les voitures des autres. Ce qui est nécessaire, c’est une lutte unifiée contre le gouvernement et le conseil communal. Nous avons toujours eu un esprit de solidarité à Husby, un sentiment de fierté vis à vis de notre quartier. Nous sommes habitués à lutter ensemble pour ce que nous voulons.’’

Dans les faits, jusqu’à ces derniers jours, Husby a été relativement épargné par les incendies de voitures et le vandalisme. Une des raisons qui permet de comprendre cette situation est qu’il y a eu beaucoup de luttes locales à Husby.

Les habitants d’Husby ont une longue tradition de luttes pour leurs intérêts, dans lesquelles Rättvisepartiet Socialisterna a joué un rôle prépondérant. Un plan du conseil communal pour la démolition de maisons, leur restauration luxueuse et une hausse de 70% de leurs loyers a été repoussé par la lutte en 2007-2008. La même localité (Järvas Framtid) s’est également battu et est sorti victorieux d’une lutte contre la privatisation de la piscine publique et contre un plan local de changement routier qui aurait été dangereux pour les piétons. D’autres luttes, comme celle contre la fermeture du centre de santé, ont été perdues, mais ont donné à la population impliquée une expérience certaine de l’activisme et du combat collectif.

Lors de la manifestation de rue, la population locale a été encouragée à parler et tout le monde fut invité à d’autres meetings et manifestations de campagne.

Rättvisepartiet Socialisterna soutient les revendications mises en avant par le réseau local de la campagne :

  • Une enquête indépendante et des excuses de la police – avec la fin de la brutalité policière et l’utilisation de méthodes militaire !
  • Une action immédiate pour des emplois et des formations pour tous les jeunes – Un emploi pour tous !
  • Une réhabilitation des services publics et la rénovation des logements sociaux sous nos conditions – la fin des privatisations et des coupes budgétaires !

Rättvisepartiet Socialisterna milite pour unir les luttes entre elles et pour la création d’un nouveau parti des travailleurs combatif qui soit le prolongement des luttes de la classe des travailleurs, armé d’un programme socialiste en réponse aux politiques de droite actuelles.

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